Le silence règne dans la cour du centre de la Sûreté générale (service sécuritaire chargé des étrangers au Liban) de Bourj Hammoud, en lisière de Beyrouth. Mines graves, corps engourdis, hommes, mais surtout femmes et enfants, attendent de bon matin l’heure du départ pour la Syrie. Leur décision est prise : ils rentrent chez eux.
Les jeux des petits, habillés de leurs plus beaux vêtements, comme pour un jour de fête, finissent par détendre l’atmosphère. Des réfugiés échangent à propos de leur région d’origine. Des hommes de la Sûreté générale font l’appel. De petits groupes de Syriens s’avancent vers les bus affrétés par Damas, sous les yeux d’employés du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, venus en observateurs. On s’entraide pour monter les bagages, qui condensent plusieurs années d’exil et un avenir incertain : vêtements, matelas, électroménager, tout ce qui n’a pu être vendu est emporté. Qui sait ce que l’on pourra s’offrir en Syrie ?
Puis revient le silence, chargé d’émotion et d’inquiétude. Des retrouvailles se préparent, à Homs, Hama, Damas, Alep. A Beyrouth, des séparations. Collés aux vitres à l’extérieur des bus, il y a ceux qui ne partiront pas. Rares sont les familles au complet qui prennent la route.
Depuis l’été, les opérations de retour organisées par la Sûreté générale, en coordination avec le régime syrien, se multiplient : elles ont lieu plusieurs fois par mois. Le dernier convoi en date a traversé la frontière jeudi 1er novembre. La Sûreté générale – comme le Hezbollah, allié de Damas – a ouvert des centres d’enregistrement pour les candidats au départ.
Au Liban, ces retours collectifs, très médiatisés, sont présentés comme un moyen de réduire progressivement le nombre de réfugiés, devenu un fardeau pour le petit pays – ils sont près de 1,5 million, selon les autorités. Mais le nombre de départs vers le territoire gouvernemental syrien reste modeste : quelques centaines de…