-Lettre ouverte n°3 au combattant de la Diaspora,
Inspire-toi des Mwamba, Makila, Tshisekedi fils, Mvuemba, Olenghankoy, Lumbala…
A un moment ou à un autre de leur existence, bon nombre d’acteurs politiques aujourd’hui de premier plan au pays ont vécu en exil. Certains avaient combattu le maréchal Mobutu, d’autres Mzee Laurent-Désiré Kabila, d’autres encore Joseph Kabila Kabange. Ils le faisaient en organisant diverses manifestations publiques. Ayant un sens d’Etat aiguisé, ils ne s’attaquaient ni aux ambassades ni aux succursales des entreprises publiques quand bien même, au cours de leurs manifs, ils en venaient à brûler un drapeau ou une coupure de la monnaie. Revenus au pays après des décennies d’exil au cours desquelles ils ont parfait leur instruction, bardés de titres académiques de grandes universités du monde, ils évoluent maintenant dans des institutions de la République. Tu t’en es d’ailleurs rendu compte : aucun de ces acteurs politiques ne te félicite de ta dernière sortie de “casseur”. Preuve, si besoin est, que personne ne se reconnaît en toi…
Combattant de la Diaspora,
Dans les deux premières lettres, je t’ai malmené pour la raison donnée dans la dernière : ” te secouer (…) pour que tombent de ton esprit et de ton corps les écailles de la rancune et de la rancoeur trop longtemps cumulées. Une frustration née de ton refus de reconnaître ta propre responsabilité dans le ratage retentissant qu’est ta vie“.
Je t’ai rappelé que ” Tu crois te défouler en cherchant des bouc-émissaires“. Je suppose que tu as réalisé le sens de l’allégorie au sport quand j’ai écrit : “Avec ta masse musculaire, tu es censé savoir que la force ne réside pas dans l’intensité. Elle loge dans la direction. En sport, il n’y a rien de pire qu’un coup lancé dans le vide. En boxe, un uppercut raté est une catastrophe. En football, manquer un tir fumant en est une aussi“. Et tu auras compris l’allusion faite à la politique lorsque je note à ton attention : “Or, en politique, rater son coup, c’est la pire des choses qui puissent arriver“.
Il va alors falloir que tu reviennes à ton premier métier – si seulement tu as eu le temps d’en avoir un – ou en apprendre un d’autant plus qu’il n’est jamais trop tard pour ce faire.
Combattant de la Diaspora,
Je te le dis d’emblée pour que tu saches et comprenne combien le média est un couteau à double tranchants. Surtout le Net, le plus risqué de tous. Tous les spécialistes le reconnaissent en ce que le Net permet à tout le monde de s’exprimer librement. Chacun peut créer son journal, sa radio, sa télévision en ligne.
Tu imagines ce qui arrive lorsque le média appartient à “tricheur” qui s’organise de façon à ne pas se faire voir ni connaître de l’opinion. Genre Mr X.
Je prends un exemple concret : de ton point de départ (Porte de Saint Cloud) à l’ambassade de la RDC où tu t’es livré à la destruction des installations, c’est ton visage qui apparaît, et non celui du preneur d’images (cameraman) et la personne qui ânonne la phrase “Makambo eza koleka na Brazzaville boza kokipe yango te” !
En d’autres termes, le preneur d’images (à supposer qu’il soit en même temps cette personne) restera peinard. Il pourra circuler librement partout, rentrer au pays et en repartir sans être pour le moins du monde inquiété…
Par contre, toi le casseur, tu es fiché parce que tu t’es exposé.
En plus, le générique de la vidéo porte la mention “saut musclé” alors qu’il est question d’ “assaut musclé“. C’est pour dire que même au niveau de l’utilisation de la langue française, il y a problème dans le chef du réalisateur du reportage voulu de choc.
Comment penses-tu t’attirer le soutien des Français, même des Skinheads dont tu te veux le type… K ?
Combattant de la Diaspora,
Il n’est pas exclu que tu sois victime de l’action M.I.D. (Manipulation pour Intoxication par Désinformation) maniée avec une dextérité inouïe par certains acteurs politiques dont ceux à l’origine de ton exil dans les années 1990. L’un d’eux s’amuse, de temps à autre, à tourner en dérision les “5 Chantiers”. Il reproduit des photos de mansardes et de rues sous eaux de pluie, d’écoles en chaume avec des enfants assis à même l’école, de centres médicaux aux murs lézardés etc. : des situations dont certaines remontent aux années 1990.
Mais, jamais, mais alors jamais il ne présente une seule photo de route, d’école ou d’ hôpital modernisé sous Joseph Kabila. Jamais, mais alors jamais il ne présente la photo d’une station de production d’eau et d’une centrale hydroélectrique soit en construction, soit en réhabilitation sous Joseph Kabila.
Cet acteur politique – exilé lui même par ironie du sort – sait que son pouvoir auquel il avait appartenu avait une presque trente ans d’existence dont près de 25 ans sans un cycle de guerres répétées, à la différence de la décennies de Joseph Kabila marquée par des rébellions et des agressions.
Tout esprit honnête en viendrait à se demander ce que serait devenu le Congo si, au cours de cette décennie, l’effort était plus porté sur la reconstruction que la pacification. Combien alors de kilomètres de routes, combien de bâtiments d’enseignement, combien de bâtiments de santé n’aurait-on pas réalisé au profit des populations congolaises ?
Combattant de la Diaspora,
Ce dont je ne te pardonne pas, c’est que tu te laisses prendre au jeu de négation auquel t’a convié ce politicien-là, simplement parce qu’à son instar, tu ne veux pas voir les conditions sociales de tes compatriotes restés au pays s’améliorer un tant soit peu !
Ainsi, tu ne veux pas apprendre, par exemple, que de gros travaux de modernisation s’effectuent à l’aéroport de Ndjili, que le boulevard Lumumba est désormais sur huit bandes du croisement avec le boulevard Sendwe à cet aéroport, que les Fardc sont en train de mater les groupes armés congolais et étrangers, que le franc congolais est stable depuis plusieurs années, que quelque chose de positif est en train de se produire dans ton pays.
Tu es plutôt content d’apprendre que tout y va de mal en pis alors qu’en réalité, l’environnement s’améliore progressivement, même si pas au rythme souhaité par la majorité de la population congolaise.
Combattant de la Diaspora,
Tu n’es pas obligé d’y croire. D’ailleurs, pourquoi le croirais-tu du moment que tes rares cousines et tes rares neveux à croire encore en toi continuent de te dire et de chanter ” Le pays va mal !“, non pas parce qu’il en est réellement ainsi, mais parce que, en candidats invétérés d’exil, ils espèrent de toi une “prise en charge”…
Il n’est pas exclu que tu aies appris que chaque jour, des Congolais assiègent les ambassades principalement des pays occidentaux pour quitter le territoire national au motif que rien de bon de s’y produit. A l’argument de la paupérisation, ils ajoutent celui des violations des droits humains consécutives ou non au cycle des guerres. Les médias occidentaux qui couvrent la RDC s’en donnent du reste à coeur joie, laissant par moments l’impression que si ce pays n’est pas dans le sommaire des infos, c’est la chute garantie dans l’audimat ou le lectorat.
Seulement voilà : au même moment – comme par le principe de vases communicants – l’espace vidé est vite rempli par des Ouestafricains, des Indiens, des Pakistanais, des Malaisiens, des Chinois et même des Soudanais, des Somaliens, des Centrafricains, des Rwandais, des Ougandais, des Burundais, des Kenyans etc. Au final, quand nous aurons 35 millions de Congolais partis à l’étranger, nous auront 35 millions d’étrangers à s’installer au pays !
T’arrive-t-il de réfléchir à cette étrangéité ?
Je me permets d’en douter.
Raison pour laquelle je te recommande le proverbe Kongo “vutuka vana wavidila nzila“. Traduit en français, cela donne : “Retrouve l’endroit à partir duquel tu as perdu le chemin “.
C’est de cette façon, mais alors de cette façon-là seulement que tu vas le découvrir et l’emprunter avec assurance…
Omer Nsongo die Lema