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-Les têtes couronnées de la Majorité présidentielle (MP) se sont retrouvées, hier lundi dans la cité de Kingakati, autour de leur chef, Joseph Kabila Kabange. La rencontre était cruciale. Car, elle faisait suite au coup de gueule du Mouvement social pour le renouveau (MSR) dans la déclaration du 12 août 2014. Au terme des échanges, le bureau politique de la MP a reçu de nouvelles orientations qui se résument en deux mots : cohérence et cohésion. Mais, par-dessus tout, la Majorité a annoncé les couleurs. En interne, elle travaille sur un projet de Constitution censé, selon elle, ouvrir la voie à la 4ème République. La Majorité assume son choix. A Kingakati, elle s’est donné les moyens pour le réaliser.
L’appel du 12 août du Mouvement social pour le renouveau (MSR) par lequel il réclamait un « débat interne franc » au sein de la Majorité présidentielle sur l’épineuse question de la révision de la Constitution a eu des échos favorables auprès de Joseph Kabila, autorité morale de la MP. Annoncée bien avant par Aubin Minaku, secrétaire général de la MP, au terme d’un entretien avec le bureau politique du MSR, la Majorité s’est retranchée hier lundi dans un mini-conclave autour de son chef, Joseph Kabila.
Et, comme dans des circonstances antérieures, c’est à Kingakati, cette cité isolée de la périphérie Est de la ville de Kinshasa, que le bureau politique de la MP s’est donné rendez-vous autour de son autorité morale. Tous les bonzes de la MP ont répondu présents à la rencontre – chefs des partis et personnalités indépendantes.
Comme les cardinaux qui se retirent dans la chapelle Sixtine pour décider du sort de l’Eglise catholique romaine, c’est à Kingakati, ce lieu mythique de la Majorité, que la MP a adopté la nouvelle ligne à suivre. Le lundi 25 août 2014, la tradition a été respectée.
A Kingakati, l’autorité morale de la MP a battu le rappel des troupes pour non seulement satisfaire au désiderata du MSR, deuxième force politique de la Majorité, mais surtout ramener de l’ordre dans la famille en vue de se lancer en rangs serrés dans la bataille. La bataille promet d’être rude et âpre. Une chose est vraie : la Majorité tient à son projet de révision de la Constitution. Et rien ne devait l’empêcher de le concrétiser.
A Kingakati, au-delà de l’appel à la cohérence et la cohésion lancé par Kabila, la Majorité a clairement dévoilé ses choix. Il s’agit de l’émergence d’une nouvelle République, totalement démarquée de celle qui s’est créée avec la dynamique du dialogue inter congolais de Sun City en Afrique du Sud. Exit donc, la Constitution du 18 février 2006, à en croire les personnalités ayant participé à cette grand-messe.
Quant à la révision de la Constitution, la Majorité n’en fait plus mystère. En cette matière, la Majorité a d’ores et déjà annoncé les couleurs. Elle a ouvertement révélé ses intentions d’amener le peuple à adhérer à la logique d’une nouvelle Constitution qui, selon elle, corrige les erreurs et les irrégularités contenues dans celle adoptée par référendum en 2006. La pilule est certes amère, mais la Majorité n’est pas prête à baisser prise. Mais, c’est sans compter avec les dissensions internes qui minent les rangs. La déclaration du 12 août 2014 du MSR rentre dans ce cadre. Et la sincérité des acquiescements quasi-unanimes est sujette à réflexion.
Le flou persiste
De l’avis de Lambert Mende, membre du bureau politique de la MP, présent à la réunion de Kingakati, l’autorité morale de la Majorité a appelé les membres de sa famille politique à la cohérence et à plus de cohésion.
Ancré dans la réalisation du programme qui le lie avec le peuple congolais depuis sa réélection en 2011, Joseph Kabila a invité la Majorité à privilégier les intérêts nationaux. Il a dès lors dicté une nouvelle ligne de conduite. Pour Joseph Kabila, l’urgence est de se concentrer sur le contrat qui le lie encore au peuple. Il s’est dès lors abstenu, à en croire Mende, de parler de 2016. De même, il attend voir les membres de la Majorité évoluer dans cet état d’esprit.
Dans tous les cas, Joseph Kabila, toujours selon Lambert Mende, s’est dit confiant en la capacité de la Majorité à relever les défis qu’elle s’est fixés depuis 2011. Pour Joseph Kabila, la Majorité devait, de toute urgence, resserrer davantage ses rangs pour la réalisation de son projet de société, le seul, rapporte Mende, citant Joseph Kabila, qui soit le mieux structuré.
Il y a cependant un autre son de cloche. Mais, sur la question de la révision-changement de la Constitution, la Majorité n’est pas disposée à transiger. De ce point de vue, il faut dire que la Majorité a totalement bifurqué. Elle s’est inscrite sur un schéma dont les méandres ne sont maîtrisés que par elle seule.
A Kingakati, au-delà de l’appel à la cohérence et à la cohésion, la Majorité assume désormais publiquement sa ligne. Les préoccupations et interrogations ainsi que les inquiétudes exprimées par MSR ne pèsent pas suffisamment sur la balance au point de retarder cette nouvelle orientation. A la Majorité, c’est le quitte ou double.
Pourtant à Kingakati, le MSR a tenté tant bien que mal de se défendre. Il a appelé en vain la Majorité à la raison. Par respect, se dit-il, à la charte qui crée et organise la Majorité présidentielle. Sa voix n’a pas été entendue, noyée dans les sons discordants distillés par l’aile dure de la Majorité.
Un nouveau gouvernement avant le 15 septembre
Le schéma pour y arriver a été sérieusement tracé à Kingakati. Il passe par plusieurs scenarii. La procédure en étude au niveau de la Majorité prévoit un dialogue destiné à aplanir les divergences pour mieux préparer le terrain à la proposition d’une nouvelle Constitution ; celle de la 4ème République. Le dialogue devait être ouvert à toutes les forces vives de la nation. Il s’inspirera des ratés de dernières concertations nationales. Le but ultime est de fédérer davantage les énergies autour de l’action d’un gouvernement de large union nationale. Une chose est sûre, il pourrait sortir de la voie et le format tracés par les concertations nationales. C’est ce nouveau gouvernement qui se chargera alors de proposer par voie référendaire la Constitution de la 4ème République. Ainsi en a décidé la Majorité.
A Kingakati, des rôles ont été distribués. Le MSR, réticent au regard de sa déclaration de 12 août 2014, est totalement isolé. La Majorité ne reculera devant aucun obstacle, s’est-on dit à Kingakati. Selon certaines indiscrétions, Joseph Kabila a promis un gouvernement avant le 15 septembre 2014. C’est ce gouvernement, placé vraisemblablement sous la direction de Matata, qui aura la tâche de réaliser le schéma tracé à Kingakati.
Quel est donc ce coup qui se prépare au sein de la Majorité ? La question taraude les esprits. Difficile de se hasarder cependant sur ce terrain, dont seule la Majorité maîtrise les contours. Toujours est-il que la Majorité se fixe une ligne à suivre. Elle va bien au-delà du débat de la révision de quelques articles de la Constitution. En réalité, ce débat dépasse ce cadre étriqué.
Depuis hier lundi 25 août, on sait désormais ce qui se trame au sein de la Majorité. Tout le discours est centré sur un seul et unique idéal : une nouvelle Constitution qui inaugure la 4ème République. Ce schéma n’inclut pas la révision de l’actuelle Constitution. Il est diamétralement opposé à ce schéma. Il s’agit d’une nouvelle Constitution, d’une Constitution neuve, prélude d’une 4ème République où tous les compteurs sont remis à zéro – en ce compris le mandat du président de la République. Voilà la principale conclusion de la Majorité à Kingakati.
La cohérence et la cohésion dont il a été question hier lundi à Kingakati s’inscrivent donc dans cette nouvelle ligne offensive voulue par la MP. Tout comme le MSR, quiconque se hasarderait de se mettre au travers de ce projet au sein de la Majorité, ne risque-t-il pas de se mettre en quarantaine ? La quatrième République s’annonce donc avec son lot d’espoir que vend la Majorité, mais aussi d’inquiétude sur un éventuel saut dans le vide, avec ce que cela comporte d’inconnue et de surprises agréables et désagréables.