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-La Cour des comptes européenne juge que l’impact de l’aide apportée par la Commission européenne à la République démocratique du Congo reste très limité. Dans un rapport évaluant – partiellement – les quelques 1,9 milliard d’euros dépensé par l’Union européenne en RDC entre 2003 et 2011, la Cour européenne des comptes juge que la Commission s’est montrée incapable de fixer des objectifs réalistes. La Cour des comptes européenne vient de publier un rapport sur l’impact de l’aide apportée par la Commission européenne à la République démocratique du Congo. L’étude porte sur la période 2003-2011, au cours de laquelle l’Union européenne, principal bailleur du pays, avait dépensé quelque 1,9 milliard d’euros. Progrès « limité ». La Cour des comptes européenne n’étant pas en mesure d’évaluer l’ensemble des projets et fonds engagés, elle n’en a étudié qu’un échantillon, représentant tout de même un cinquième de toute l’aide apportée. Une aide qui porte essentiellement sur les secteurs de la bonne gouvernance, du développement, de l’aide humanitaire et de la réforme du secteur de la sécurité. Pour la Cour des comptes européenne, l’impact de ces aides est «limité». «Le progrès est lent, inégal et globalement limité», lit-on dans ce rapport, qui affirme que «moins de la moitié des programmes examinés» ont tenu leurs objectifs ou sont en passe de les tenir. Le rapport s’interroge aussi sur la durabilité des projets engagés. Les raisons avancées sont multiples : absence de volonté politique, corruption, problèmes de légitimité et de capacités à réformer ou à faire fonctionner son administration. C’est aussi parce la RDC est un Etat dit «fragile » que la Cour des comptes européenne a décidé de se pencher sur ce cas particulier.
Objectifs peu réalistes
Les auteurs du rapport s’étonnent notamment de voir qu’en dix ans, entre le début de la transition et aujourd’hui, le salaire des députés a été multiplié par 10, pour atteindre les 13 000 dollars en 2012 (environ 9 500 euros). Le rapport pointe également le fait qu’en 2011, les dépenses de la présidence, du Premier ministre, de l’Assemblée nationale et du Sénat ont représenté trois fois plus que le budget alloué à la Santé.
Pourtant, la Cour ne vise pas les autorités congolaises, mais bien la Commission européenne, incapable, selon ce rapport, de déterminer des objectifs réalistes ou pertinents. Les auteurs soulignent, entre autres, le peu d’aides accordées aux provinces les plus pauvres du pays comme l’Equateur, le Maniema ou les Kasaïs.
La problématique de la gouvernance
La Commission s’est révélée incapable, également, de poser des conditionnalités et d’ouvrir avec Kinshasa un dialogue susceptible de permettre une meilleure utilisation de l’aide et de favoriser la bonne gouvernance au Congo.
Une occasion manquée d’insister sur les principes : l’élection présidentielle de 2011. Trop peu et trop tard, juge la Cour européenne des comptes, après examen des décisions prises par Bruxelles tout au long de ce processus électoral contesté. En résumé, la cour appelle la commission à revoir sa copie et notamment à demander des comptes sur l’utilisation des fonds engagés.
Des progrès ont été faits, selon la Commission
«Evidemment, on pense que la question de la gouvernance est l’une des plus difficiles. Celle où, parfois, il peut y avoir des résultats qui ne sont pas assez rapides, comme on peut les avoir dans la Santé, quand on fait un hôpital, des infrastructures, que l’on construit des routes », reconnaît Alexandre Polack, porte-parole du Commissaire européen au développement, Andris Piebalgs. « Mais on pense que c’est important, et qu’il est normal que les projets soient lents. Ils prennent du temps, mais ils montrent quand même des résultats», insiste Alexandre Polack.
«Si on compare à 2003, le début de cette période, là, on travaillait avec une administration quasiment inexistante. On était dans un pays où il n’y avait pas du tout d’administration», rappelle-t-il. Evoquant une situation «difficile», il affirme que les aides apportées par l’Union européenne ont permis de «mettre en œuvre des projets où on améliore la situation de la police, de la justice. Ça prend énormément de temps. Mais il y a vraiment un début de progrès. On le sent sur les secteurs comme les infrastructures ou la santé, où on arrive vraiment à avoir un impact pour améliorer la santé maternelle ou, par exemple, construire la route nationale n°1.»
Le gouvernement congolais s’estime tenu à l’écart
Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mendé, qualifie pour sa part le rapport de «questionnable». «Ce sont des gens qui n’ont qu’une connaissance imparfaite de la situation en République démocratique du Congo qui peuvent se permettre de tels commentaires», accuse le porte-parole du gouvernement congolais. «La réalité, c’est que, depuis les années Mobutu, depuis la deuxième République, l’Europe – plus que d’autres partenaires en République démocratique du Congo – a toujours tenu à l’écart les dirigeants de la RDC dans le choix des projets, dans la réalisation de ceux-ci.»
Affirmant que les ministres congolais sont «souvent réduits à aller inaugurer des projets auxquels ils n’ont jamais participé, ni à la conception, ni au contrôle et à l’évaluation», il juge que les reproches que porte le rapport de la Cour des comptes européenne «peuvent, peut-être, être adressés à l’Europe».
Par Sonia Rolley (RFI)