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La corruption qui sévit au Congo vient des Belges


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Source: Camer.be

Mobutu-et-BeauduinD’où vient la corruption au Congo, pratiquée à des degrés divers et à tous les niveaux de pouvoir ? Il est d’usage d’affirmer que cette pratique remonte à Mobutu, qui déclara un jour que si on volait, il fallait le faire « intelligemment » c’est-à-dire pas trop à la fois.Pour certains politologues congolais, comme Jean Omasombo, cette pratique remonte… à l’époque coloniale : « Comment croyez-vous que les évolués arrivaient à répondre aux critères qui leur étaient posés pour obtenir leur statut et qui les obligeaient à ressembler le plus possible aux Belges ? Leur salaire ne leur donnait pas les moyens de se procurer de telles conditions matérielles, il fallait qu’à leur niveau, ils tentent de détourner un peu, ou beaucoup d’argent… »

D’autres évoquent les « chefs médaillés », ces interlocuteurs privilégiés de l’administration coloniale qui avaient souvent remplacé d’autres leaders plus rétifs : leur soumission aux ordres et aux règlements n’avait-elle pas été obtenue en échange de quelques faveurs ?

Pour bien des intellectuels congolais, c’est à la veille de l’indépendance que la corruption des élites politiques s’est véritablement instituée : alors que les partis se constituaient, sur une base unitaire comme le MNC de Lumumba, ou fédéraliste comme l’Abako, ce sont les Belges qui mirent en lice une autre formation, le PNP (parti national populaire) composée des « modérés ». L’opinion, se contentait d’une appellation plus explicite : « parti des nègres payés »…
Des négociateurs « achetés »

Le cofondateur du MNC, Albert Kalondji, se souvient lui de la Table ronde économique : « Les vrais leaders étant en campagne électorale, nous n’avions envoyé à Bruxelles que des subalternes. Les Belges leur avaient dit “ne prenez rien avec vous, sur place on vous fournira ce dont vous avez besoin”. Ils tinrent parole : les délégués venus de Kinshasa, comme les étudiants qui se trouvaient déjà en Belgique, se retrouvèrent dotés d’une voiture avec chauffeur, d’argent de poche, d’un costume neuf. »

Les travaux de la commission parlementaire consacrée à l’assassinat de Lumumba ont indirectement confirmé cette pratique de la corruption, établissant que le ministre des Affaires africaines (qui avait remplacé le ministre des Colonies) avait, jusqu’au milieu des années 70, bénéficié d’une « cassette », de fonds secrets pour mener sa politique congolaise. Pour Jean Omasombo, « il est clair que les membres du groupe de Binza, ces jeunes intellectuels, étudiants en Belgique pour la plupart, qui furent appelés par Mobutu lorsqu’il “mit en congé” la classe politique, avaient été soudoyés par les Belges… » Pour l’auteur d’une biographie de Lumumba, « ceux qui refusaient d’être corrompus couraient le risque d’être écartés ou assassinés, ils étaient qualifiés d’“extrémistes” ».

Les premières années de l’indépendance allaient ainsi confirmer la croyance selon laquelle on peut faire de la politique pour s’enrichir. Mobutu lui-même devait déclarer par la suite, sachant de quoi il parlait, « il y a les corrompus, mais il y a aussi les corrupteurs… » Ses 32 années de règne allaient être considérées comme celles des « anti-valeurs » où, à tous les niveaux, la corruption s’érigea en système et pour gangrener tout le système social.

Les années de guerre et de pillage, suivies par les années de pouvoir partagé, allaient aggraver le « haut mal » du Congo, la corruption étant le seul point d’entente commun entre toutes les élites. « Le sixième chantier, celui de la reconstruction morale, n’est pas encore ouvert », conclut le politologue Wamu Oyatambwe.

© Le Soir : BRAECKMAN,COLETTE