Par PIAB, avec Mehdi Meddeb et Belga
-Plus de 24 heures après l’annonce de la victoire du président sortant Joseph Kabila, le pays a vécu une deuxième journée émaillée d’incidents meurtriers. La répression de la colère a fait à Kinshasa au moins quatre morts. Le parti d’Etienne Tshisekedi, affaibli, tente de contre-attaquer. Les observateurs internationaux estiment que les résultats manquent de crédibilité.
La situation restait tendue samedi en République démocratique du Congo, surtout à Kinshasa, où des violences ont fait au moins quatre morts après la réélection contestée de Joseph Kabila, et où le pouvoir menace l’opposant Etienne Tshisekedi pour s’être autoproclamé président.
Il était difficile d’établir un bilan sûr des incidents qui se sont produits dans la nuit de vendredi à samedi. Trois “pillards” ont été tués et une femme a été mortellement blessée par une balle perdue lors d’un pillage, entre vendredi soir et samedi midi, selon un bilan provisoire donné à la presse par le chef de la police congolaise, le général Charles Bisengimana.
Selon Radio Okapi, la radio parrainée par la mission de l’ONU, six personnes ont été tuées dans la capitale. “Globalement les gens auxquels nous avons eu à faire face étaient des pillards et des voleurs. On n’a pas eu affaire à des manifestations politiques“, a affirmé le général, qui a évoqué des “arrestations” sans toutefois en préciser le nombre. “La situation est totalement sous contrôle, la tension a baissé“, selon lui.
Depuis vendredi, “Kin” est quadrillée par la police, des militaires et des éléments de la garde républicaine. Quasiment aucun taxi ou véhicules n’a circulé samedi, les stations-service sont restées fermées comme de nombreux magasins. Quelques détonations sporadiques ont été entendues à la mi-journée.
Vérification des procès-verbaux dans le QG d’Etienne Tshisekedi
Chez le Sphinx de Limete (le surnom d’Etienne Tshisekedi), la résistant s’organise. Des militants de l’UDPS compilent des P-V des bureaux de vote qui remontent du terrain pour les comparer avec ceux publiés par la CENI. Leur but est de démontrer que la victoire de Joseph Kabila est frauduleuse.
“En gros, nous avons le candidat Etienne Tshisekedi qui est à 56% et Joseph Kabila à 37%“, indique Jean-Marie Beya, membre de l’équipe de compilation de l’opposition. Des chiffres radicalement différents de ceux communiqués par la commission électorale nationale indépendante. “Totalement différents“, poursuit Jean-Pierre Beya. “Et ce sont des chiffres que tout le monde a. Tout un tas d’institutions internationales les ont, la fondation Carter, les Catholiques, nous aussi. La commission électorale les a aussi, bien sûr, mais on sait bien que ce qu’ils ont sorti est fantaisiste.”
“Fantaisiste“. Le mot est lancé. L’opposant historique s’apprête donc à présenter les chiffres “réels” de sa victoire. Son mouvement aurait récupéré plus de la moitié des 64 000 P-V du scrutin.
“Il y a eu réellement fraude et tricherie“, avance Junior, le petit-fils d’Etienne Tshisekedi. “D’ailleurs, la loi le dit, si on trouve des bulletins de vote déjà remplis en faveur d’un candidat, on doit annuler la candidature de ce candidat.”
“Un manque de crédibilité”
La Commission électorale congolaise est dans l’oeil du cyclone. Les observateurs électoraux internationaux du Centre Carter ont déclaré samedi que les résultats de l’élection présidentielle remportée par le président sortant Joseph Kabila étaient caractérisés par de telles irrégularités qu’ils “manquent de crédibilité“.
“Le Centre Carter estime que les résultats provisoires de l’élection présidentielle annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) le 9 décembre en République démocratique du Congo manquent de crédibilité“, écrit l’ONG dans un communiqué. La Ceni a déclaré Joseph Kabila vainqueur avec 48,95% des voix contre 32,33% pour l’opposant Etienne Tshisekedi.
PIAB, avec Mehdi Meddeb et Belga