Le pape François a démis de l’état clérical le prêtre chilien Fernando Karadima, 88 ans, dont les abus sexuels et de conscience commis pendant des décennies sur de jeunes garçons, des séminaristes et des prêtres, dans sa paroisse d’El Bosque, à Santiago, sont à l’origine de la crise actuelle du clergé chilien. Cette décision a été annoncée vendredi après-midi 28 septembre par un communiqué du Vatican.
Le pontife « a pris cette décision exceptionnelle en conscience et pour le bien de l’Eglise » , précise le bulletin du service de presse du Saint-Siège. Il est précisé que François a agi en vertu du canon 331, qui lui confère dans l’Église « le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel qu’il peut toujours exercer librement » . Autrement dit, c’est un acte d’autorité. « Nous étions devant un cas très sérieux de putréfaction, a commenté le chef du service de presse du Vatican, Greg Burke, et il fallait en extirper la racine. »
Cette décision intervient huit ans après la condamnation de Fernando Karadima à une vie de prière et de pénitence pour s’être rendu coupable d’« abus de mineurs » , de « délit contre le sixième commandement [« tu ne commettras pas l’adultère »] commis avec violence » et d’« abus dans l’exercice du ministère » sacerdotal par la Congrégation pour la doctrine de la foi, chargée au Vatican de juger les abus sexuels sur mineurs commis par des clercs. Il avait fallu que quatre de ses victimes se résolvent à témoigner à la télévision à visage découvert, en 2010, pour que les protections dont avait bénéficié ce prêtre influent au sein de l’épiscopat chilien finissent par céder, après l’avoir couvert pendant si longtemps. Pourtant, l’Eglise avait choisi de ne pas le défroquer.
Lorsqu’il s’était rendu au Chili, en janvier, le pape François avait montré à quel point il méconnaissait, ou ne voulait pas connaître, la réalité des accusations…