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-Crime musulman ou crime islamiste ?
‘‘Tout ignorant est esclave’’ Proverbe italien
Par Joël Asher Lévy-Cohen *
Le reportage sur le ‘‘Marché noir’’ aux esclaves négro-africains en Libye dernièrement diffusé par la chaîne américaine d’information continue CNN a, réellement, suscité un tollé généralisé. Au-delà de l’émotionnite qu’il a, toutefois, pu assurément susciter par-ci et par-là, ce document journalistique et médiatique présente, en vérité, le mérite de rappeler, quoi que brutalement, à l’humanité tout entière que la traite négrière, autant que la traite humaine, est une dure réalité qui se pratique allégrement dans bon nombre de pays du Maghreb et du Machrek. Aussi a-t-il le mérite de rappeler que deux cents ans après leur proclamation solennelle par les révolutions américaine et française de la fin du XVIIIe siècle, les droits humains fondamentaux sont, à vrai dire, dans leur acception un idéal visiblement lointain autant qu’une une notion très largement bafouée dans le monde.
Ce qui frappe, réellement, dans ce document journalistique et médiatique à charge de la Libye, c’est le prix d’achat complètement ‘‘dérisoire’’ des esclaves négro-africains. Ces êtres humains sont facilement adjugés à moins de 1000 $ US. En effet, le prix d’acquisition le plus élevé d’un homme noir est estimé, dans cet État décomposé, à 800 $ US lors de la réalisation du reportage (août 2017). Croit-on rêver ? Il y a de quoi sursauter sur sa chaise !
Ceci revient à dire qu’un chameau, une bête d’ailleurs utilisée pour le transport tout comme la course, voire même estimée pour son lait et sa viande, coûterait réellement plus cher qu’un mâle négro-africain à la bourse animalière du Yémen ou au Marché d’Abu Dhabi. À titre d’exemple, au Maroc, le prix d’achat d’un chameau normal varie de 2 000 à 2 500 Euros. Ce qui n’est pas forcément le cas des chameaux de course. Ces bêtes reviennent excessivement cher.
En effet, lors d’une vente aux enchères au marché animalier des Émirats arabes unis (EAU), un camélidé, plutôt, destiné spécialement à la course a été acheté par un riche collectionneur omanais Naeem al-Ghilan à 530 000 Euros. Toutefois, un chameau de course de race pure – un pur boss de haute lignée – peut en réalité coûter jusqu’à plus de 3 millions d’Euros. Les chamelles peuvent encore valoir plus cher (Source Internet).
Il en est de même pour un cheval ‘‘pur-sang’’. Cet animal, d’ailleurs, fort prisé de riches fortunes du Proche-Orient peut être vendu dans bien des pays du Golfe arabo-persique à des prix exorbitants. Son prix peut facilement grimper et atteindre la bagatelle de 20 millions de dollars US. Cependant, le cheval de course le plus cher dans le monde Frankel a été évalué, il y a cinq ans, à 200 millions de dollars US après sa quatorzième victoire de la compétition. Il appartient au prince saoudien Khalil Abdullah[i].
Autre fait troublant, ce marché clandestin destiné à vendre des esclaves négro-africains, lequel se tient nuitamment dans la périphérie de la capitale Tripoli, est lourdement protégé par des hommes encagoulés. Ceux-ci portent autant des armes que des treillis militaires. Force est de constater que leur identité n’est pas du tout révélée.
En tout état de cause, s’agit-il des islamistes armés rapatriés au Maghreb après la débâcle de l’État islamique[ii] de triste mémoire en Syrie dans le but de déstabiliser cette région riche en hydrocarbures ? S’agit-il, en réalité, des individus ou groupes maffieux à la solde exclusive du pouvoir militaire issu de la décomposition de l’armée régulière et du délabrement forcé du pays par les forces militaires de l’OTAN en 2011 ? S’agit-il, en fait, de ces nombreuses milices armées qui essaiment comme des champignons toxiques dans cet État démantelé après la chute brutale du régime incarné de main de maître par le colonel-guide Mouammar el-Kadhafi ?
En d’autres termes, qu’est-ce qui explique véritablement ce commerce odieux ? Quels en sont les soubassements et les enjeux fondamentaux ? Qui en est le principal initiateur ? Qui en est le véritable bénéficiaire ? Qui en sont effectivement les animateurs de réseau ?
Ce qui est clair, la Libye est devenue, de nos jours, le point de chute ou de convergence des forces islamistes totalement défaites en Irak post-Saddam Hussein et en Syrie de Bachar el-Assad. Ces nébuleuses qui s’articulent autour de l’État Islamique, ont pratiqué, il n’y a pas si longtemps, l’esclavage sexuel des femmes et filles yazidi. Il importe d’admettre que ce crime épouvantable a complètement ému la planète Terre et, surtout, soulevé une avalanche de protestations de quatre coins du monde.
Il sied de mentionner qu’à l’époque fastueuse du colonel-guide suprême de la Jamahiriya, les populations négro-africaines, entre autres celles faisant partie du Fezzan libyen, vivaient sans nul conteste dans des conditions somme toute respectables. C’est également le cas des populations immigrantes en provenance du Sahel limitrophe. Dans ce pays considéré jadis comme un véritable eldorado, ces sujets subsahariens avaient, sans l’ombre du doute, un niveau de vie économique appréciable, à plus forte raison des droits sociaux enviables. Par conséquent, qui devrait normalement être blâmé devant ce spectacle révoltant, ahurissant, de marchandage d’êtres humains, a fortiori négro-africains ? L’identité des responsables ne fait réellement aucun doute…
Autre fait tout à fait marquant, les images de CNN montrent deux esclaves négro-africains mâles arborer, comme si de rien n’était, un sourire après qu’ils aient été réellement vendus à leurs maîtres. Il y a de quoi vraiment s’interroger sur leur attitude dont la complaisance voire l’inconscience laissent évidemment perplexe, inexorablement pantois. En effet, que signifie effectivement, exactement, dans ces circonstances dramatiques ce sourire ?
S’agit-il pour ces damnés de la terre d’un moment de soulagement ? S’agit-il en fait d’une moquerie de leur condition déshumanisante ? S’agit-il d’une approbation de leur nouveau statut de bien meuble en plein 21e siècle ?
Cependant, hormis la main et l’avant-bras, les images choc de CNN ne montrent nullement le visage du fameux adjudicateur. Elles n’exposent pas non plus celui des clients acheteurs d’esclaves. Pourquoi ? Pourtant, l’on peut aisément distinguer la couleur foncée de la peau – une partie du corps du commissaire-priseur qui dirige dans cette bourse on ne peut plus particulière et singulière la vente décriée d’esclaves négro-africains -. Ce qui est, tout à fait, sûr et certain, l’adjudication se déroule en langue arabe. Mais quelle est la véritable identité des acheteurs ?
That’s the question…
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
www.joelasherlevycohen.over-blog.com
https://www.youtube.com/watch?v=qQJGe2gtoAo
Par son impact auprès de l’opinion publique internationale et la force poignante des images diffusées, le reportage de la fameuse chaîne d’information continue américaine CNN sur le marché clandestin destiné à la vente des esclaves négro-africains a complètement fait voler en éclats le mythe pacifique et égalitaire de l’Islam.
En un clin d’œil, ce document journalistique et médiatique a complètement trucidé l’Union africaine (UA) qui rassemble arabo-musulmans et négro-africains. En un tour de main, il a totalement détruit la solidarité et la fraternité qui, dans ce cadre, devraient normalement prévaloir entre sujets maghrébins d’Afrique du Nord et ressortissants négro-africains et subsahariens.
Ce document audiovisuel a, certes, réussi à creuser un fossé abyssal entre populations arabo-musulmanes et populations négro-africaines. Il a très nettement et très clairement renforcé l’image négrière du ressortissant arabo-musulman dont la culture est, désormais, perçue voire interprétée comme incompatible avec la modernité ambiante.
Par conséquent, la tradition morale et spirituelle, les croyances religieuses, la civilisation millénaire dont sont manifestement tributaires les ressortissants arabo-musulmans, sont dorénavant regardées comme foncièrement incompatibles avec la notion cardinale ou l’idéologie des droits fondamentaux de la personne humaine.
[i] Sputnik, 21 octobre 2012.
[ii] L’État islamique (EI), connu le pseudonyme de Daech ou l’acronyme ISIL, s’est adonné impunément à l’esclavage sexuel des femmes yazidi en Syrie et en Irak.