Traduit en Francais par Alex Engwete

 dongoMonuc

 Casque bleu des Forces Spéciales Guatémaltèques
Photo : Ian Steele
(Crédits)

 Jason Stearns, qui anime le blog Congo Siasa déjà mentionné ici à plus d’une occasion, vient de réaliser une interview exclusive avec deux humanitaires qui œuvrent dans le secteur de Dongo. Puisque cette interview jette un éclairage nouveau sur ces événements et constitue de ce fait un document d’une importance capitale à même d’être consigné dans les annales de ce que le Professeur Benoît Verhaegen avait appelé l’« histoire immédiate » de la RDC, elle mérite d’être traduite dans son intégralité en français. Je garde les déformations des noms de clans du texte original : Enyele  par exemple est ci-dessous orthographié « Inyelle » et Monzaya, « Manzaya ».

Interview exclusive sur la crise de Dongo avec  Refugees International

Réalisée par Jason Stearns
Traduction française : Alex Engwete

 Ce qui suit est une interview avec Camilla Olson (activiste) et Steve Hege (consultant) de Refugees International sur la crise de Dongo. Ils publieront ce mercredi [31 mars] un rapport sur la situation qui prévaut là-bas— prière de vous renseigner sur le site de Refugees International.

 Q : Pouvez-vous nous brosser un bref aperçu historique des enjeux de ce conflit ? Depuis combien de temps durent les tensions entre les Boba et les Lobala ? Quels sont les principaux points de discorde ?

Camilla : Un petit mot sur le contexte politique : Dongo est un secteur subdivisé en six groupements, presque tous sous l’égide coutumière de la tribu Lobala. Les Boba sont originaires du secteur de Bombona au sud-ouest des Lobala, mais, du fait qu’ils n’ont pas accès à la rivière et ont traditionnellement bénéficié des opportunités dans l’enseignement, ils en sont progressivement venus à assumer d’importantes positions administratives et commerciales à Dongo centre, le chef-lieu du secteur.

Des candidats Boba ont aussi cherché à acquérir le poste politique clé de Chef de secteur qui, dans le droit coutumier, devrait revenir aux Lobala ; mais dans le système électoral actuel, tout le monde peut se porter candidat. Les Lobala ont conquis ce poste de Chef de secteur à chaque élection, mais de peu.

A cause de la dominance croissante des Boba à Dongo centre et ses environs, les Lobala se sont sentis de plus en plus marginalisés et ont cherché, dans le récent conflit, à exprimer leurs frustrations par les armes.

Q : Si je comprends bien, le conflit actuel n’a pas éclaté entre les Boba et les Lobala, mais entre deux sous-groupes de la communauté Lobala, les Inyelle et les Manzaya. Pouvez-vous expliquer quel a été le conflit entre ces groupes et quel rapport a-t-il avec le conflit plus général entre les Boba et les Lobala ?

Camilla : Il est vrai que le conflit plus vaste entre les Boba et les Lobala a été initialement causé par des tensions locales entre ces deux groupes ethniques : les Inyelle et les Manzaya.

Les Inyelle et les Manzaya sont tous les deux des Lobala. Leurs griefs remontent aux années 1940 et se centrent sur l’accès aux étangs de pêche, qui appartenaient par le passé aux Inyelle. A ce moment-là, des accords ont été négociés par lesquels les Manzaya pouvaient pêcher conjointement avec les Inyelle. En échange, les Manzaya s’assuraient de sécuriser les étangs puisqu’ils étaient réputés féroces guerriers. Au fil des ans, les Manzaya ont rompu ce pacte à plusieurs occasions en pêchant à outrance et sans en informer les Inyelle.

La situation s’est exacerbée en 2007 lorsqu’un Manzaya fut attrapé en train de pêcher illicitement en territoire Inyelle. Il en résulta que lui et sa femme Boba furent tabassés par la population Inyelle.

Lorsqu’une compensation fut finalement payée aux Manzaya, les notables de la communauté, y compris le père de la femme Boba, la jugèrent insuffisante. En conséquence, les Manzaya se saisirent du contrôle des étangs et empêchèrent les Inyelle d’y pêcher pendant les deux années suivantes. Ceci causa de violents affrontements entre les deux groupes, et, de manière plus dramatique en juillet 2009, le déplacement de tout un village Manzaya par les Inyelle et l’incinération de centaines de maisons.

Les Manzaya, bien que Lobala, ont des liens historiques avec les Boba — et lorsque leurs populations furent déplacées des suites des violences perpétrées contre elles par les Inyelle en 2009, [les Manzaya] s’enfuirent dans les régions contrôlées par les Boba dans l’Equateur. Cette connexion aux Boba est la prémisse qui a motivé des politiciens et des opérateurs économiques Lobala de se présenter pour appuyer l’insurrection initiale Inyelle contre les Manzaya de façon à créer une plateforme plus large de défense des droits des Lobala contre les Boba et répondre à leurs griefs croissants.

Q : Qui est Odjani et comment est-il devenu le leader des rebelles Inyelle ?

Steve : Après plus d’une année et demie sans accès à leurs étangs de pêche, en février 2009, les Inyelle tentèrent de négocier avec les Manzaya. Nonobstant onze heures de discussion, ces derniers refusèrent de leur accorder accès aux étangs.

Conséquemment, les Inyelle firent appel au féticheur le plus réputé de la région, un nommé Ibrahim Mangbama. On raconte que M. Mangbama officiait des rites spéciaux pour l’ancien président Mobutu. Quand l’AFDL de Kabila destitua son client privilégié en 1997, Mangbama s’enfuit du côté de la rive de la République du Congo [-Brazzaville]. Les Inyelle espéraient qu’il allait tenir des cérémonies pour leur donner la force de vaincre les féroces Manzaya. Comme M. Mangbama entraînait son fils [dans la sorcellerie], il décida de l’envoyer à sa place pour commencer la formation des jeunes Inyelle en pratiques traditionnelles pour battre les Manzaya.

Vers le mois de juillet [2009], on raconta qu’Odjani avait déjà entraîné plus de 350 jeunes gens Inyelle.

Toutes les informations que nous avons réunies semblaient indiquer que l’ambition initiale d’Odjani ne dépassait pas l’aide à apporter aux Inyelle pour reprendre possession des étangs de pêche des mains des Manzaya.

Q : Quel rôle les politiciens nationaux et les officiers militaires ont-ils joué dans la création de l’insurrection ?

Steve : Devant leur net succès dans la reprise des étangs de pêche sous le commandement d’Odjani, des notables Lobala à travers la RDC et la diaspora se coalisèrent pour supporter ses forces dans l’espoir de créer une plateforme plus élargie pour réagir à leur marginalisation socioéconomique et politique par les Boba. Qui plus est, un certain nombre d’officiers des FARDC demandèrent une permission et allèrent se joindre aux rebelles en passant par la RC [République du Congo-Brazzaville]. On raconte qu’un certain capitaine a formé les insurgés.

On raconte que le Député National Léon Botoko et le Député Provincial Oscar Molambo comptaient parmi ceux qui appuyèrent les insurgés. Un insurgé démobilisé, qui prétend avoir été le chauffeur d’Odjani, nous fit savoir que des politiciens Lobala avaient tenté d’établir des liens entre l’insurrection et les forces de sécurité de Jean-Pierre qui gardent encore son vaste domaine à Gemena depuis les violences postélectorales de Kinshasa en 2006. Botoko avait communiqué avec le Capitaine commandant l’unité [de Bemba] et se sont mis d’accord pour qu’il se joigne aux insurgés une fois qu’ils auraient atteint le chef-lieu du District.

Le Chef de secteur à Dongo lors de la violence initiale entre les Inyelle et les Manzaya était M. Edo Nyabotabe. Il fut suspendu de ses fonctions au début du mois de septembre pour avoir fait cause commune avec les Inyelle. Cette décision s’avéra une erreur cruciale de la part du gouvernement  puisque non seulement Edo rejoignit finalement l’insurrection, mais cette suspension cristallisa aussi de plus grandes peurs, [comme celles disant que] les Boba allaient bientôt arracher le poste clé de Chef de secteur des mains des Lobala.

Dans l’entretemps, Odjani s’affublait déjà du surnom de « Nkunda II », reflétant l’espoir des leaders Lobala derrière lui que son mouvement armé fournirait une plateforme aussi solide que le CNDP pour forcer des concessions politiques de Kinshasa.

Q : Quel rôle la présence des armes et des anciens militaires mécontents dans l’Equateur a-t-elle joué ?

Steve : On raconte que les armes utilisées par les insurgés provenaient de plusieurs sources : a) celles que les Manzaya utilisaient pour chasser ; b) celles saisies des policiers ; c) celles que les officiers Lobala avaient amenées ; d) celles qui furent rassemblées par le chef de secteur Edo des caches d’armes du MLC dans les environs du secteur de Dongo.

A travers le secteur de Dongo, il y avait déjà de nombreux soldats démobilisés du MLC qui n’avaient jamais reçu d’aide à la réintégration par le biais du programme national de démobilisation, la CONADER [Commission Nationale de la Démobilisation et Réinsertion]. Plus de 400 de ces ex-MLC commencèrent à s’enrôler au service d’Odjani, beaucoup d’entre eux recevant des paiements. Comme par ironie du sort, après la déliquescence de la CONADER des suites de l’incompétence et de la corruption, l’un de ses anciens cadres fut nommé comme nouveau chef de secteur à Dongo pour mener à bien les efforts du gouvernement de réconciliation entre les Lobala et les Boba.

Q : Le conflit s’est exacerbé le 21 octobre et le 28 octobre 2009. Que s’était-il passé ?

Camilla : Puisque Dongo centre était devenu le point de focalisation des frustrations des Lobala devant le contrôle croissant des Boba, il est normal que ce soit là qu’Odjani allait mettre à exécution sa première grande attaque.

La nuit de la veille de l’attaque, le Chef de secteur intérimaire reçut une liste de noms des gens qui seraient ciblés— qui comprenait des politiciens Boba qui s’apprêtaient à se porter candidats au poste de Chef de secteur au cours des prochaines élections.

Tôt dans la matinée, les forces d’Odjani arrivèrent à Dongo centre et commencèrent à s’attaquer systématiquement aux Boba—allant de maison à maison, tuant les gens, et brûlant des maisons sur leur passage. Finalement, selon les résidents que nous avons interviewés, les insurgés commencèrent à s’attaquer à toute la population locale qui fuyait les violences.

Les gens prirent d’assaut les rives de la Rivière Oubangui comme ils tentaient de s’enfuir sur l’autre rive pour leur sécurité. On a rencontré des femmes déplacées qui nous ont dit que leurs enfants et leurs maris avaient été tués dans la violence ou qu’elles s’en étaient séparées et ne savaient où se trouvaient les membres de leurs familles.

Selon ce qu’on nous a dit, les insurgés prétendent qu’ils s’étaient retirés de Dongo centre de leur propre gré le 7 novembre [2009] après avoir réalisé l’objectif de chasser les Boba. Ils furent remplacés par une force de réaction rapide de la police et un petit peloton de casques bleus ghanéens de la MONUC. Néanmoins, après que le commandant de police fut parti à Gemena pour réapprovisionner le stock des rations, les forces d’Odjani décidèrent d’attaquer Dongo centre une deuxième fois dans la nuit du 28 novembre.

Quand le vol prévu de la MONUC essaya d’atterrir le lendemain matin, les insurgés essayèrent d’abattre l’hélicoptère et blessèrent cinq membres du personnel militaire et civil de la MONUC, qui furent évacués sur Impfondo en République du Congo pour traitement.

Après avoir repoussé les Ghanéens et volé une grande auto-blindée APC, Odjani et ses supporters, d’après certaines informations, commencèrent à croire qu’ils pouvaient finalement s’emparer de Kinshasa.

Q : Comment les FARDC se sont-elles comportées lorsqu’elles furent déployées pour mâter la rébellion ?

Steve : Après qu’Odjani eut repoussé la Police d’Intervention Rapide (PIR) hors de Dongo pour la seconde fois, les insurgés se dirigèrent sur Gemena en début décembre. Les premières unités FARDC à être déployées furent celles de la 10ème Brigade de Kisangani. Sur leur chemin pour deux défaites consécutives que leur infligeront les troupes d’Odjani, qui maintenant utilisaient le blindé APC de la MONUC qu’ils ont ravi des Ghanéens à Dongo centre, la 10ème Brigade se comporta de la même façon que les unités FARDC à l’est. A Bozene, on nous fit des récits de viols et de pillages auxquels se livra cette unité en route sur le front ou en revenant.

Dans l’entretemps, la MONUC aida à transporter sur le théâtre des opérations la Brigade Commando qui était en train d’être formée par les Belges à Kindu. Grâce à la résistance de la population Ngbaka (dont est membre Jean-Pierre Bemba), les commandos battirent les insurgés à plate couture et les repoussèrent jusqu’au village d’Inyelle, où la dispute initiale sur la pêche avait commencé. Selon certaines informations, le 1er janvier [2010], plus de 150 insurgés furent tués par les commandos.

Tout le long du déploiement des FARDC dans ces zones, hormis les exactions initiales perpétrées par la 10ème Brigade, l’armée congolaise, d’après les informations, avait généralement respecté la population civile. Cependant, on nous rapporta que des villages Lobala étaient brûlés sur l’axe Dongo-Inyelle et des opérations étaient menées pour forcer les personnes déplacées à l’intérieur du territoire à rentrer chez elles, opérations appelées « escortes ».

Q : La milice d’Odjani existe-t-elle toujours ? Représente-t-elle encore un danger ?

Camilla : Après les combats à Dongo centre, les forces d’Odjani se divisèrent en deux—l’une pour s’emparer de Gemena, l’autre pour s’emparer de Mbandaka. A Bobito, à près de 60 km de Gemena, les forces d’Odjani furent finalement repoussées jusqu’à leur base des opérations à Inyelle.

A Inyelle, une grande attaque eut lieu le 1er janvier 2010 et les forces d’Odjani furent presque annihilées.

A l’heure qu’il est, sur la base des rapports que nous avons vus, il ne reste plus grand-chose des forces d’Odjani. Des rumeurs courent qu’Odjani aurait lui-même été blessé, mais ceci n’a pas été vérifié.

En même temps, le fait qu’Odjani n’ait pas été capturé et sa mort point vérifiée, empêche le retour des déplacés — les éléments mystiques de son insurrection furent cités par beaucoup de déplacés avec qui nous avons parlés comme l’une des raisons pour laquelle ils continuaient de craindre de rentrer chez eux.

L’instabilité courante et l’absence des retours [des déplacés] sont des indicateurs nets de l’importance pour les casques bleus de maintenir leur présence dans l’Equateur — beaucoup de gens nous ont dit qu’ils se sentaient plus en sécurité avec la MONUC qu’avec les FARDC. Et aussi longtemps que les insurgés restent actifs, même s’ils n’opèrent guère sur un secteur étendu, il y aura des préoccupations continuelles sur la protection des civils.

Q : Comment réagissez-vous aux allégations selon lesquelles des pays voisins et des anciens mobutistes en exil avaient appuyé Odjani ? Qui était cet Ambroise Lobala—représentait-il vraiment les insurgés ?

 Steve : Les officiers ex-FAZ mobutistes qui supportèrent la rébellion du Président Sassou en RC commencèrent à suivre de près la transformation rapide de cette milice locale en une rébellion plus vaste. Cependant, il paraît qu’ils attendaient de voir si Odjani était capable de s’emparer de Gemena avant de se rallier autour de lui. Vu que ces ex-officiers des FAZ étaient des professionnels de carrière sous Mobutu, on a pensé qu’ils étaient réticents à suivre le leadership d’un jeune féticheur comme Odjani.

En ce qui concerne Ambroise Lobala, tout le monde sur le terrain croit qu’il n’est rien moins qu’un opportuniste de la diaspora, du moins ceux qui ont entendu parler de lui. Pas une fois on n’a entendu le nom qu’il avait donné à la rébellion, les « Patriotes résistants de Dongo ». Toutefois, si j’avais à conjecturer son identité, j’offrirais l’hypothèse selon laquelle Ambroise Lobala est le pseudonyme (« Lobala » étant le nom de la tribu) de l’ancien Lt. Col. Benjamin Nyambaka, qui offrit des fonds aux insurgés par l’entremise du père d’Odjani. Nyambaka était un officier Lobala travaillant à l’Etat-major à Kinshasa et qui fut accusé d’avoir opéré un vol massif des salaires avant de s’enfuir à Londres. Comme on rapporta que les communiqués d’Ambroise émanaient de Londres, ceci pourrait valoir comme explication.

Q : Si je comprends bien, vous ne pensez pas qu’on ait fait assez pour traiter des causes profondes de la crise. Pourquoi pas ? Plus précisément, comment les élections locales pourraient-elles rallumer ces antagonismes ?

Camilla : Les griefs locaux mettant aux prises les Inyelle aux Manzaya, qui ont déclenché un plus grand conflit, n’ont pas vraiment été proprement traités par le gouvernement congolais. Ils ont certes envoyé des délégations pour rencontrer les parties concernées— d’après ce que nous avons observé et ce que nous avons appris en parlant avec les autorités locales, le [gouvernement congolais] n’a jamais pris au sérieux les tensions grandissantes ou ne s’attendait nullement à ce que la crise atteigne de telles proportions. La stratégie principale pour résoudre ce problème consistait à payer les notables locaux et à appeler ce procédé une « réconciliation ». Il en est de même du conflit plus vaste entre les Lobala et les Boba. Le gouvernement congolais ne semblait pas penser que le conflit allait prendre une tournure aussi violente qu’il prit.

Dans le même temps, il semble régner un manque de compréhension de ce conflit en général —nombre de dépêches de la presse rapportent que la violence dans l’Equateur qui avait contraint 200.000 personnes à fuir leurs habitations est juste un conflit sur des droits de pêche alors qu’il y a clairement des griefs économiques et politiques plus importants derrière ce conflit.

Le gouvernement congolais s’astreint à faire rentrer les déplacés et semble souhaiter que la situation se décante comme par enchantement. Cependant, notre souci, c’est que si ces préoccupations plus générales ne sont pas traitées par le biais d’une réconciliation et d’un dialogue appropriés, alors vous aurez affaire à plus de déplacement et à plus de violence.

Steve : Les éléments politiques de ce conflit — plus particulièrement le désir des Boba de s’emparer du poste de Chef de secteur pourrait rallumer la violence lorsque les élections locales auront lieu.

Alors que la loi actuelle sur la décentralisation raffermirait les chefferies coutumières à l’est, les groupes ethniques de l’ouest ne se verraient point garantir le leadership de leur dominance politique sur leurs terres ancestrales. Dans cette optique, les Boba pourraient utiliser leur pouvoir économique à Dongo pour arracher le poste de Chef de secteur aux Lobala. Pour éviter tout rebondissement, les Boba aimeraient voir Dongo centre recevoir un statut territorial et administratif spécial en dehors du secteur de Dongo, telle qu’une « commune rurale ». Toutefois, cette désignation inciterait vraisemblablement une résistance considérable de la part des Lobala qui verraient leur chef-lieu découpé de l’intérieur de leurs terres ancestrales.

Un travail plus sérieux doit être fait pour résoudre ces tensions politiques et économiques sous-jacentes entre ces deux groupes. A notre avis, la MONUC a un rôle important à jouer, pour appuyer une réponse plus compréhensive et plus sérieuse du gouvernement congolais entre maintenant et les élections locales prévues pour l’année prochaine. Des organisations de la société civile, déjà actives dans les environs de Dongo et de Gemena, peuvent aussi contribuer positivement aux efforts de médiation. Elles doivent être appuyées par les bailleurs de fonds internationaux dans les domaines du renforcement des capacités et du financement.

Au final, la situation dans l’Equateur est un exemple de l’instabilité générale qui prévaut en RDC— et elle bout juste au-dessous de la surface en attendant d’exploser. La demande de Kabila de réduire les forces de la MONUC est prématurée ; et l’Equateur montre l’incapacité du gouvernement congolais de s’occuper de ces types de crises sans l’appui de la communauté internationale.