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Demeurer un peuple debout


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 Par Jean Pierre Mbelu
 
Demeurer un peuple debout
(Lignes maîtresses de la conférence donnée aux Pays-Bas le 18 février 2012)
 
Jean Pierre Mbelu

– Demeurer un peuple debout  à travers des actions concrètes concertées, étudiées et bien planifiées pour un  vivre-ensemble alternatif chez nous devrait être un objectif permanent de notre lutte collective. Une lutte créant son temps et au cours de laquelle le relais est régulièrement passé aux plus jeunes œuvrant au sein des minorités pensantes et agissantes. Pour durer, il faut agir, créer, résister. Il faut aussi savoir. Savoir est un pouvoir. Kazanga koyeba, ezali liwa ya mobimba.

 
 
Se mettre debout spontanément pour lutter tel que nous le faisons depuis tout un temps est possible. Le plus dur est de durer.  L’enthousiasme du début a toujours servi les grands mouvements de Résistance. Il devient une véritable « arme de destruction massive » quand il est transformé en la militance par les minorités pensantes et agissantes. Et une bonne militance se maintient à travers une organisation planifiée sur le court, moyen et long terme.
En effet, pour durer dans notre lutte d’émancipation des politiques esclavagistes et néocoloniales,  nous avons besoin de faire le point régulièrement ; de mener une évaluation autour des stratégies mises  en commun  sur pied, des tactiques, des moyens et des méthodes utilisés. Tournés de plus en plus vers des actions concrètes à impact direct, nous courrons le risque de devenir  des jouets entre les mains des « cosmocrates » habitués à la planification et l’évaluation. En effet, nous ne le  dirons jamais assez, nous ne luttons pas seulement contre les forces du jour, contre  les marionnettes visibles. Nous luttons aussi contre les forces de la nuit et de la mort, contre « les gouvernements de l’ombre », contre ceux que l’un d’entre nous a nommé sur Internet les baloki ya Congo. (Il le disait  à travers une vidéo où il indiquait les dénominations des multinationales pillant notre pays. Certaines d’entre elles sont citées par Noir Canada. Un livre téléchargeable aujourd’hui sur Internet.)
Bref, pour durer dans notre lutte commune et collective, nous avons besoin de la planifier.
Une planification  accompagnée d’une évaluation permanente pourrait par exemple nous questionner sur le nombre des méthodes auquel nous avons recours tout au long de notre lutte et sur leur  réel impact. La planification peut  aider à la création de notre propre temps ; le temps de notre propre victoire. Un temps qui ne soit pas celui qui ont choisi de vendre le terre de nos ancêtres aux enchères.
Une planification portée par des minorités pensantes et agissantes aide à identifier les adversaires en face et les armes qu’ils utilisent pour casser la dynamique en mouvement.
Concrètement, nous pouvons avouer que nos marches et nos sit-in ont produit quelques fruits palpables : notre unité s’est consolidée, nos enfants nous ont rejoints dans la rue et sont prêts à porter le flambeau de la lutte, des contacts avec certains décideurs ont pris et notre cause est plaidée dans certains forums mondiaux sérieux, des amis nous accompagnent et luttent à nos côtés,  nous avons identifié les acteurs majeurs et mineurs de notre descente en enfer, etc.
Mais serait-il possible d’aller un peu plus loin ? Nous est-il possible d’initier des institutions et des organisations qui soutiennent notre peuple sur place au pays pour qu’il évite d’être pris en otage par « les petites mains du capital » ? (A travers certains pays du monde, les minorités pensantes et agissantes ont organisé des services sociaux de soutien à leurs populations. Ce faisant, elles les ont aidées à rejoindre les rangs de la lutte.)
A ce point nommé, chacun de nous, individuellement, fait quelque chose pour les siens restés au pays. Mais, c’est insuffisant. Nous avons besoin de mener des actions concertées pour des réalisations collectives sur place au pays.
Echangeant avec un ami resté au pays sur  notre lutte commune, voilà ce qu’il nous a dit : « Dans notre combat qui est un combat de libération il y a deux volets : le volet négatif qui consiste à détruire un système et le volet positif qui consiste à mettre en place un nouveau système… or, ce nouveau système, il faut le penser, il faut le créer… on ne peut commencer à détruire le vieux système si l’on n’a pas déjà quelque part le nouveau système alternatif au risque de reproduire l’ancien système en croyant faire du neuf .»    Nos réalisations collectives concrètes serviraient à remettre en place, petit à petit, un système alternatif.  Elles pourraient aussi être les lieux de la réfection du capital-confiance dont nous avons immensément besoin pour réinventer le Congo.
Disons que dans nos efforts de planification, il est important de créer une synergie avec les forces du changement opérant  sur place au pays. Ici, une institution comme l’Eglise catholique peut être une alliée de taille. Surtout à travers le Conseil pour l’apostolat des laïcs catholiques Congolais (CALCC en sigle). C’est ce Conseil qui a organisé la marche du 16 février. Nous devrions comprendre l’urgence qu’il y a à créer un Collectif International des Congolais soudés autour de certaines célébrations historiques à des dates précises. Un pareil collectif partirait de ce qui existe déjà. Il porterait notre lutte sur le court, le moyen et le long terme.
 
J.-P. Mbelu
 
Pour approfondir les questions débattues, voici quelques livres  à lire :
 
J. K-KIZERBO, A quand l’Afrique ? Entretiens avec René Holenstein, Paris, L’aube, 2003.
JAKC GOODY, Le vol de l’histoire. Comment l’Europe a imposé le récit de son passé au reste du monde, Paris, Gallimard, 2006.
N. CHOMSKY, Les Etats manqués. Abus de puissance et déficit démocratique, Paris, Fayard,  2006.
N. CHOMSHY, Deux heures de lucidités. Entretiens avec Denis Robert et Weronila Zarachowicz, Paris, Les arènes, 2001.
A. BADIOU, Le réveil de l’histoire, Paris, Lignes, 2011.
 
P. PEAN, La République des mallettes. Enquête sur la principauté française de non-droit, Paris, Fayard, 2001.
P. PEAN, Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2010.
 
Le facebook les amis de jean pierre mbelu peut aussi être consulté