Au siège de l’Union des associations européennes de football (UEFA), à Nyon (Suisse), on ne s’est pas pressé pour commenter les révélations des Football Leaks, cette série d’enquêtes réalisées à partir de « plus de 70 millions de documents » par le consortium European Investigative Collaborations (ECI), dont fait partie le site Mediapart. Et pour cause : les dirigeants de la Confédération du Vieux continent , ainsi que leurs prédécesseurs, se retrouvent comme nus après ce déballage. Il montre comment, face aux menaces des clubs les plus riches, ils ont cédé à leurs exigences, pour alléger les sanctions du fair-play financier (FPF) et redessiner la Ligue des champions qui leur soit encore plus favorable.
Vendredi 2 novembre, Mediapart a révélé que le Qatar, propriétaire du Paris-Saint-Germain depuis 2011, avait réussi à contourner les règles du fair-play financier (FPF), ce mécanisme introduit par l’UEFA en 2010, et en vertu duquel les équipes continentales ne doivent pas dépenser plus qu’elles ne gagnent sous peine de sanctions. Pièces à l’appui, l’ECI affirme que le club de la capitale « a été couvert » par la Confédération et ses deux anciens dirigeants : son ex-président Michel Platini (2007-2015), qui avait voté en faveur du Qatar lors du scrutin d’attribution du Mondial 2022, et son ancien secrétaire général, Gianni Infantino (2009-2016), actuel dirigeant de la Fédération internationale de football (FIFA). En avril 2014, Infantino a ainsi négocié un accord à l’amiable avec les hiérarques du PSG, ainsi qu’avec ceux de Manchester City, propriété du cheikh Mansour d’Abou Dhabi, dont le déficit est alors abyssal (233 millions d’euros de pertes entre 2011 et 2013).
Alors que la chambre d’instruction de l’Instance de contrôle financier des clubs (ICFC) du FPF est censée être indépendante et souveraine, Gianni Infantino mène les tractations dans son dos et fait preuve de complaisance à l’égard des deux « nouveaux riches » du ballon…