Le mandat présidentiel est de quatre ans au Brésil. Jair Bolsonaro succédera à Brasilia au président Michel Temer, au 1er janvier 2019.
Il y a plusieurs raisons pour expliquer ce vote en faveur de l’extrême droite, et notamment le rejet des élites politiques. Les scandales de corruption ont emporté le PT, parti de l’ancien dirigeant Lula Da Silva, ainsi que la droite de Michel Temer, ouvrant la voie au candidat “antisystème”.
Notre correspondante au Brésil Claire Gatinois raconte cette “faillite de la classe politique” dans un article :
Effectivement Emmanuel, ce résultat est fiable étant donné qu’une très grande majorité des bulletins ont été dépouillés. Jair Bolsonaro est effectivement en passe de devenir le futur président du Brésil, avec une avance conforme à celle anticipée par les sondages (les deux derniers sondages samedi soir créditaient le candidat du Parti social-libéral de 54 à 55 % des intentions de vote)
Bolsonaro en passe d’être élu à la présidence du Brésil avec 55,7 % des suffrages (premières estimations)
Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro est en passe d’être élu dimanche à la présidence du Brésil, les premiers résultats le créditant de 55,7 % des suffrages valides après dépouillement de 88,7 % des bulletins de vote.
Notre envoyée spéciale à Rio de Janeiro nous livre les premières estimations :
Le président de la République fédérative du Brésil est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Chaque candidat se présente avec un colistier, candidat à la vice-présidence.
Pour les citoyens de 18 à 70 ans, le vote est obligatoire ; il est en revanche facultatif pour ceux âgés de 16 à 18 ans et les plus de 70 ans.
@Toto : les premiers résultats seront connus à partir de 23 heures à Paris. Actuellement, 77 % des bulletins ont été dépouillés, selon les médias brésiliens.
Les principaux point du programme de Jair Bolsonaro :
- Economie : Jair Bolsonaro promet une réduction de la dette de 20 % au moyen de privatisations ; la création d’un système parallèle de retraite par capitalisation ; la création d’un super-ministère de l’économie regroupant les ministères actuels des finances, de l’industrie et de la planification. Il a toutefois affirmé récemment que celui de l’industrie devrait être maintenu à part.
- Sécurité : il promet un abaissement de la majorité pénale de 18 à 17 ans, l’assouplissement de la législation sur le port d’armes. Pour lui, “Les armes sont des instruments qui peuvent être utilisés pour tuer ou pour sauver des vies. Ça dépend de qui s’en sert” ; la “Protection juridique” de policiers s’ils tuent un suspect avec leur arme en service ; de qualifier les invasions de propriétés rurales ou urbaines de terrorisme”.
- Corruption : le candidat veut “un gouvernement décent, différent de tout ce qui nous a plongé dans la crise éthique, morale et budgétaire”. Il veut aussi diviser le nombre de ministères par deux, pour arriver à 15, afin de limiter les arrangements entre partis.
- Diplomatie : il promet de d’“arrêter de faire l’éloge de dictatures assassines (référence au Venezuela) et de ne plus dénigrer des démocraties importantes comme les Etats-Unis, l’Italie ou Israël”.
- Éducation : il préconise un renouveau des programmes scolaires, avec “plus de mathématiques, de sciences et de portugais et “sans endoctrinement ni sexualisation précoce”. Il veut ouvrir des écoles gérées par des militaires.
- Avortement : Jair Bolsonaro a promis d’opposer son veto à toute tentative d’assouplissement d’une loi déjà très restrictive. Au Brésil, l’IVG n’est autorisée qu’en cas de viol, de risque pour la mère ou de grave malformation du cerveau du foetus.
- Environnement : le candidat bénéficie du soutien du puissant lobby de l’agro-business au Parlement, son programme prévoit de regrouper les ministères de l’agriculture et de l’environnement, même s’il a récemment affirmé qu’il pourrait revenir sur cette mesure ; après avoir menacé début septembre de sortir de l’Accord de Paris sur le climat, le candidat d’extrême droite a assuré que son pays resterait à la condition que Brasilia garde sa pleine souveraineté sur l’Amazonie. Son programme n’évoque ni la déforestation ni le réchauffement de la planète.
Les principaux point du programme de Fernando Haddad :
- Economie : Fernando Haddad promet la fin du gel des dépenses publiques décidé par le gouvernement Temer ; l’interruption des privatisations ; la réduction de la dette grâce au “retour au plein emploi” et à des mesures contre l’évasion fiscale.
- Sécurité : le candidat du Parti des travailleurs promet un changement radical de la politique actuelle anti-drogue, “erronée, injuste et inefficace”, en prenant exemple sur les expériences de dépénalisation dans d’autres pays ; il veut renforcer la politique de contrôle des armes à feu, une meilleure coordination des services de renseignements pour lutter contre le crime organisé.
- Corruption : Fernando Haddad prône “plus de transparence”, mais considère que “la lutte contre la corruption ne peut servir à criminaliser la politique”.
- Diplomatie : le candidat de gauche estime que “Le Brésil doit reprendre et approfondir sa politique d’intégration latino-américaine et la coopération Sud-Sud (notamment avec l’Afrique) pour soutenir le multilatéralisme, la recherche de solutions à travers le dialogue et le rejet de l’usage de la force”.
- Éducation : il propose de mettre en valeur dans les programmes éducatifs “une perspective inclusive, non raciste, non sexiste et sans discrimination de la communauté LGBT”.
- Avortement : aucun des deux candidats ne mentionne le sujet dans son programme officiel, mais ils se sont déjà exprimés à ce propos. En 2012, il s’est dit “personnellement contre” l’assouplissement des règles régissant l’avortement. Le 11 octobre, après avoir rendu visite à la Confédération nationale des évêques du Brésil (CNBB), il a assuré son alignement sur les valeurs que l’Eglise catholique “considère essentielles”, comme la “préservation de la vie”.
- Environnement : il se donne pour objectif d’éradiquer la déforestation d’ici 2022 sans réduire la production agricole, grâce à une utilisation “plus efficace” des terres cultivables.
Claire Gatinois est notre correspondante au Brésil. Elle est actuellement à Sao Paulo.
Cette vidéo explique comment il a opéré cette ascension inattendue :
Pourquoi cette élection est-elle suivie avec autant d’attention ?
Pendant près de quinze ans, le plus grand pays d’Amérique latine a été gouverné par des présidents issus du Parti des travailleurs (PT) : le “petit père des pauvres” Luiz Inácio Lula da Silva de 2003 à 2011, puis son héritière Dilma Rousseff. Une période marquée par de graves scandales de corruption qui ont gravement affecté la vie politique brésilienne.
Aujourd’hui, c’est Javier Bolsonaro qui est en passe de devenir président du pays. Ancien militaire, ouvertement raciste, misogyne et homophobe, il est surnommé le “Trump des tropiques”. Son programme, très dur, fait notamment craindre un “régime fascisant”
. Lui-même présente dans ses discours la dictature qu’a connue le Brésil comme un âge d’or.
Il y a encore quelques mois, un tel scénario semblait difficilement imaginable. Et, pourtant, profitant d’un climat général de défiance vis-à-vis des responsables politiques ainsi que de l’inéligibilité de l’ancien candidat Lula, M. Bolsonaro a réussi une ascension spectaculaire.
Retrouvez des éléments de portrait et de programme des deux adversaires dans ce papier :
Bolsonaro favori, mais avec une avance plus courte sur son adversaire
Au premier tour, le 7 octobre, Jair Bolsonaro a frôlé une élection dès le premier tour en emportant 46 % des suffrages.
Après trois semaines de campagne sous haute tension, entachée de violences et d’insultes, les derniers sondages des instituts Ibope et Datafolha, publiés samedi soir, ont montré une diminution de son avance, à 54-55 % des intentions de vote, contre 46-45 % pour Fernando Haddad, le candidat du Parti des travailleurs (PT).
Premiers résultats après 23 heures
Les quelque 147 millions d’électeurs brésiliens étaient attendus dans les bureaux de vote aujourd’hui pour désigner leur futur président entre le candidat d’extrême droite, Jair Bolsonaro, et son adversaire de gauche, Fernando Haddad.
La plupart des bureaux ont d’ores et déjà fermé leurs portes, mais ceux de l’Etat de l’Acre, à l’extrême ouest du pays, ferment à 23 heures (heure de Paris) en raison du décalage horaire entre les différents Etats du Brésil. Les premiers résultats sont attendus environ une heure plus tard. Vous pourrez bien sûr les retrouver dans ce live.
Bonjour à toutes et à tous et bienvenus dans ce live dédié au second tour de l’élection présidentielle au Brésil.