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Par Badylon Kawanda Bakiman,
— «L’environnement macroéconomique est au beau fixe avec un taux de croissance qui varie entre cinq et sept pour cent», affirme Jean-Claude Masangu, gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) pour justifier le lancement de grosses coupures du franc congolais République démocratique du Congo (RDC).
Selon Masangu, ce contexte est favorable pour que les nouveaux billets de 1.000, 5.000, 10.000 et 20.000 francs congolais (FC) soient en circulation à partir du 2 juillet prochain, au lendemain de la célébration du 52ème anniversaire de l’indépendance de la RDC, le 30 juin.
«L’objectif, c’est de lutter contre la dollarisation de l’économie nationale de façon à pousser les Congolais à utiliser le FC comme instrument de payement stable, fiable et sûr, et non comme une monnaie de devises», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse le 8 juin au siège de la BCC, à Kinshasa, la capitale congolaise.
Masangu a également souligné que le taux de change est remarquablement stable (920 FC pour un dollar) et que «les réserves de change peuvent couvrir 8,06 semaines d’importation des biens et services à la date du 6 juin 2012. Ce qui peut conduire la BCC à intervenir en masse sur le marché en cas de perturbation».
«Les finances publiques affichent un solde consolidé excédentaire sans précédent, et ces nouveaux billets sont à valeur faciale adaptée au système de payement du moment», a-t-il expliqué.
Selon Masangu, les différentes études d’opportunités menées par la BCC ont relevé l’aggravation de la dollarisation de l’économie du pays à concurrence de 89 pour cent. Ce qui signifie que la plupart des commerçants en RDC – qui vendent en gros et en détail – fixent leurs prix en tenant compte du taux de dollar.
Il souligne que la monnaie nationale est donc insuffisante pour couvrir l’augmentation de l’offre et de services induite par la croissance de l’activité économique. Au total «85 pour cent des comptes en banques sont en devises étrangères pour un total de 10,787 millions de dollars», a-t-il illustré.
Pour Masangu, la réforme introduisant les nouvelles coupures, rendra plus commode le dénouement des transactions, notamment celles des grandes valeurs et en réduira les coûts pour les agents économiques.
Toutefois, certains experts ont exprimé des avis un peu réservés.
«Est-ce que l’autorité monétaire sera en mesure de contrôler convenablement et de maîetriser la quantité des billets qui seront en circulation?», demande Marie-Josée Asaï, enseignante à la Faculté des sciences économiques à l’Université du Bandundu (UB), dans le sud-ouest du pays.
Si la quantité de billets en circulation ne correspond pas à la quantité des produits sur le marché et qu’il y a beaucoup de demandeurs de ces billets, il y aura inflation, estime Asaï. «Je crains que ces nouvelles coupures ne soient pas matelassées par celles à valeur faciale inférieure», s’inquiète-t-elle.
«D’après notre expérience, lorsqu’il y a de grosses coupures, la population refuse automatiquement les petites», ajoute Asaï. Mais, explique-t-elle, les petites coupures devraient matelasser les grosses coupures en leur servant de base pour éviter une inflation.
De son côté, Israël Tawa, administrateur des budgets et comptable de l’UB, déclare qu’en matière monétaire, un coup d’oeil rétrospectif sur le passé donne des idées pertinentes pour l’avenir.
«La décennie 1990-2000…a aussi été marquée par l’émission des billets à valeur faciale très élevée jusqu’à cinq millions de zaïres (l’ancienne monnaie du pays). Nous avions assisté à une hyperinflation car cela avait été évalué à 4.000 pour cent», rappelle Tawa.
Il estime qu’avec 1.000, 5.000, 10.000 et 20.000 FC, l’inflation risque de poindre à l’horizon si les consommateurs et la population en général se comportent mal en exigeant de plus en plus les nouvelles coupures.
«Le climat des affaires chez nous est déjà pollué par la présence très nombreuse des étrangers comme les Indiens, les Pakistanais, les Chinois…dans le circuit économique. Ce n’est pas bénéfique en terme de chiffres d’affaires, de gains et de transactions», estime Jean-Pierre Kasereka, responsable de ‘La Maison Jésus miracle’, une entreprise commerciale, basée à Kikwit. Ces billets, ajoute-t-il, risquent d’aggraver la situation.
«En 1994, mon fonds de commerce avait enregistré une baisse de 48 pour cent suite à une émission de grosses coupures par le gouvernement de l’époque. Je ne veux plus avoir les mêmes vertiges cette fois-ci», déclare Louis Kipuluhashi, patron d’une autre entreprise de la ville, ‘Les merveilles du risque’.
«La BCC et le gouvernement n’ont qu’à multiplier les billets de 50, 100, 200 et 500 FC au lieu de recourir à ces grosses coupures qui vont déranger les prix pour les Congolais qui, à plus de 60 pour cent, vivent avec moins d’un dollar par jour», suggère Ruphin Kibari, un membre de la société civile congolaise.
«Nous ne lancerons que huit millions de francs congolais avec les nouveaux billets. Or la population congolaise est plus de 60 millions d’habitants. Donc ces coupures seront rares et il n y aura pas inflation», réplique Vincent Ngonga, directeur de l’Hôtel de monnaie à la Banque centrale, au cours des émissions de sensibilisation qui se déroulement actuellement dans le pays.
Ngonga ajoute que l’autorité monétaire renforcera la base avec les petites coupures de 50, 100, et 200 FC pour matelasser la structure