Ancien footballeur international, surnommé « The King » par les supporteurs de Manchester United, Eric Cantona s’est reconverti dans le milieu artistique depuis plus de vingt ans. Il sera, à partir du 22 novembre, sur la scène du Théâtre Antoine, à Paris, dans Lettres à Nour, de Rachid Benzine.
Je ne serais pas arrivé là si…
Si j’étais immortel ! J’ai le sentiment qu’il faut tout donner dans ce qui nous inspire, dans ce que nous avons à créer, dans nos amours, tout livrer sur nos points de vue, justement parce qu’on est mortel. Ma petite fille de 4 ans a eu cette réflexion l’autre soir : elle a dit à sa mère, « Maman tu vas vivre mille ans. » Sa mère lui a expliqué que ce n’était pas possible. Ma petite a demandé : « Mais qui a inventé ça, la mort ? C’est ridicule. C’est bien fait pour eux s’ils sont morts. » Je trouve cela très beau. Immortel, j’aurais aimé l’être, car j’aurais été moins pressé !
Quels souvenirs avez-vous de votre enfance dans le quartier des Caillols, à Marseille ? Quel minot étiez-vous ?
J’étais vivant. On était tout le temps dehors. On allait à l’école à pied, on jouait au foot dans la cour de récré et à côté de la maison, on faisait du vélo, on attrapait les lézards, on voyait les films de Bruce Lee dans le cinéma de quartier… J’ai eu une belle enfance dans une famille modeste où, avec mes frères, on a reçu l’essentiel : l’amour. Avec ça on n’a plus qu’à vivre, on peut renverser des montagnes.
Vous dites souvent que votre père vous a transmis votre « capacité d’émerveillement ». C’est-à-dire ?
J’ai aussi reçu cela. Mon père, mais aussi ma mère, se sont toujours émerveillés de tout. Ils ont aujourd’hui presque 80 ans et continuent à s’émerveiller des paysages, de la lumière, à être curieux de toutes les discussions. Comme eux, j’aime observer le monde. Tout est là pour nous inspirer. On voit aujourd’hui des gamins de 15 ans qui ne sont plus émerveillés de rien. Je les plains.
Quelles sont les personnes qui vous ont inspiré ?