« Nous sommes arrivées sans projet, avec tout à construire, mais avec une liberté immense » , se réjouit la jeune commissaire indépendante Martha Kirszenbaum, choisie par Laure Prouvost pour l’accompagner dans l’aventure du Pavillon français à la 58e Biennale de Venise, en 2019. En mai, l’artiste était choisie pour représenter la France selon un mode de nomination classique, après deux éditions issues d’appels à projets où les artistes candidataient avec des propositions clés en main – note d’intention, commissaire et mécènes.
C’est « pour offrir une visibilité à son travail et attirer les mécènes » qu’est présentée au Studio des Acacias, à Paris, l’exposition de Laure Prouvost You Are My Petrol, My Drive, My Dream, My Exhaust , explique le fondateur de cet espace, Paul-Emmanuel Reiffers, président de Mazarine Groupe et mécène du projet vénitien. Projet dont la commissaire détaille un financement partagé, en termes de production, entre « un tiers de fonds publics, à hauteur de 300 000 euros apportés par l’Institut français, et deux tiers de mécénat » .
Martha Kirszenbaum, commissaire indépendante : « Laure a 40 ans, moi 35, et cette question de génération n’est pas anodine »
« On a finalement peu vu son travail en France » , relève Martha Kirszenbaum. La première exposition personnelle de l’artiste dans une institution parisienne se tenait cet été au Palais de Tokyo au sein de la saison « Enfance », où culminait une joyeuse fontaine de seins monumentaux aux tétons jaillissants. « C’était une exposition intime. A Venise, ce sera plus ouvert sur le monde, sous la forme d’un road-trip jusqu’à la Biennale » , annonce l’énergique trentenaire, qui révèle les grandes lignes du projet.
« Nous allons représenter la France, alors que nous sommes deux outsiders, et c’est une donnée qui nous intéresse pour Venise. Laure n’a jamais vécu à Paris : elle a grandi près de Roubaix,…