Par J.-P. Mbelu
Le Congo dit démocratique demeure le champ d’expérimentation du capitalisme sauvage. Les experts de ce dernier y appliquent la théorie de « la destruction créatrice » en recourant à un jargon cher aux fanatiques du marché. Ils ne cessent de parler de l’amélioration du climat des affaires dans un pays sans Etat, où la rhétorique souverainiste au sommet rime avec une mendicité chronique « des appuis budgétaires extérieurs ». Alimenter une guerre d’agression insécurisante et créer des conditions urgentes de l’application des programmes d’ajustement structurel, telle est « la politique économique » des experts du capitalisme sauvage. Créer des conditions qui permettent à « leurs petites mains » de recourir à la dérèglementation ou à la réglementation arrangée, à la privatisation et à la réduction draconienne des dépenses publiques est l’âme de cette politique.Dans la perspective du capitalisme sauvage, l’amélioration du climat des affaires ne peut pas marcher de pair avec la sécurisation des personnes et la protection de leurs droits économiques, sociaux et culturels. L’amélioration du climat des affaires est une atteinte à ces droits. Les experts du capitalisme sauvage le savent. Ils jouent sur la complicité de leurs « petites mains » congolaises pour faire avaler la pilule à nos populations. Ils connaissent les risques que cela peut provoquer. Un extrait de leur texte repris par le journal Le Potentiel en témoigne.Dans un article intitulé « Le climat des affaires revient au galop: Le FMI conditionne la 2ème revue du PEG 2 à l’« accélération » d’une série de réformes », le journal Le Potentiel fait allusion aux « risques probables » pouvant peser sur l’exécution du PEG 2 (programme économique du gouvernement) selon le FMI : « un essoufflement de la reprise de l’économie mondiale qui pourrait nuire aux perspectives de croissance ; une perte de la maîtrise budgétaire provoquée par les soucis sécuritaires et des dérapages à la veille des élections présidentielle et législatives de l’an prochain et qui risquerait de déstabiliser l’économie ; et des faiblesses persistantes dans le climat des affaires et la gouvernance pouvant entraîner une diminution des financements et des investissements directs étrangers et brider le développement du secteur privé ». (Lire Le Potentiel de ce samedi 18 septembre 2010)Dans ce texte, les experts du capitalisme sauvage disent qu’une bonne partie du budget de l’Etat-manqué actuel pourrait être consacrée à la maîtrise de l’insécurité et des dérapages liés aux probables prochaines élections. En des termes à peine voilés, ils prédisent un contexte électoral chaotique dont les signaux sont déjà donnés par l’interdiction des rencontres des membres des partis politiques autres que celui de «l’Autorité morale » de l’AMP, par la confiscation des moyens de l’Etat par ce parti, par le musellement de la presse, par l’arrestation des membres de certains partis politiques ; mais aussi par la résistance populaire contre Trésor Kapuku (gouverneur du Kasaï Occidental) à Lwandanda, par « l’intifada » dont la suite de Joseph Kabila a été l’objet au Nord et au Sud Kivu, etc.Il devient de plus en plus difficile de croire dans les élections au suffrage universel dans ces parties du monde où les gouvernants sont aux ordres du capitalisme sauvage. Pour une raison toute simple : le capitalisme sauvage est inhumain et anti-démocratique ; il triomphe là où triomphe la cupidité et où les libertés et les droits fondamentaux sont foulés au pied. Il fonctionne sur fond de marionnettisme et d’une instrumentalisation obscurantiste de la tribu biologique. (« Les petites mains » du capitalisme sauvage recourent au soutien de la tribu biologique pour jouir des soutiens électoraux pouvant leur permettre d’accéder aux hautes charges politiques afin de mieux servir leur réseau néolibéral. La tribu biologique sert souvent de marchepied à la tribu néolibérale sans frontières moyennant une certaine redistribution des miettes aux frères et sœurs tribaux (biologiques) au mépris de leurs droits économiques, sociaux et culturels. Quand ces choses ne sont pas tirées au clair, la croyance aux « nôtres » biologiquement et leur choix électoralement peuvent être préjudiciables au respect de soi et au bonheur collectif.)Pour mener à bien des actions allant à l’encontre de la publicité faite autour des élections dites démocratiques et financées par « les petites mains » du capitalisme sauvage, il est important de comprendre le fonctionnement de ce dernier ; ce faisant, on évite de se tromper d’adversaires et/ou d’alliés. La maîtrise sécuritaire que le fonctionnement du capitalisme sauvage induit est un autre nom donné aux assassinats, aux meurtres et aux autres crimes imprescriptibles qu’il sème en criminalisant toute résistance à ses assauts. Tous des sacrifices faits « au dieu-argent » et à « la déesse-cupidité ». Les fanatiques des élections chez nous sont avertis par les experts du FMI. Sauront-ils contourner ces sacrifices en mettant hors d’état d’agir les nègres de services au pouvoir chez nous ? L’avenir nous le dira…J.-P. Mbelu