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par Raymond LUAULA
Kinshasa a réagi vigoureusement ce mardi 13 juillet à la polémique suscitée en Belgique par les bijoux en diamant offerts à la reine Paola en marge du cinquantenaire de l’indépendance du Congo à démocratiser. Ce, à travers une très longue communication faite, comme on pouvait s’y attendre, par Lambert Mende Omalanga, ministre Kabila de l’information.
Avec le zèle qu’on lui connait, Mende Omalanga a dit tout le mal que Kabila et son gouvernement pensent des critiques de leur gestion par les Belges au point même d’oublier qu’Albert II de Belgique était le seul chef d’Etat de l’Occident à avoir fait le déplacement de Kinshasa fin juin dernier pour leur témoigner respect et amitié.
Parce que la meilleure défense c’est l’attaque, le gouvernement de Kabila a choisi d’administrer le direct à l’estomac destiné à couper le souffle au gouvernement Belge.
Sans aller par le dos de la cuillère, Mende rappelle que la Belgique reste redevable du Congo pour l’uranium de Shinkolobwe qui, vendu par la Belgique aux Etats-Unis, dans les années 40, avait permis la victoire des Alliés. La contrepartie n’a jamais été rendue au Congo. Kabila Kabange,à travers Lambert Mende, ne s’arrête pas en si bon chemin. Comme Mobutu chaque fois que ses relations avec Bruxelles étaient exécrables, Kabila sort ses griffes et exhume lui aussi le contentieux belgo-congolais qui, selon Kinshasa, hypothèque le développement du Congo à démocratiser.
Cette fois-ci, la Belgique est bien servie. Et Mende lâche une suite d’accusations en rappelant que le pouvoir colonial belge a piégé la décolonisation économique du pays. Le ministre Kabila de l’Information enfonce le clou quand il évoque le préjudice subi par le Congo du fait de la séparation nette entre le budget de la colonie et celui de la métropole en 1960, voire des trésors culturels du Congo stockés sans espoir de retour à Tervuren.
Familier de la polémique, Mende Omalanga reconnait même quelque mérite à Mobutu Sese Seko quand il signale que la quasi-totalité des dirigeants congolais ( Lumumba, Mobutu, Laurent-Désiré Kabila) ont fait les frais de l’hostilité des anciens colonisateurs.
En rapport avec les bijoux en diamants qui ont servi de prétexte à la sortie médiatique du gouvernement de Kinshasa, Mende note que les diamants de sang ne se trouvent pas à Kinshasa et que si traçabilité il y a, on peut aisément en suivre le sillon meurtrier jusqu’à des niches en Belgique.
Certainement inspiré par le gouvernement français qui vient de décider d’allouer aux anciens combattants africains ayant combattu pour la France en 40-45 la même pension que leurs compagnons d’armes français, Mende s’étonne que la Belgique qui semble s’apitoyer sur le sort des Congolais rechigne à rémunérer les anciens combattants congolais qui ont versé leur sang pour la Belgique.
Face à autant d’accusations, la Belgique officielle semble avoir perdu la voix. Du moins jusque là! Exceptée cette réaction épidermique de Charles Michel, ministre belge de la Coopération, qui a déclaré que la réaction de Mende ( il s’agit en fait d’une déclaration du gouvernement de Kabila) est extrêmement inadéquate. Sans répondre sur le fond, Michel exige, lui aussi, du respect pour sa Belgique. Pour un membre d’un parti dont le slogan aux législatives anticipées de juin 2010 était “la garantie du respect”, on aurait bien voulu savoir ce que signifie ce ” respect” au regard des résultats peu flatteurs du Mouvement réformateur. Soit!
A Congoone, on est d’avis que la Belgique officielle et la Belgique francophone singulièrement récoltent ce qu’ils ont semé. Après avoir porté à bout de bras un Kabila présenté comme l’espoir du Congo, voilà le fiston qui sort les dents et il en a très longues. Tant mieux pour cette Belgique là qui a tourné le dos à l’opposition démocratique pour soutenir les seigneurs de guerre en exigeant d’ailleurs qu’au Dialogue intercongolais de Sun City le pouvoir soir l’apanage de ceux qui ont versé le sang des Congolais. Les élections dites très démocratiques de 2006 ont été organisées dans le même esprit.
On se rappellera d’ailleurs que quand Karel de Gucht dénonçait la navigation à vue du gouvernement congolais, il se trouvait des politiques belges, connus de tous, pour défendre la “jeune démocratie” congolaise et le jeune président.
A la vérité, le coup de gueule du gouvernement de Kabila ne vise nullement à relancer le dossier du contentieux belgo-congolais, ni à exiger une quelonque réparation du fait colonial. Comme Mobutu, Kabila conseillé par des Mobutistes, monte juste les enchères pour contraindre les Belges à s’interdire trop de critiques sur sa gestion du pays.
La sortie médiatique de Mende reste une tempête dans un verre d’eau. C’est donc aux Congolais de s’assumer pour doter leur pays d’un véritable leadership patriotique capable de les sortir du kabisme, synonyme de régression, pas même d’immobilisme.
L’escalade verbale entre Bruxelles et Kinshasa est une distraction dont les Congolais doivent se méfier, surtout que les joueurs et leur jeu sont connus.