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Motion de censure contre le premier ministre Matata, la RDC malade de sa classe politique

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ParlementairesLa motion de censure de l’honorable Baudouin Mayo de l’UNC de Vital Kamerhe contre le premier ministre Augustin Matata Ponyo a été l’occasion de jauger  une fois de plus de la moralité de la classe politique rd-congolaise. Quand on dit que la RD-Congo est malade de sa classe politique, on ne dit pas des bêtises. Au contraire, on touche au nœud du problème qui mine la RD-Congo depuis des décennies.

Au regard du spectacle offert hier à l’opinion nationale et internationale par les « honorables » députés, qui se sont caractérisés par une versatilité et une légèreté dans la gestion de la res publica, on peut affirmer sans crainte que la RD-Congo à les politiciens les plus véreux de la planète Terre. Ces derniers ne sont guidés que par le lucre et les avantages personnels qu’ils peuvent tirer de leur position de députés. Sinon comment expliquer que les députés signataires de la motion en âme et conscience, se soient soudainement comme par enchantement à commencer les uns après les autres à retirer leurs signatures au bas de la motion Mayo. Si bien que celle-ci qui avait déjà recueilli 137 signatures n’en comptait plus que 95, largement en deçà du  nombre de signatures requise par la Constitution pour inquiéter le premier ministre et son gouvernement.

Les députés de la Majorité ont poussé le bouchon de l’inconscience trop loin. Ils ont pris le peuple congolais pour stupide en invoquant pour la plupart comme motif du retrait de leur signatures sur la motion « des convenances personnelles ». Que cache ce motif évoqué par la majorité d’entre eux si ce n’est l’argent qu’ils auraient reçu si l’on en croit les déclarations du député Fabrice Mpuela. En effet aussitôt  mue, la motion Mayo a connu beaucoup des problèmes car la Majorité se sentant en danger s’en était référer à son autorité morale, Joseph Kabila, qui avait dit qu’il n’était pas question qu’une motion  de censure, de surcroit de l’Opposition, puisse faire tomber un gouvernement de la Majorité. Kabila pour avoir le cœur net sur ses orientations avait convoqué le dimanche dernier, soit un jour avant l’examen de la motion par la plénière de l’Assemblée nationale, les principaux  leaders de  sa famille présidentielle à sa ferme de Kingakati situé dans le Bandundu mais non loin de la capitale. Là bas ses ouailles ont suivi docilement la prédication. « Le pasteur » Joseph Kabila a même employé un ton martial pour dire à ses « fidèles » de la Majorité que c’est son ordonnance à lui qui a désigné Matata à la primature et partant il n’est pas question qu’on fasse partir son premier ministre par une motion de censure. Pris de panique, après ses paroles de leur « autorité morale », les députés de la Majorité ont commencé un à un, pour ceux qui ne s’étaient pas déjà exécutés, à retirer leurs paraphes au bas de la motion du Kamerhiste Mayo Mambeke.

Le retrait des signatures des députés de la Majorité présidentielle peut être compréhensible surtout que dans l’opinion, ils passent pour des gens de petites vertues. Mais ce qui est aussi choquant dans cette affaire, c’est le fait que certains députés de l’Opposition, censés incarnés la vertu, ont aussi procédé au retrait de leurs signatures. Triste spectacle émanant de certains « opposants » manipulés par le pouvoir. Exaspéré le député MLC Germain Kambinga a paraphrasé Etienne Tshisekedi en disant que le président de l’UDPS avait signé déjà l’acte de décès de l’Assemblée nationale mais que les députés eux-mêmes par leur comportement indigne en ont signé l’acte d’inhumation. Plus grave encore d’autres parlementaires ont justifié leur retrait par le fait qu’il n’avait pas lu la motion de censure, à peine croyable, quand on connait la valeur d’une signature. A l’évidence, le spectacle offert hier par les députés de la Majorité et certains de l’Opposition, prouve bien que la RD-Congo à l’une des classe politique les plus médiocres au monde si pas simplement la plus médiocre. De tous les députés présents hier dans l’Hémicycle, un seul se souviendra de l’humiliation qu’il a subie. Evarist Boshab Mabudj Mabileng, Secrétaire général du PPRD, a été abondamment conspué lorsqu’il avait pris la parole pour feindre de défendre le premier ministre Matata alors que l’on sait qu’il aimerait bien prendre sa place à la primature.

Boshab a été couvert des quolibets par les députés qui lui lançaient « voler n’est pas bon » un cri qui fait tabac en ce moment à Kinshasa chanté par l’orchestre Zaiko de Nyoka Longo qui lui même s’est inspiré d’un fait divers connu de tous les kinois. Les députés en entonnant le refrain « voler n’est pas bon » à l’endroit de Boshab, faisait allusion à ses nombreuses affaires de corruption et de détournement qui lui colle à la peau. La dernière en date est celle du détournement des indemnités de sortie des députés de la législature passée. Ces députés conduits par le doyen Idambito lui réclament 5millions USD. Bien avant eux, peu à peu après les élections, les fonctionnaires de l’Assemblée nationale lui réclamaient aussi une rondelette somme de 2 millions USD. Un peu plus loin, tout le monde a encore en mémoire l’affaire de 37 millions USD de la SNEL. Boshab n’est pas prêt d’oublier cette séance plénière de l’Assemblée nationale qui l’a complètement mouillé. A l’avenir, il devra se montrer modeste et discret car il traîne des casseroles fort bruyantes. En définitive, le rejet de la motion Mayo par la chambre basse pour irrecevabilité, loin d’être une victoire de Kabila et son camp, reflète une peur bleue qu’à le pouvoir de jauger de sa cohésion dans l’hypothèse d’un vote secret. En effet, pourquoi empêché le débat de fond car la motion du brave député Mayo a posé de questions essentielles sur la gouvernance du pays. Le pouvoir fort de sa majorité au Parlement n’avait rien à craindre en principe d’un éventuel vote à l’issu des débats sur la motion de censure.

Les débats auraient au moins permis au premier ministre de répondre aux critiques formulés que son gouvernement. C’était aussi une occasion en or qu’avait le premier ministre de s’adresser à la population rd-congolaise, en expliquant sa politique dans un cadre solennel. Rien de tout cela n’arrivera car en réalité la Majorité avait peur de la dynamique du vote car sa cohésion n’est pas parfaite, elle n’est maintenue car les avantages financiers et postes dans l’appareil de l’Etat que peut offrir l’autorité morale à ses partisans les plus dévoués. Cette cohésion fragile, car sans réel soubassement idéologique, n’allait peut être pas résister à l’épreuve du vote secret alors les stratèges de la MP ont décidé d’étouffer  dans l’œuf cette belle initiative républicaine. Pour eux tant pis pour la nation seul compte leur intérêt. Pius Mwabilu Mbayo Mukala, député de la Majorité n’a-t-il pas dit hier du haut de la tribune de l’Assemblée nationale que : « Opposition Tokotikela bino pouvoir te, pouvoir eza ya biso» (opposition nous n’allons pas vous laisser le pouvoir, le pouvoir nous appartient). A la majorité c’est la culture du pouvoir pour le pouvoir peu importe la pertinence d’une démarche saine comme la motion de censure qui est une prérogative reconnue à l’assemblée nationale dans sa mission de contrôle. En tous, le spectacle d’hier à la chambre basse n’a fait que confirmer l’idée selon laquelle la RDC, Etat cancre dans le concert des nations (toujours cramponnés à la dernière place), est malade de sa classe politique. C’est elle qui est à la base de ses malheurs.

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