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Les deux hommes sont désormais unis pour le meilleur et le pire.Le ticket Tshisekedi – Kamerhe

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Par LE SOFT INTERNATIONAL
Entre les quatre murs de la résidence Pétunis à Limété, loin des témoins hormis eux-mêmes, les deux tourtereaux pparaissent s’être définitivement dits oui et convoleraient désormais en justes noces. Attention… Soumis au test humiliant de loyauté, l’ex-S-g du PPRD est dangereusement contraint d’aller de surenchère en surenchère au point de s’épuiser idéologiquement. Ils ont convolé en justes noces. Au lendemain du meeting de mardi 15 février, on pouvait douter de tout. Ça y est, il faut désormais s’y faire: les deux tourtereaux se sont passés l’un à l’autre l’alliance. Unis pour le meilleur et pour le pire. L’enjeu était trop grand.

L’enjeu: Les Kivu sans lesquels une Présidentielle est à rire!

Étienne Tshisekedi a juré de ne point laisser cette fois sa chance lui échapper. Dans ces Kivu où il y a tellement d’enjeux – l’avenir de la R-dCongo se joue dans cet Est minier, poreux et qui a le regard constamment tourné ailleurs… -, le Sphinx disposait déjà d’un pion majeur, son lieutenant de tous les temps, le Rega Valentin Mubake.

Diabolisé sinon chosifié comme jamais par sa garde rapprochée en tête les terribles Parlementaires Debout qui allèrent jusqu’à le bousculer physiquement, Tshisekedi qui sait en effet que prendre le pouvoir en R-dC signifie rassembler l’Est et l’Ouest a vite fait de sortir lui-même de ce mauvais pas l’homme qui ne pouvait s’éloigner de lui lors du Dialogue inter-congolais de Sun City qui a rebâti le pays. Mubake a donc été remis en grâce.

ILS ONT TOUS RUE SUR TSHISEKEDI POUR LUI FAIRE CHANGER D’AVIS.

Les portes de l’avenue Pétunias peuvent lui être rouvertes. Mais il fallait à Étienne Tshisekedi wa Mulumba plus que l’homme de gauche sinon d’extrême gauche qu’est Mubake l’Ayatollah. Il lui fallait un BCBG, bon chic bon genre.

Il lui fallait un Vital Kamerhe, un Shi.

Rega et Shi peuplent les Kivu. Or, qui ne sait que les prochaines joutes électorales seront tribales sinon tribalisées à outrance! Alors!

Pour les anti-Kabila, cet homme n’est pas un plus. C’est du lourd et même du très lourd. C’est du fauve, du vrai que recherchent tous les chasseurs de gros gibier…

«Il va nous apporter du résultat. Peut-être 30% – qui sait? Peut-être du 40% – de l’électorat des Kivu. Ce n’est pas négligeable», nous explique sous anonymat un ponte de l’opposition.

«Un tel homme n’est pas à snober…», poursuit-il. «On l’a expliqué à Tshisekedi.. On l’a imploré… Dieu soit loué, il a compris!»

Lumumbiste bon chic bon genre, Franck Diongo, président du MLP, Mouvement Lumumbiste Progressiste, a rué, le premier, avenue des Pétunias. Son Français châtié – nouveau look, allure d’intello – ne le quittant pas… Tout comme le président du MPCR, Jean-Claude Vuemba Luzamba.

Mission: obtenir du Sphinx qu’il reconsidère ses positions; qu’il cherche sinon à se dédire publiquement, du moins à mettre de l’eau dans son vin.

Les deux hommes – et d’autres encore – ont expliqué tout le mal qu’ils pensaient de l’ancien président de l’Assemblée nationale.

– «Il cherche à régler ses comptes à ses anciens amis. Il n’est pas crédible du tout. Mais il a le profil de l’emploi: le moment venu, il saura nous aider dans les Kivu et apportera ce dont nous avons besoin pour gagner. Il faut donc l’accepter en lui proposant d’entrer dans le ticket de l’alternance qui ferait de lui le Premier ministre. Lui seul peut réellement faire vaciller la citadelle kivutienne et assurer la victoire attendue par le peuple».

«Citadelle kivutienne»?

Les Kivu c’est la base arrière de Kabila, là où, en 2006, le candidat de l’AMP Joseph Kabila Kabange fit Bercy. Prendre les Kivu c’est mettre en péril le régime. Tshisekedi ne s’est pas fait expliquer mille fois. Le Sphinx a compris. D’où sa courbe rentrante de dimanche 20 février.

C’EST ENTRE LES QUATRE MURS DE SON BUREAU QUE L’ESSENTIEL S’EST DÉROULÉ.

Après les violentes passes d’armes – Tshisekedi estimant le 15 février lors d’ un meeting improvisé à l’occasion du 29e anniversaire de son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, célébré à Kinshasa qu’il n’a pas mené trente ans de lutte contre la dictature pour se voir contester le leadership de l’opposition, expliquant qu’il irait bien à la Présidentielle avec l’appui de l’opposition unie ou seul si nécessaire, qu’il n’admettrait «aucun compromis» sur sa candidature, l’ancien président de l’Assemblée nationale répliquant vivement qu’il a «horreur des hommes providentiels», que Tshisekedi fait «un pari risqué face à un adversaire commun de l’opposition qui a des moyens», le Député provincial de Kinshasa (Indép.) Martin Fayulu qui conduit une Dynamique Tshisekedi Président expliquant que «la communauté internationale ne comprendrait pas que l’opposition en R-dC choisisse Vital Kamerhe pour la représenter à la Présidentielle», dimanche 20 février c’est donc à des signes d’un retour à l’accalmie que le pays a assisté.

À l’occasion d’une conférence de presse dans la Capitale à laquelle il avait convié tous les leaders de l’opposition – sauf le MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo qui s’était poliment décommandé, estimant qu’il n’avait pas grand-chose à partager avec l’UDPS hormis un programme commun partagé qu’il n’est pas possible d’envisager aujourd’hui avec l’homme de Limeté -, le chef de l’UDPS a fait quasi amende honorable expliquant qu’il tenait à l’union de l’opposition, que c’est la faute aux médias qui n’avaient rien compris à son discours improvisé, qu’il avait voulu simplement insister sur le rôle qui revient à tout chef de parti de construire son parti avant d’envisager une dynamique de groupe, etc, etc.

Plus que ça c’est dans le secret de son bureau avenue Pétunias, entre quatre murs, loin d’oreilles indiscrètes que les choses sérieuses se sont déroulées. Quoi? Bien malin qui le saurait…

Arrivé peu avant la conférence de presse que le leader de l’UDPS avait convoquée, Kamerhe s’est longuement entretenu avec le leader de l’UDPS.

Plus que symbolique, son véhicule – un tout-terrain Mercedes 500 G – a été accepté, rare privilège réservé aux seuls diplomates de haut rang, par les «gardiens du temple» – ces Parlementaires Debout qui n’obtempèrent qu’à Tshisekedi et à Tshisekedi seul – de pénétrer dans la concession du patron.

Aussitôt son entretien terminé, Vital Kamerhe s’est engouffré au volant de son tout terrain, ignorant les médias lui qui souffre d’incontinence verbale, jouant les hommes d’Etat. Direction: l’aéroport de N’Djili où il serait parti raccompagner des membres de famille.

En clair, Kamerhe a rendu à Tshisekedi la monnaie de sa pièce. Il ne s’est pas rendu à sa conférence de presse préférant y déléguer un de ses lieutenants, l’ex-Député PPRD, l’ancien gouverneur Jean Bertrand Iwoka Ewanga Is’Ewanga (Équateur).

Mais Kamerhe est revenu sur les lieux trois jours plus tard, mercredi 23 février. Signe que les concertations ont commencé. Signe qu’entre les deux hommes, tout est revenu à la normale. Et cette fois, Kamerhe ne s’est pas empêché de manger du micro: «Le président a dit qu’il est ouvert au rassemblement de toutes les forces du changement. Ce rassemblement se fera le moment venu…».

JUSQU’À PRÉSENNT, ÉTIENNE TSHISEKEDI ET VITAL KAMERHE FONT JEU ÉGAL.


Puis, un tentative de remise en ordre. Que les acteurs de l’opposition se reportent à leurs partis avant de prendre position sur les questions ayant trait aux joutes électorales «afin de ne pas se tromper d’adversaire». En fait, du vrai et pur Kamerhe, très donneur de leçons. Qui parle déjà avec autorité. N’est-il pas l’homme qui a ces derniers temps le plus rencontré Tshisekedi et le plus longuement? Ceci ne lui donne-t-il pas désormais la légitimité dont il avait besoin pour prendre la parole?

Nul doute, les rencontres du 20 et du 23 février de Kamerhe chez Tshisekedi ont fait bouger les lignes. Elles sont élément de protection pour le président de l’UNC, l’Union nationale du Congo. Elles ont un effet bouclier contre d’éventuelles basses attaques.

En grand stratège – qui tire profit de toute situation -, Kamerhe trace désormais les lignes: «Le temps presse, l’opposition n’a pas droit à l’erreur». On apprend que les questions traitées ont porté sur ce qui paraît être le plus important désormais:

l’élaboration de la loi électorale (l’opposition soupçonne la majorité de chercher à tripatouiller), la Commission électorale indépendante nationale (dont le président est désormais connu, le pasteur PPRD Ngoy Mulunda), la future Cour constitutionnelle (dont le président, aux dires de l’opposition, serait déjà connu, un vrai baron du PPRD!). Cette Cour constitutionnelle qui aura pour mission de trancher les contentieux électoraux d’ordinaire légion.

SOUMIS AU TEST HUMILIANT DE LOYAUTE, KAMERHE S’ÉPUISE IDÉOLOGIQUEMENT.

Jusque là, le président de l’UDPS et le président de l’UNC font jeu égal. Ils sont ex aequo… Tshisekedi a donné des coups, Kamerhe ne s’en est pas laissé impressionner.

Au contraire, il a répondu de la manière la plus claire et la plus directe. Tshisekedi s’en souviendra…  Reste que c’est à un véritable test humiliant de loyauté que l’ex-S-g du parti présidentiel est soumis et, pour y faire face positivement, il est dangereusement contraint d’aller de surenchère politique en surenchère politique au point de s’épuiser idéologiquement.

Qui connaît Étienne Tshisekedi wa Mulumba se rassure: en l’espèce, le chef de l’UDPS est loin d’avoir dit son dernier mot. Tshisekedi a plus d’un tour dans sa manche…

L’homme qui, en 1991, contre toute attente, surprit tout le monde au Palais de marbre en refusant de jurer fidélité au Léopard. Alors que le pays était englué dans une crise politique sans précédant et que l’étranger désespérait de notre sort, Tshisekedi venait de biffer un passage du texte de sa prestation de serment constitutionnel spécialement et savamment refait par Mobutu et ses proches dont le directeur de cabinet Florentin Mokonda Bonza et, du coup, exacerbait la crise.

L’homme qui, contre toute attente, surprit tout le monde en nommant ministre des Finances un infirmier dont le seul mérite est celui d’avoir été le sien estimant qu’au moins il pouvait faire preuve de virginité et de fidélité politiques.

L’homme qui, installé à la Primature, refusa contre toute attente d’élaborer un programme économique faisant valoir le fait que le dictateur n’en avait élaboré aucun en deux décennies de règne et que les bâilleurs de fonds étrangers n’avaient jamais admonesté…

L’homme qui, contre toute attente, refusa de collaborer avec le gouverneur de la Banque Centrale Nyembo Shabani qui ne le lui pardonnera sans doute jamais, estimant qu’il était «l’homme de Mobutu» allant jusqu’à démonétiser des billets de banque faisant monter d’un cran une crise dont les effets se font encore jour aujourd’hui.

L’homme qui fit dire à l’actuel président sénégalais Abdoulaye Wade à l’époque opposant que «l’opposition zaïroise était la plus bête du monde». Désigné émissaire de l’Union africaine au lendemain des scènes de pillages et d’émeutes, Wade venait de rencontrer Etienne Tshisekedi à sa résidence de Limeté.

L’homme qui n’a pas compris, à l’âge où tout le monde entre en politique, que la politique est l’art du possible et que le pays tient pour responsable des guerres qui se sont déversées ici. Lui qui, contre tout le monde, a pensé avoir toujours eu raison…  Certains de ceux qui l’ont récemment approché disent qu’«il a beaucoup changé». Qu’à la veille de son retour au pays, ce nationaliste irrédentiste se soit rendu à la présidence française à Paris pour être reçu par un collaborateur de Nicolas Sarkozy et que désormais, il ait comme référence à chacune de ses prises de parole la Communauté internationale que jadis il abhorrait est certainement signe d’une mue évidente.

Si à l’âge où tout le monde prend sa retraite de la politique, Étienne Tshisekedi wa Mulumba apparaît s’être transformé radicalement au point d’être politiquement fréquentable – l’homme nouveau que le pays attend -, l’UDPS peut sans doute s’en sentir digne.

D. DADEI