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Gizenga, Gbenye, Bisukiro et Bomboko font leur relecture du passé


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Source: Le Phare

Quelques repères de l’histoire de l’indépendance, la légitimité du combat contre le colonialisme en tant que système, le cinquantenaire doit être considéré comme une fête de la liberté et il sied de la réparer avec tout l’éclat et les moyens à notre disposition, le bilan n’est pas entièrement négatif ni entièrement positif. Mais l’on a sauvé l’essentiel qui est l’unité du pays et de son peuple car constamment sous diverses menaces de balkanisation et d’éclatement. Cette paix a été gagnée dans la mesure où depuis l’indépendance, le pays a été victime des nombreuses guerres civiles, des sécessions, des antagonismes politiques, etc.

C’est l’essentiel des messages lancés hier par quatre personnalités ayant fait partie des leaders congolais qui ont négocié et obtenu l’indépendance le 30 Juin 1960, notamment Antoine GIZENGA, Justin-Marie BOMBOKO, Christophe GBENYE et Marcel BISUKIRO. L’évènement a eu lieu dans la salle Congo du Grand Hôtel Kinshasa sous la modération du professeur ELIKIA Mbokolo entouré de son collègue NDAYWEL, coordonnateur scientifique du Cinquantenaire. Comme message pour l’avenir, les quatre personnalités encore vivantes se sont accordé sur le fait que le Congo a hérité du Bon Dieu une nature généreuse qui a fait de nombreux envieux, d’où les incessantes guerres qui l’ont endeuillé. En un mot comme en mille, ont proclamé les quatre rescapés de l’indépendance, les congolais devraient faire leur la phrase historique prononcée par feu le Président John F. KENNEDY dans son discours d’investiture « Peuple américain, ne vous demandez pas ce que les Etats-Unis peuvent faire pour vous, mais demandez-vous plutôt ce que chacun d’entre vous peut faire pour le pays ».

Dans une salle pleine à craquer, Christophe GBENYE qui fut le tout premier ministre de l’Intérieur du gouvernement de Patrice Emery LUMUMBA a commencé son témoignage par rappeler quelques faits historiques, notamment son entrée dans la vie politique, lui qui avait jusqu’en 1960 exercé comme commis de l’Etat à la direction provinciale des Finances. Il ne faut pas considérer les Belges comme des ennemis, a-t-il martelé, car le colonialisme représente un système et si par hasard, quelqu’un parmi vous a eu des problèmes avec des belges, il ne faut pas généraliser à tous els belges qui doivent demeurer nos frères. Qui se rappelle encore que ce sont des citoyens belges, en culottes et en chemises blanches qui ont parcouru nos forêts, savanes, montagnes, fleuves et rivières pour apprendre à nos ancêtres comment construire des routes, des ponts, des écoles, des hôpitaux, des plantations, etc.

Grâce aux femmes nationalistes, L.D. Kabila échappe à la mort à Bukavu

Après avoir brossé les manœuvres pour former le premier gouvernement, l’ancien ministre de l’Intérieur s’est attardé sur l’assassinat de P. E. LUMUMBA qui a déclenché la rébellion. C’est grâce aux concessions faites par le gouvernement co-présidé par lui-même et Antoine Gizenga à Stanleyville qu’un accord fut conclu pour mettre en place, après le Conclave de Lovanium, un gouvernement d’union nationale sous la direction de Cyrille ADOULA. Un gouvernement qui ne dura que l’espace d’un matin car suite aux menaces contre l’intégrité physique des leaders lumumbistes, Gbbenye traversa le Pool Malebo pour aller fonder à Brazzaville le Comité National de Libération en vue de reprendre la lutte armée. Il y envoya le jeune L.D. Kabila pour prendre le commandement des troupes de l’Armée Nationale Congolaise basées à Bukavu. Malheureusement, les autorités de Bukavu ne l’entendirent pas de cette façon car elles procédèrent à l’arrestation du délégué du CNL qui eut la vie sauve en se faisant déguiser en femme par une dizaine des femmes nationalistes qui étaient parvenues à se faire engager comme gardiennes à la prison centrale de Bukavu. Ces femmes furent par la suite exécutées par les soldats envoyés par Le gouvernement de Léopoldville. GBENYE a terminé son message par la lettre envoyée à sa femme et ses enfants et qui demeurera à jamais le testament de P. E. Lumumba dans laquelle il proclame que l’histoire du Congo sera celle écrite non pas à Washington, à Paris, à Moscou et encore moins à Bruxelles mais par les Congolais et pour les Congolais.

GBENYE sauvé de la mort à Bukavu par M. Bisukiro

Mis aux arrêts par les autorités coloniales de Bukavu au motif qu’ils étaient complices des leaders de l’ABAKO qui avaient déclenché les émeutes du 4 janvier 1959 à Léopoldville, les fondateurs du parti CEREA, dont Marcel Bisukiro, Anicet Kashamura, Chrysostome Weregemere ne furent remis en liberté que suite à l’intervention personnelle de Sa Majesté Le Roi BAUDOIUN. Ce dernier en profita pour remettre en mains propres des invitations pour la Table Ronde Politique de Bruxelles tenues en janvier 1960. Marcel Bisukiro fut élu président national du CEREA en 1959 au Congrès de Kindu. Dans son message, il faut noter que le tout premier ministre du Commerce Extérieur du gouvernement Lumumba est d’avis que le Congo doit demeurer un pays unitaire mais fortement décentralisé et attaché à un programme d’une économie sociale. C’st toujours à Bukavu que Marcel Bisukiro est parvenu à sauver Christophe GBENYE de la mort en le faisant libérer de la prison où il était placé en attente de son expédition pour Léopoldville, a tenu à rappeler celui qui participa à la fondation du Parti Lumumbiste Unifié en 1964 aux côtés du patriarche Gizenga.

Empêchés pour des raisons de santé, Justin-Marie Bomboko et Antoine Gizenga se sont adressés à l’assistance par la voie des ondes. Le premier a vanté le courage des congolais qui dès la Conférence Souveraine avaient découvert les méfaits des antivaleurs. Pour le Vice-Premier ministre du tout premier gouvernement du pays, l’idée qui a germé en lui dans la lutte pour arracher l’indépendance se focalisait autour de certaines valeurs, à savoir obtenir la liberté afin de mettre en place les conditions pour faciliter le développement rapide en partant des richesses traditionnelles. Cela, par l’effort, la constance et surtout le respect du bien d’autrui.