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-Trois jours après l’attaque de son domicile, à Kinshasa, le président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), Joseph Olenghankoy, s’interroge sur l’absence d’intervention de la police. Celui qui est censé surveiller l’avancée d’un processus électoral très controversé ne cache plus ses divergences avec le pouvoir.
L’attaque est survenue dans la nuit du 15 au 16 octobre, dans le quartier « Binza-UPN », à Kinshasa. Vers deux heures du matin, des hommes armés non identifiés commencent à tirer sur le domicile de Joseph Olenghankoy, le président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA). « Les hommes étaient encagoulés, explique-t-il à Jeune Afrique. Ils ont tiré sur le portail pour essayer de le forcer. Cela a duré jusque 3h45 du matin ».
« Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues ! »
L’incident n’a fait ni mort, ni blessé. Mais il a érodé la confiance entre cette grande gueule, officiellement chargée de surveiller le bon déroulé du processus électoral, et le gouvernement congolais. « Pendant l’attaque, j’ai essayé d’appeler toutes les autorités, poursuit-il. Personne ne répondait. Cela a pris beaucoup de temps avant que j’arrive à joindre le ministre de l’Intérieur [Ramazani Shadary]. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues. Les assaillants sont partis d’eux-mêmes. Pourtant, il y a un commissariat de police à 150 mètres de mon domicile ! »
Côté policier, on reconnaît que l’intervention n’a eu lieu que « deux ou trois heures » après le début de l’attaque, lorsque les assaillants étaient déjà repartis. « Mais le sous-CIAT n’avait pas d’effectifs suffisants pour intervenir », se justifie le colonel Mwanapuntu, porte-parole de la police, qui ne souhaite pas dévoiler les éléments de son enquête.
Responsabilités délicates
A-t-on tenté d’intimider Joseph Olenghankoy ? « Je ne connais pas les motivations des assaillants, donc je ne peux pas le dire, commente l’intéressé. Mais il est vrai que j’assume des responsabilités délicates. »
Le CNSA, institution qu’il préside, est censé surveiller le processus électoral, au centre des crispations politiques congolaises depuis l’expiration du mandat du président Joseph Kabila, en décembre 2016. Ce dernier se maintient en effet au pouvoir en attentant l’organisation d’élections qui ne cessent d’être retardées.
L’accord du 31 décembre, entre le pouvoir et l’opposition, prévoyait que le scrutin se tienne avant la fin de l’année 2017. Or la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a jeté un pavé dans la marre, le 10 octobre, en assurant qu’elle devait encore finir l’enrôlement des électeurs, puis avoir besoin de « 504 jours » pour organiser le scrutin, le renvoyant de facto à 2019.
Olenghankoy estime-t-il ce nouveau délai exagéré ? « Je me prononcerai sur cette question quand je serai officiellement informé par la Ceni », esquive-t-il.
Ce sujet était pourtant à l’ordre du jour d’une réunion « tripartite » entre le CNSA, le gouvernement et la Ceni, qui débutait le 16 octobre, jour de l’attaque de son domicile. Elle a été émaillée de frictions, notamment entre Olenghankoy et le Premier ministre Bruno Tshibala, à qui il était pourtant allié il y a encore quelques semaines. Olenghankoy lui reproche notamment d’avoir présidé la réunion tripartite, à laquelle il aurait dû se présenter en simple participant. « Je suis déçu. Le Premier ministre est en train d’être manipulé. Il ne comprend pas les risques qu’il fait courir au pays », commente-t-il.
En signe de protestation, Olenghankoy a refusé d’apposer son nom au bas du communiqué final. « Je l’ai paraphé, mais je ne l’ai pas signé », précise-t-il.
J.A