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Par J.-P. Mbelu
-C’est par l’AFP que plusieurs compatriotes ont appris que Joseph Kabila est en voyage au Kenya. Que signifie ce voyage après « le coup d’Etat manqué » de Kinshasa ? Les motifs officiels suffisent-ils à expliquer ce déplacement ? A notre avis, il faut décrypter ces motifs officiels et réfléchir sur les enjeux majeurs au cœur desquels se retrouve notre pays au cours de cette année 2011. De là peut jaillir un peu plus de lumière.
Il arrive que les sujets de nos débats congolo-congolais soient dictés par ce que nous croyons être les priorités du moment. Pour les uns, l’année 2011 a été décrétée année électorale, tout monde débat autour de la crédibilité ou pas du processus électoral. Pour les autres, cette année doit être celle de la libération de notre pays de l’occupant. Les questions d’intérêt national, régional ou international n’entrant pas dans cette vision binaire de notre devenir commun sont, si pas négligées, moins débattues. Les partisans de la libération immédiate du pays critiqueront la dérive autoritaire des gouvernants de Kinshasa en évoquant le président américain Barack Obama ayant affirmé que lui et son pays allaient soutenir les institutions fortes et non les hommes forts. Sans qu’ils ne remettent en question le soutien de l’armée américaine à l’homme fort de Kigali. Certains partisans des élections auront recours au soutien que la secrétaire d’Etat américain voudrait offrir à la société civile africaine assoiffée de démocratie en oubliant le rôle joué par Bill Clinton dans « la troisième guerre mondiale » ayant causé des millions de morts dans l’Afrique des Grands Lacs.
Cette approche partisane et partiale de notre histoire commune et de notre devenir commun peut être dangereuse pour notre émancipation du joug impérialiste et néolibéral. Elle est une entorse à une lecture suffisamment globale de l’histoire de nos luttes de résistance et de libération.
Revenons à une question d’actualité. Comment se fait-il qu’après sa « disparition » de la RD Congo après ce que Lambert Mende a qualifié de « coup d’Etat manqué » avant de se dédire, Joseph Kabila apparaisse tout à coup au Kenya ? Quel est le rôle que ce pays joue aujourd’hui en Afrique eu égard aux intérêts de certaines puissances occidentales ?
Les versions officielles des réponses à ces deux questions peuvent comporter leur part de vérité. Il appartient aux analystes congolais et africains de les décrypter.
Il est possible que plusieurs d’entre nous n’aient pas eu l’occasion de lire deux derniers livres suffisamment importants pour notre devenir commun : Menaces sur le Soudan et révélations sur le procureur Ocampo. A-Bashir & Darfour. La contre-enquête de Charles Onana (2010) et Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique de Pierre Péan (2010). Il y a aussi tout le travail que Jean-Michel Vernochet a abattu sur le marché de l’Afrique de l’Est. Son interview accordée à Roger Bongos ne semble pas avoir retenu l’attention de plusieurs d’entre nous. Après la publication du livre de Charles Onana, l’une des menaces pesant sur le Soudan a été concrétisée : le Soudan est divisé en deux parties. Dorénavant, le Sud-Soudan, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et le Kenya font partie du marché de l’Afrique de l’Est, indispensable à l’économie des grandes puissances dont les USA et Israël.
Quand, au cours d’une année dite électorale, l’actuel président de la RD Congo effectue un voyage vers un pays très stratégique pour ces deux grandes puissances après que Kagame et Museveni aient été reconduits à la tête de deux pays satellites de ces mêmes grandes puissances, cela devrait interpeller tous nos compatriotes.
Les révoltes du monde arabe ont plus ou moins fragilisé ces grandes puissances dans leurs intérêts géostratégiques, géopolitiques et économiques. Les pays de l’Afrique de l’Est doivent, à l’heure actuelle, constituer l’un de leurs remparts sur notre continent.
Ayant déjà réussi la balkanisation géoéconomique chez nous en faisant du Rwanda de Kagame la plaque tournante de marché néolibéral dans les Grands Lacs, ils seraient en train de sa battre pour que le maintien de Joseph Kabila (ou la promotion d’une autre marionnette) au pouvoir au Congo se fasse avec le soutien de l’un de leurs gendarmes : le Kenya.
Dans ce contexte, croire à leur renoncement à la balkanisation politique des Kivu serait très dangereux pour nous. Il faut davantage ouvrir l’œil et le bon. Le faux coup d’Etat monté à Kinshasa serait le début d’une aventure visant à conserver l’équilibre régional (en maintenant les alliés de Washington au pouvoir) et à travailler à l’avènement du marché non-régulé de l’Afrique de l’Est intégrant les Kivu.
Il est un peu dommage que les débats de nos politiciens, à l’heure actuelle, ne puissent pas toucher ces questions de notre vie et survie en tant que peuple souverain. Ces débats courent le risque de se focaliser seulement sur des individus et de passer outre ces questions de notre véritable indépendance. Ouvrir un large débat sur ces questions de balkanisation géoéconomique et politique, d’indépendance politique, de marché régulé par l’Etat et au service du peuple avec nos populations ferait partie de l’éducation citoyenne. Ce large débat dépasserait l’enjeu classique de nos luttes d’émancipation -la démocratie- pour mettre en lumière les enjeux majeurs pour lesquels les grandes puissances coopèrent avec nos élites compradores et assurent leur maintien au pouvoir au bout des processus électoraux biaisés.
Pour rappel, Bouteflika et Moubarak avaient été élus au suffrage universel avec l’appui des « maîtres du monde ». Tout au long de leur règne, ils n’ont pas su assurer la justice sociale, la liberté, la dignité et la démocratie pour leurs peuples. Quand les processus électoraux sont au service des intérêts économiques, géopolitiques et géostratégiques des « maîtres du monde » et de « leurs amis », ils ne sont d’aucun secours pour les peuples. Cela jusqu’au jour où ces peuples décident d’en découdre avec « les amis des maître du monde » et de forcer ceux-ci à revoir leur calcul.
Si, en RD Congo, nous ne prenons pas, dans notre immense majorité, l’habitude de nous livrer à des lectures globales des enjeux majeurs au cœur desquels se retrouve notre pays, nous risquons de nous tromper d’ennemi et de nous engager sur des voies qui ne mènent nulle part. Il est plus que temps de nous livrer au décryptage assidu des discours officiels justifiant les voyages de nos gouvernants.
J.-P. Mbelu
Il revient aux courageux intellectuels Congolais de prendre
la relève de ce pays.
Aveugles que nous sommes, les borgnes qui sont dirigeants
detruisent le pays.
Un dirigeant digne et capable doit mesurer sa capacité face à
Obama et non auprès de ces gens qui se trouvent sur l’image.
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