Par Alice Bafiala (RNW)
-Alors que les Congolais se préparent à aller aux urnes le 28 novembre pour élire un nouveau président, Jean-Pierre Bemba, candidat de l’opposition le mieux placé dans l’élection de 2006, est détenu à la Cour pénale internationale. Cependant, pour ses partisans, son incarcération ne signifie pas qu’il est totalement hors-jeu.
En attendant le verdict de la Cour pénale internationale (CPI), le Mouvement de Libération du Congo (MLC), parti politique de Jean-Pierre Bemba, ne présente pas de candidat à la présidentielle de novembre. Il mise tout sur les législatives avec 371 candidatures déclarées pour 500 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale.
L’ancien vice-président de la RDC doit répondre devant la CPI de viols mais aussi de pillages et de meurtres commis par sa milice du MLC entre octobre 2002 et mars 2003 en Centrafrique, où elle était venue soutenir les troupes du président Ange-Félix Patassé, en butte à une rébellion du général François Bozizé.
Désillusion
Cette absence de taille à la présidentielle suscite diverses réactions auprès de ses partisans.
“En fait, je crois que l’arrestation de Bemba a débilité l’opposition en général, il n’y a plus de figure de référence pour représenter l’alternance, peut-être Tshisekedi maintenant… et cette désarticulation de l’opposition n’est guère intéressante pour notre démocratie”, analyse William, jeune militant du MLC.
“Bemba était le seul opposant à avoir tenu tête à Kabila en 2006 alors qu’il y avait plus de 30 candidats. Je suis sûr que s’il donne un mot d’ordre de vote pour cette élection présidentielle à un tour, la victoire sera certaine pour l’opposition”, clame pour sa part Gédéon, étudiant.
Attente d’un mot d’ordre
En 2006, Jean-Pierre Bemba a obtenu 42% des voix face à Joseph Kabila. Les candidats de l’opposition qui se présentent en ordre dispersé lorgnent sur cette réserve, espérant les ajouter à leur base de voix.
“Jean-Pierre Bemba a été sollicité par tous les leaders de l’opposition. C’est une preuve qu’il demeure une figure politique de premier plan”, estime pour sa part un autre proche du MLC, Jean-Jacques, faisant allusion aux nombreuses visites que Bemba a reçues de Vital Kamerhe, Etienne Tshisekedi, Kengo wa Dondo, Oscar Kashala, tous candidats à la présidentielle de 2011.
A toutes ces différentes visites des leaders de l’opposition dans sa prison de Scheveningue, aux Pays-Bas, ses proches affirment que le président du MLC a plaidé pour un rapprochement entre les forces de l’opposition pour lancer un mot d’ordre de soutien à sa base.
Consensus de l’opposition nécessaire
Alors qu’approche l’élection présidentielle à un seul tour, l’opposition continue d’évoluer en ordre dispersé. Les 10 candidats qui affrontent le président sortant, Joseph Kabila, peinent à trouver un consensus.
Entretemps, l’espoir persiste chez les partisans de l’opposition de voir un accord de dernière minute. Pour David, qui souhaite à tout prix le départ du président Kabila et une alternance politique, seul Jean-Pierre Bemba peut mettre fin à cet imbroglio.
“Si Bemba Gombo décide de soutenir le candidat de l’opposition issu du consensus, Vital Kamhere et Etienne Tshisekedi feront tout pour s’entendre, même l’impossible. Pour espérer diriger ce pays, aucun candidat de l’opposition ne pourra réussir sans l’autre. Moi personnellement, je prie pour qu’ils s’entendent, sinon tout tournera en faveur du pouvoir en place et le peuple congolais se verra complètement enterré dans la misère”, prédit David.