A Sao Paulo, à Rio de Janeiro et dans la plupart des grandes villes du pays, à l’exception de la région du Nordeste, les résultats ont été salués de cris de joie, de coups de klaxons et de feux d’artifice lancés par une foule en liesse, vêtue de tee-shirts jaune et vert, couleurs du Brésil. Célébrations spontanées fêtant la victoire de Jair Bolsonaro, 63 ans : le candidat d’extrême droite, nostalgique de la dictature (1964-1985) et louangeur de tortionnaires a été élu, dimanche 28 octobre, président du géant d’Amérique latine avec 55 % des voix contre 45 % en faveur de son adversaire, Fernando Haddad, du Parti des travailleurs (PT, gauche).
« Nous avons accompli la mission de sauver le Brésil », a lancé le militaire de réserve dans une vidéo retransmise sur Facebook depuis sa résidence de Rio de Janeiro, rappelant une campagne en faveur de « l’homme, de la femme, des enfants et de la Bible sacrée » .
Promettant de respecter la Constitution, le président élu, qui prendra ses fonctions le 1er janvier, s’est ensuite attaqué à ses ennemis traditionnels : « le communisme, le socialisme et l’extrémisme ». Puis, après une séance de prière avec le pasteur évangélique Magno Malta, il a remercié Dieu d’être encore en vie, après l’attaque au couteau qu’il a subie le 6 septembre. S’imaginant un destin divin, il a alors conclu son discours d’une antienne : « Le Brésil au-dessus de tout et Dieu au-dessus de tous. »
Phénomène social
Considéré comme un choix nihiliste, le vote en faveur de Jair Bolsonaro exprime la colère d’un pays avide d’ordre et de changement. Voyant grimper la popularité de celui qui n’était encore qu’un député provocateur, raciste, homophobe et misogyne, le politologue André Singer s’interrogeait dès le mois de septembre 2016 dans la revue Piaui : « Que signifie cette option Bolsonaro ? Un anti-pétisme [sentiment contre le PT] radical ? Un appui au retour des militaires ?…