Correspondances était le nom de code baudelairien d’expositions qui confrontaient des artistes vivants aux collections du Musée d’Orsay. Le principe avait été établi par Serge Lemoine, qui dirigea l’établissement de 2001 à 2008. Annette Messager, Ellsworth Kelly, Pierre Soulages, Bertrand Lavier ou Christian Boltanski furent de ses invités. Fâcheusement abandonné par son successeur, ce bon usage est aujourd’hui restauré par Laurence des Cars, directrice d’Orsay depuis 2017, et c’est une heureuse nouvelle.
Fallait-il néanmoins ouvrir cette série avec Julian Schnabel ? Né en 1951 à Brooklyn, l’artiste américain fut une gloire des années 1980. Ses « plate paintings » , tableaux hérissés de débris de vaisselles recouverts par d’épaisses touches de couleur, passaient pour une manifestation exemplaire de ce que l’on appelait postmodernisme, du retour à la peinture et même de la résurrection du baroque. On le vit alors dans les lieux où il fallait exposer : les galeries de Mary Boone, Leo Castelli, Yvon Lambert et Bruno Bischofberger, le Stedelijk Museum d’Amsterdam, la Kunsthalle de Düsseldorf, le Centre Pompidou, le CAPC de Bordeaux.
C’est à l’occasion de la prochaine sortie de son film « At Eternity’s Gate » en France que Julian Schnabel est invité à Orsay
Puis l’engouement tomba, à la fin de la décennie. Un film sur Jean-Michel Basquiat, sorti en 1996, marqua le début d’une deuxième vie de réalisateur. At Eternity’s Gate , consacré aux derniers jours de Van Gogh, a été projeté pour la première fois à la dernière Mostra de Venise. C’est aussi à l’occasion de la prochaine sortie du film en France que Schnabel est invité à Orsay.
On aimerait écrire que son exposition annonce brillamment le retour de l’art contemporain à Orsay. Mais son principal intérêt est d’expliquer pourquoi le peintre Schnabel a vite lassé : parce qu’il n’allait pas au-delà d’effets visuels ostensiblement étendus à de vastes surfaces. Ses…