-Alors que les pourparlers de Kampala se poursuivent, une délégation du M23 a rencontré la « facilitation » ougandaise pour protester contre l’occupation de certaines des positions rebelles par les Forces armées de la RDC (FARDC). Le groupe armé donne 48 h à l’armée congolaise pour se retirer sous peine de riposter. Plusieurs sources ont même confirmé un accrochage, le mardi 15 octobre 2013 au matin, entre les rebelles et des soldats congolais. En RDC, les rebelles accusent les militaires congolais de compromettre les discussions de paix en cours à Kampala. Le M23 accuse les FARDC d’occuper certaines de ses positions dans l’est du pays. « Nous protestons contre les préparatifs de guerre et surtout les actes de guerre de ces derniers jours qui ont été lancés par les FARDC contre les positions du M23, explique le président du groupe rebelle, Bertrand Bisimwa. Vous savez que, depuis plus de deux semaines déjà, les FARDC sont en mouvement vers nos positions sur toutes les lignes de front et nous avons dénoncé cela ». Le M23 assure que les forces gouvernementales les ont attaqués dans la nuit de lundi à mardi : « Ce mardi matin, à 2 h, les FARDC ont attaqué nos positions à Kanyamahoro et nous avons pensé qu’ils venaient de franchir la ligne rouge et il était de notre droit d’aller présenter la situation à la “facilitation”, avant que nous ne réagissions, précise Bertrand Bisimwa. Et c’est ainsi que nous avons tenu à exiger le retrait immédiat de cette fameuse armée FARDC de nos positions à Kanyamahoro. Nous avons tenu à exprimer ça de vive voix parce que nous pensons qu’il s’agit là d’une menace réelle contre le processus de paix, contre laquelle nous ne saurons pas attendre longtemps sans réagir ».
Démenti du côté congolais
Les autorités congolaises partagent le même sentiment : la situation doit changer rapidement. En revanche, la version des derniers événements est très différente puisque le gouvernement assure qu’il n’y a pas eu d’attaque mais que les militaires ont été provoqués par les hommes du M23.
Pour le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mendé, les FARDC ont strictement respecté les consignes du gouvernement : « Les FARDC ont des ordres qu’ils suivent de manière très stricte et ils ont un ordre précis de ne faire que se défendre. C’est notre politique, ce n’est pas par crainte, c’est par souci de respecter la parole donnée. Donc, ni à Kanyamahoro, ni ailleurs, les FARDC n’ont attaqué. C’est le M23 qui a attaqué les FARDC et ça ne peut pas continuer indéfiniment. On va arriver à un moment où il va falloir renvoyer quelque chose. Ils parlent comme s’ils étaient un Etat qui était attaqué par un autre Etat. Il s’agit d’un groupe de malfrats, il s’agit d’une force qui a été qualifiée de négative par la communauté internationale. Quelle ligne rouge ? Quelle est la frontière ? Ils contrôlent quoi, mandatés par qui, élus par quel peuple ? Il s’agit de bandits qui essayent d’adopter un langage d’Etat civilisé, ça ne nous impressionne plus »
Le Rwanda dément une nouvelle fois tout soutien au M23
Les Etats-Unis accusent le Rwanda d’encourager indirectement l’enrôlement d’enfants-soldats dans l’est de la République démocratique du Congo et sur le sol rwandais, en soutenant les rebelles du M23. Washington a d’ailleurs décidé de suspendre son aide militaire pour l’année prochaine. Une décision dénoncée par le président Paul Kagame qui indique pourtant qu’elle ne remet pas en cause l’ensemble des relations de son pays avec les Etats-Unis.
« Les gens font des erreurs en tirant des conclusions hâtives, déclare Paul Kagame. Vous dites, au Congo, il y a un groupe qui, selon vous, recrute des enfants-soldats. Ce groupe mérite de répondre de ses actes, mais les erreurs qui ont été faites, si elles sont prouvées, ne sont pas les erreurs du Rwanda, parce que l’on ne fait rien de tel. Nous ne recrutons pas d’enfants dans notre armée. Mais au delà de ça, je pense que nous sommes toujours de bons amis avec les Etats-Unis, souvenez-vous que les bons amis peuvent avoir des désaccords et cela n’a pas d’importance de savoir qui a tort ou qui a raison. Ne tirons pas de conclusions hâtives, attendons et voyons comment nous pouvons repartir de l’avant, je ne pense pas qu’il y ait de problèmes ».