Les mouvements djihadistes au Sahel ressemblent à une flaque de mercure sur le sol : frappée, elle éclate en une multitude de billes toxiques qui se dispersent. Les violences meurtrières qui déstabilisent le Burkina Faso, et notamment l’est du pays depuis le printemps, ne peuvent être dissociées des opérations militaires menées dans la zone dite « des trois frontières » (Mali, Niger, Burkina Faso) par les armées nationales de ces pays, par les Français de la force « Barkhane » et, bien que moins opérationnelle, par la force régionale conjointe du « G5 Sahel ».
Plus généralement, depuis le début de l’intervention militaire française au Mali en janvier 2013, les groupes armés se sont multipliés ; l’espace contaminé par les violences s’est étendu, réduisant d’autant la capacité de faire avancer des projets de développement dans des régions marginalisées et paupérisées.
En visite vendredi 19 octobre à Ouagadougou, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a pu constater l’ampleur du problème. L’Institut français ne rouvrira qu’en février 2019 au plus tôt. Il avait été fermé depuis l’attaque simultanée en mars de deux commandos du groupe djihadiste Al-Mourabitoune – affilié au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lui-même filiale d’Al-Qaida dans l’ouest du Sahel – contre l’état-major de l’armée burkinabée et l’ambassade de France.
De même, la Maison de la jeunesse et de l’innovation tout juste inaugurée dans la capitale, et censée marquer l’esprit de la nouvelle politique française d’Emmanuel Macron à destination de ses « partenaires » africains, devra attendre avant de pouvoir accueillir un large public.
« Etape constructive »
Un programme d’aide française de plusieurs millions d’euros dans le nord du Burkina Faso est également mal engagé. Le soir de l’arrivée de M. Le Drian à Ouagadougou, la gendarmerie de Djibo, l’une des principales villes du nord du pays, était en effet attaquée,…