La mort politique de Theresa May a été faussement annoncée tant de fois et la situation politique britannique née du Brexit s’avère si délétère, que prédire aujourd’hui l’avenir de la première ministre relève davantage de la roulette russe que de l’analyse politique. Une fois de plus, à la veille de l’ouverture, dimanche 30 septembre, du congrès du Parti conservateur à Birmingham, les caricaturistes s’en donnent à cœur joie. Celui du Guardian la représente en zombie drapé dans l’Union Jack s’élançant dans le vide depuis une falaise de Douvres. Même celui du conservateur Spectator est sans appel : une vieille femme ridée, hagarde et seule derrière un rideau de Downing Street coiffant un titre implacable : « Toute seule » .
Le congrès des tories avait été calibré pour servir de tremplin à Mme May avant le dernier round des négociations de sortie de l’UE et le sommet européen des 18 et 19 octobre. Le ciel semblait enfin lui sourire : Boris Johnson et ses amis partisans d’une rupture nette avec l’UE s’étaient montrés incapables de formuler des propositions crédibles. A Salzbourg, le 20 septembre, elle pensait recevoir l’onction des Vingt-Sept pour son « plan de Chequers », laborieux compromis négocié avec les différentes factions de son gouvernement. Un niet lui a été signifié, car le plan aurait conféré un avantage compétitif à Londres.
Posture de la dirigeante outragée
Depuis lors, droite dans ses escarpins léopard, elle adopte la posture de la dirigeante outragée par l’UE, résistant à Bruxelles, maintenant son « plan Brexit » au nom de la souveraineté nationale. A priori plutôt une bonne façon d’aborder le congrès des tories que le mot « Bruxelles » suffit à mettre en transe. En réalité, Theresa May n’a jamais été aussi isolée, à la fois dans l’UE et dans son pays. Même de proches alliés comme le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, ont admis que le Brexit ne pouvait pas s’opérer au détriment…