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Par J.-P. Mbelu -Un autre « parti du changement » est né. L’adhésion de tous les partis politiques Congolais à l’impératif du changement est, à première vue, une bonne nouvelle. Mais elle appelle une certaine prudence : la fétichisation du mot « changement » peut constituer un danger pour notre devenir commun. Les hommes et les femmes politiques pourraient se passer des procédures de reddition des comptes et jouer sur la fibre sensible des populations fatiguées de vivre dans un Etat-manqué pour servir de « commissionnaires » des intérêts autres que ceux des Congolais(es). Il faut être vigilant ! Hier, dimanche 24 juillet 2011, une nouvelle formation politique est née à Kinshasa. Il s’agit de l’Union des Forces du Changement. Son chef est l’actuel président du Sénat Congolais, Léon Kengo wa Dondo. L’Union des Forces du Changement se veut un parti de l’opposition. Sa dénomination, note Amba Wetshi, est « tout un programme ». (Lire Présidentielle 2011 : Kengo fait un pas vers l’arène, sur www.congoindependant.com) Le discours prononcé par Léon Kengo wa Dondo à la sortie de son parti revient sur plusieurs lieux communs : Etat ekufi (l’Etat est mort) ; la pauvreté dont souffre la Congo n’est pas une fatalité ; l’ignorance non plus ; ensemble, nous pouvons changer le Congo ; présentons un candidat consensuel aux élections de 2011, etc. Disons que ce discours est clair, tourné vers l’avenir, accrocheur, rassembleur, etc. Néanmoins, la sortie de l’UFC ainsi que celle de beaucoup d’autres partis politiques dits de l’opposition ayant participé à la dernière législature et nés à la veille des élections probables de 2011 pose quelques questions. Il est encourageant d’entendre les leaders de tous ces partis en appeler à l’impératif du changement dans notre pays. Notre inquiétude est que le mot changement soit fétichisé ; que nos hommes et femmes politiques puissent croire qu’il suffit de prononcer le mot « changement » pour qu’il s’opère comme par coup de baguette magique. La gestion des choses de la cité obéit quand même à certaines règles et à certaines procédures pouvant rendre le changement possible. L’une de ces procédures est celle de la reddition des comptes. A défaut d’une reddition des comptes permanente au cours d’une législature, il sied qu’à la fin de celle-ci, elle ait lieu devant celui que Léon Kengo nomme, dans son discours, « mokolo tonga », « le peuple ». Que « le mokolo tonga » ait le temps d’évaluer, à base des informations correctes mises à disposition, ceux et celles qui ont participé à la législature finissant et qu’il en tire les leçons pour la suite des évènements politiques. Au lieu de cela, qu’est-ce que nous remarquons ? Une législature touche à sa fin. Certains de ses gestionnaires « se sauvent » ; ils sautent de la barque et appellent à l’union de toutes forces de l’opposition pour le changement. Sous d’autres cieux, c’est l’alternance politique qui permet que les gestionnaires de la chose publique d’hier deviennent les opposants de demain quand, après la reddition des comptes, le peuple les sanctionne négativement. Chez nous, la politique se fait en marge de toute sanction positive ou négative. Certains gouvernants de la majorité dirigeante abandonnent une partie de « leurs amis » à la veille des élections et confessent qu’ils sont devenus opposants au système qu’ils ont servis. Profitant de l’ignorance de la population qu’ils décrient, ils remplissent les stades et se positionnent pour l’avenir. Et tous avouent qu’ils ont une vison pour changer le Congo…Dès que vous leur posez la question de savoir pourquoi ils n’ont pas pu infléchir le système qu’ils ont servi de l’intérieur, ils disent avoir assumé leur part de boulot et que ce sont « les autres » qui se sont inscrits en faux contre le changement. Revenons un peu au discours de Léon Kengo wa Dondo. Quand il soutient que « Etat ekufi », qu’il n’y a plus d’Etat, peut-il nous indiquer les mécanismes ayant participé à la liquidation de l’Etat au Congo dit démocratique ? Quand est-ce que « l’Etat est mort » chez nous ? Nous estimons que le leader de l’UFC fera exception en répondant à cette question. Pour cause. Les derniers-nés de « l’opposition congolaise » sont, pour certains d’entre eux, allergiques aux questions liées à notre histoire commune. Or, les peuples qui oublient leur histoire sont appelés à la reproduire. Regarder vers l’avenir ne devrait pas nous dispenser de questionner notre histoire pour en corriger les erreurs. Pour rappel, la liquidation de notre Etat (mercenaire ?) s’est accentuée avec l’application, chez nous, des mesures d’austérité prônées par le Fonds monétaire international au moment où « l’homme de la rigueur » était Premier ministre de Mobutu. Admis à la légion d’honneur française la veille du choix de Christine Lagarde (ex-ministre de Nicolas Sarkozy) comme Présidente de cette institution de Bretton Woods, « Léon » qui ne fait rien au hasard, ne vient-il pas servir la carte que jouent la France et les autres partenaires traditionnels de notre pays chez nous ? Déloger la Chine en Afrique et au Congo est un objectif stratégique important pour la France , les USA et leurs alliés. Ils sont en train de le réaliser en revenant à « leurs vieilles amours ».Ignorer cet objectif stratégique à la veille des élections probables de 2011 serait une bêtise.La guerre entre la Chine et l’Occident se mène sur le sol africain et congolais. Pour certains milieux Occidentaux, Joseph Kabila, en ouvrant notre pays à la Chine , les a trahis. Ils sont à la reconquête de « leurs alliés Congolais de toujours », capables de fragiliser les investissements chinois et de maintenir l’axe Congo-Rwanda à leur service. Est-ce un hasard que Nicolas Sarkozy qui a admis Léon Kengo à la légion d’honneur française soit le même qui va recevoir Paul Kagame au mois de septembre ? Comprenne qui pourra ! Passons. Les hommes changent. Il se pourrait que « Léon » et ses alliés aient choisi, cette fois-ci, de relever le défi du changement chez nous. Mais il serait important qu’ils sachent que remettre le pouvoir au peuple ne se limite pas à l’inviter aux élections. Ce peuple a besoin de la mise sur pied des procédures claires de contrôle de ses gouvernants, d’une presse libérée du « coupagisme » et d’une participation active au débat public sur les questions engageant notre devenir commun. Sous d’autres cieux (au Venezuela par exemple), pour aider le peuple à contrôler ses gouvernants, un référendum révocatoire a été institué comme droit civique. Le peuple peut, à mi-mandat d’une législature, révoquer l’un ou l’autre de ses gouvernants. Il suffit que l’opposition réunisse un certain nombre de signatures pour que ce référendum soit convoqué et que le peuple se décide. Dans notre pays où la reddition des comptes est la chose la moins partagée depuis plus de trois décennies, un référendum révocatoire serait l’une des mesures attestant que les gouvernants veulent réellement remettre le pouvoir au « mokolo tonga », au peuple. Lui garantir les droits civiques, les droits socio-économiques, les libertés fondamentales et le soutenir dans ses efforts pour les convertir en liberté réelle témoignerait de ce changement que tous nous appelons de tous nos vœux Les discours ne suffisent pas. Pour rappel, la pauvreté du Congo (RD) est un appauvrissement auxquels les Institutions Financières Internationales, les multinationales et leurs « commissionnaires nationaux » ont participé. L’ignorance a été, dans une large mesure, entretenue par ces « commissionnaires nationaux » et un certain nombre d’églises pour éviter une sérieuse remise en question du système de notre commun assujettissement et abâtardissement. J.-P. Mbelu |