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DÉPÊCHE : LES CES CINQ PAYS SUBSAHARIENS CANDIDATS À L’ÉMERGENCE.

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Par Francis Konan

Les rares pays d’Afrique admis dans le groupe des « émergents » étaient l’« Egypte » et l’« Afrique du Sud ». Aujourd’hui les choses semblent avoir changé, à tel point que l’on parle de « PEAS (Pays émergents d’Afrique au Sud du Sahara) ». Qui sont-ils ? 

Malgré les différentes crises qui ont secouées le continent, les « PEAS » ont réussi à maintenir une croissance économique sur une longue période. En moyenne sur les dix dernières années, ces pays ont connu une croissance de leur « PIB » réel aux alentours des 5%. Cette croissance économique stable a été rendue possible grâce à un influx d’investissements étrangers. Selon la théorie économique, l’apport excessif des Investissements directs étrangers aurait dû déstabiliser ces économies. Ce n’est pas le cas. Tout en étant en état de « surchauffe », les « PEAS » ont su maitriser l’inflation et stabiliser la dynamique de leur taux de change. Un instrument qui a contribué au succès de ces pays est l’existence d’un marché local ayant un revenu potentiel assez important. La théorie du cercle vicieux de la pauvreté (induite par la faiblesse des revenu/épargne) pourrait être rangée aux oubliettes. La faiblesse concurrentielle des coûts de production, particulièrement de celui de la main-d’œuvre, est le facteur qui a attiré beaucoup d’investisseurs vers ces pays. Croyez moi, ils auront encore de la visite, surtout quand, du côté de la Chine, les salaires sont en train de grimper. L’existence d’une infrastructure de production est aussi un des éléments à la base de l’envolée économique des « PEAS (Pays émergents d’Afrique au Sud du Sahara) ». Il est aussi important de noter que la croissance économique des « PEAS » a su avoir des retombées sur la qualité de la vie des populations de ces pays qui ont vu une amélioration du niveau de vie.

LONGUE PÉRIODE DE STABILITÉ POLITIQUE

 Pour beaucoup de spécialistes, la stabilité politique est la condition sine qua non pour parler du concept de pays émergents. Rien ne sert de connaitre une hausse de la croissance économique si demain une bande de rebelles peut renverser le pouvoir en place, ou un gouvernement mandaté par le peuple se transformer en dictature. Au sein des « PEAS », on constate une certaine stabilité des institutions politiques, concrétisée par une absence de conflits armés au niveau local.

Sur la base de ces deux critères, voici les cinq premiers pays émergents non producteurs de pétrole d’Afrique au sud de Sahara :

 I. LA TANZANIE

 Ce pays n’est plus la risée des économistes de développement. Je me rappelle encore quand ce pays était mentionné comme exemple de l’inefficacité de l’aide internationale. On disait de la Tanzanie qu’elle recevait le plus d’aide internationale tout restant le pays le plus pauvre d’Afrique. Aujourd’hui le pays qui continue de recevoir l’aide internationale est l’un des meilleurs élèves de la classe du programme « FMI » de réduction de la pauvreté. A mon avis, c’est l’une des grandes performances économique de ces dix dernières années. Tenez vous bien : entre 1992 et 2001, le taux de croissance moyen du « PIB » réel était de 3.3%, soit au même niveau que la Cote d’Ivoire. L’économie tanzanienne va cependant prendre son envol à partir de 2002 (7.2 %). Sur sept années consécutives, entre 2002 et 2009, le « PIB » s’est accru de 6% en moyenne. Quelle est donc la recette de la Tanzanie ?

 Prenez un pays africain pauvre et très endetté,

 1. éliminez 70% de sa dette extérieure,

2.
libéralisez son secteur financier, tout en encourageant les « IDE (investissements directs étrangers) » dans le secteur des infrastructures économiques ;

 3. réduisez l’effet d’éviction des dépenses publiques par rapport à l’investissement privé (Crowding-Out)

 4. mettez en place une politique de réduction de la pauvreté

 Et vous avez le secret de la bonne performance de l’économie tanzanienne.

 II. LE CAP-VERT

 Ce pays est formidable ! De 1996 à 2005, le taux de croissance de son « Produit Intérieur Brut » fut de 5,8% en moyenne. En 2006, le pays a accéléré la cadence avec une croissance de 11% de sa production intérieure de biens, soit le pourcentage le plus élevé lors de ces dix dernières années. Le Cap Vert est l’un des « PEAS » à connaître à la fois une forte croissance économique, une baisse du « taux d’inflation » et un recul extraordinaire de la pauvreté. L’« Index du développement humain (0.738) » est largement au dessus de la moyenne des pays d’Asie. L’apport extérieur des transferts de sa population établie à l’étranger, le tourisme, constituent une force pour ce pays.

 III. LE GHANA

 Le Ghana est une « success story » en matière de pays émergents. Voici un pays qui a connu beaucoup de troubles sociaux dans les années 80 mais qui, à partir de 1990, a reformé son système politique. En près de vingt années, l’ancienne « Gold Coast » n’a connu aucun trouble. Les investisseurs ont pris note et y ont apporté leurs fonds. Ce pays est l’un des plus prisés en matière d’« IDE » dans la sous-région. La qualité de la main-d’œuvre est aussi assurée par une pléiade d’instituts de formation et d’universités. Coté chiffre, le « FMI » prévoit pour 2011 une hausse de la production de 20.1%, soit le taux le plus élevé de l’Afrique. L’investissement privé et le transfert des nationaux résidents à l’étranger constituent les principales forces de l’économie ghanéenne.

 IV. LE BENIN

 Ce pays occupe une place particulière au sein des « PEAS » non producteurs de pétrole. D’abord les institutions politiques one été reformées. Ces réformes ont attiré les investissements directs étrangers, lesquels ont servis de soubassement à la croissance économique. La stabilité politique a donc entrainé la croissance économique du Bénin. Entre 1992 et 2009, le taux moyen de croissance a été de 8.6%. En l’espace de vingt-ans, il n’y a pas eu de guerres civiles, et aucun conflit armé. Les deux dernières élections se sont déroulées sans grande difficultés. Pour toutes ces raisons, ce pays est cité en exemple de démocratie et de bonne gouvernance, ce qui lui a valu une visite du président Bush en février de l’année 2003.
  V. LE BURKINA-FASO

 Entre la période 1992-2001, le Burkina a connu un taux de croissance annuel moyen de 5.1%, propulsant son économie à la septième meilleure économie de l’Afrique au Sud du Sahara. Entre 2002 et 2009, le pays va gagner 6.1 points de croissance du « PIB ». Les « atouts » de l’ancienne Haute Volta sont la stabilité de son système politique. Il n’est certes pas le plus parfait mais il a au moins permis le développement économique de ces dernières années. Sur le plan de la stabilité macroéconomique, le Burkina tire profit du faible « taux d’inflation » en cours dans la zone monétaire du « Franc-CFA ». Le conflit politique qui mine depuis 6 ans son voisin du sud, la Cote d’Ivoire, a indirectement fait du pays un passage obligatoire pour les investisseurs.

 QUELQUES REMARQUES SUR LES AUTRES « PEAS » PRODUCTEURS DE PÉTROLE

 J’ai délibérément omis de ma liste des cinq, des pays que l’on retrouve généralement dans le rang des « PEAS ». Le Nigeria n’en fait pas partie malgré les bons résultats enregistrés entre 2002 et 2009. Pendant cette période, le taux de croissance moyen du « PIB » a été de 8%. L’instabilité sociopolitique du pays et le niveau de corruption sont les arguments qui l’ont éliminé de ma liste. Pratiquement pour les mêmes raisons, j’ai rayé de ma liste la Guinée équatoriale. Ce pays a enregistré un taux de croissance moyen de 38.9% entre 1992 et 2001 ! Entre 2002 et 2009 ce taux avoisinait les 10%. Ne vous laisser pas impressionner par les grands chiffres! La Guinée Equatoriale inquiète malgré les hausses impressionnantes de sa manne pétrolière ! Selon les projections du « FMI », le « PIB » serait stagnant pour cette année 2010 avec 0.9% et de 0.7% pour 2015. Le « niveau de la corruption » dans ce pays est aussi l’une des raisons qui l’on éliminé de ma liste.

 « PEAS » PRODUCTEURS DE PÉTROLE :

 1. République démocratique du Congo
2. Angola(Post-conflictuel)
3. Gabon
4. Sao-Tomé &Principe

 « PEAS » NON PRODUCTEURS DE PÉTROLE (LES HABITUÉS DE LA LISTE):

1. Afrique du Sud
2. Botswana
3. Maurice
4. Namibie
5. Swaziland
6. Ouganda
7. Mozambique

NOTE :

[*] Francis Konan Économiste, diplômé de l’Université d’Economie et de Gestion de Vienne (Autriche), diplômé de l’Institut des Etudes Avancées de Vienne (Autriche), diplômé de la Faculté des Sciences Economiques & Gestion de l’Université d’Abidjan (Cocody).