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Quatre-vingt-un ans après son inscription dans le marbre, l’article relatif au blasphème pourrait être abrogé à l’occasion d’un référendum organisé ce vendredi. Le “oui” est en tête dans les sondages, alors qu’aucune condamnation pour un tel délit n’a été prononcée sur l’île d’Émeraude depuis plusieurs siècles.
“Dans la cultissime comédie des Monty Python La Vie de Brian, un dignitaire juif formule le jugement retenu contre un homme accusé de blasphème : ‘Les Anciens vous ont jugé coupable d’avoir prononcé le nom de notre Seigneur, en conséquence, blasphémateur, vous serez lapidé à mort !’ Bien sûr, ce film a été censuré en Irlande à sa sortie en 1980”, s’amuse l’Irish Independent.
Défini comme “tout contenu constituant une grossière injure ou une insulte contre quelque chose tenu pour sacré par une religion”, le blasphème est inscrit dans la Constitution depuis 1937. “Une mention quelque peu archaïque”, poursuit le quotidien de Dublin, sur laquelle les Irlandais sont invités à se prononcer par voie de référendum ce vendredi. Après les scrutins sur le mariage homosexuel, en 2015, et pour abroger l’interdiction de l’IVG, en mai dernier, ce scrutin “peu en vue” est le signe que le pays “prend ses distances avec l’Église”, note The Guardian.
Aucune condamnation depuis trois cents ans
En vertu de l’article 40.6.1 de la Constitution, “l’expression ou la publication de contenu blasphématoire, séditieux ou indécent constitue un délit puni par la loi”. Depuis 2009, un tel délit est passible d’une amende de 25 000 euros, après avoir été longtemps puni d’une peine de prison de sept ans. Sauf que… personne n’a été jugé pour de tels faits en Irlande depuis belle lurette. La dernière condamnation remonte à 1703, tandis qu’en 1855 un prêtre rédemptoriste d’origine ukrainienne a été poursuivi après avoir ordonné un autodafé de livres à tendances “immorales”. Seul hic, une Bible s’était glissée dans le lot par erreur, relate The Irish Times. Après audition des témoins, le prêtre avait été acquitté.
Plus récemment, trois actions ont été intentées contre des articles et des dessins de presse en 1995, en plein débat sur la légalisation du divorce. Toutes rejetées. Enfin, l’an dernier, l’auteur et acteur Stephen Fry a fait l’objet d’une enquête après avoir déclaré à la télévision publique irlandaise deux ans plus tôt : “Pourquoi devrais-je respecter un Dieu mesquin, capricieux et stupide qui a créé un monde rempli d’injustice et de douleur ?” En dépit d’une plainte déposée par un habitant du comté de Clare, dans l’ouest du pays, la police a rapidement classé l’affaire… faute d’avoir trouvé un groupe de personnes suffisamment choquées par ses propos.
Le “oui” largement en tête dans les sondages
“Le temps de l’interdiction du blasphème est révolu”, assure l’Irish Independent, alors que 51 % des électeurs entendent voter oui, selon les sondages. Pour les partisans de l’abrogation, cette mention dans la Constitution nuit à l’image du pays à l’international. Les militants du non (19 %, pour 25 % d’indécis) estiment pour leur part que ce référendum constitue beaucoup de bruit pour pas grand-chose, rapporte The Irish Times, et que l’article de la Constitution ne nuit pas à la liberté d’expression. Ils font remarquer que la législation irlandaise en la matière est parmi les plus clémentes des 71 pays où le délit de blasphème existe encore.
Un deuxième mandat pour le président poète ?
Les trois millions d’Irlandais inscrits sur les listes électorales sont également appelés à élire leur président, ce jeudi. Le sortant Michael D. Higgins, ancien membre du parti travailliste et écrivain de 77 ans, est le favori des six candidats en lice. En Irlande, la fonction est principalement cérémoniale : le président est chef de l’Etat mais pas chef du gouvernement. Malgré sa promesse de ne faire qu’un mandat, après son élection en 2011, “Michael D.” ‘est très populaire’, avec 70% d’opinion favorable”, note The Irish Examiner, “ce qui l’a sans doute poussé à revenir sur sa parole”. Le scrutin est un vote alternatif à un tour, et les premières estimations devraient être publiées aux alentours de 22 heures (à Dublin), à la fermeture des bureaux de vote.