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Manifestations en marge du Sommet de la Francophonie – Opposition – Eviter l’embrasement de Kinshasa


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Par Le Potentiel

Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie et Raymond Tshibanda, Président de la Conférence ministérielle de la Francophonie

-L’Opposition réunit, pièce par pièce, les éléments d’un cocktail détonnant dans la ville de Kinshasa, en marge de la tenue du 14ème Sommet de la Francophonie. Elle compte ainsi mettre à rude épreuve la sagacité des forces de l’ordre et de sécurité qui, débordées ou exaspérées, ne s’empêcheraient de réprimer. Ce qui conduirait à un embrasement dont personne n’a besoin en ce moment précis.

La tentative de déployer la stratégie du chaos à Kinshasa inquiète. Les manifestations en marge de la tenue du Sommet de la Francophonie ne doivent pas constituer l’occasion pour mettre Kinshasa à feu et à sang. Personne n’en tirerait profit. Pour administrer la preuve des présumées répressions, d’éventuelles brimades et autres violations des droits de l’Homme, l’embrasement n’est pas la solution. Elle est suicidaire pour tout le monde.

Pousser les agents de l’ordre à la faute, notamment l’usage disproportionné de la force, ne serait pas de bon augure en marge de la tenue du Sommet de la francophonie. Les visiteurs de haut niveau attendus à Kinshasa ont besoin d’autres spectacles qu’une répression sanglante. A tout prendre, pareille initiative ne se justifierait pas, quels qu’en soient les mobiles. L’Opposition devrait savoir que, loin d’être une affaire d’un individu, en l’occurrence le président Joseph Kabila, la tenue du 14ème Sommet de la Francophonie concerne tout un pays, la RDC, et toute une nation, le peuple congolais.

Il est vrai que l’Opposition entend se servir de la messe francophone pour ternir l’image de la Majorité et la faire passer pour un régime autoritaire. Aussi l’appel à des manifestations populaires dans la capitale n’est-il pas un fait du hasard. Toutefois, c’est sans oublier que les ennemis de la République peuvent mettre à profit ces moments de trouble à l’ordre public pour réussir leur projet macabre d’éclatement du pays. Et Kinshasa se prête comme le lieu idéal. De même, la présence des visiteurs de marque et de puissants médias internationaux offre l’opportunité d’une importante amplification de tout incident qui pourrait se produire.

Pour ainsi dire que des dérapages sont inévitables en pareille circonstance, des infiltrations s’opèrent et au final les organisateurs et les pouvoirs publics en portent le chapeau. Quid ? «Plusieurs partis politiques et organisations non gouvernementales projettent d’organiser des manifestations en faveur ou en défaveur de la tenue de ce sommet à Kinshasa», prévient l’Association de défense des droits de l’Homme, Asadho. La liberté de manifestation publique est garantie par la Constitution sous réserve du trouble de l’ordre public. L’article 26 de la loi fondamentale est claire : «La liberté de manifestation est garantie. Toutes manifestations sur la voie publique ou en plein air impose aux organisateurs d’informer par écrit l’autorité administrative compétente ».

Cette disposition légale appelle des acteurs en présence à un degré élevé de responsabilité. Tous doivent transcender les intérêts privés pour ne voir que la nation. Pour ce faire, le respect des règles du jeu doit être observé par tout le monde. Le régime d’information ne dédouane pas les organisateurs et les pouvoirs publics de passer également par voie de concertation. Ces échanges sur les itinéraires, les conditions de sécurisation des manifestants et des citoyens qui vaquent librement à leurs occupations s’imposent aux uns et aux autres.

En cette période sensible, ne pas se soumettre à cet exercice du bon sens équivaut à vouloir mettre le feu aux poudres. L’explosion qui s’en suivra ne sera bénéfique à aucun des camps en présence. L’agresseur y trouvera des failles pour se donner des arguments supplémentaires contre le pays. Conformément à la législation en vigueur, «toutes les manifestations favorables et défavorables à la tenue du XIVème Sommet de la Francophonie, sont permises. Elles sont l’expression de la démocratie dans un Etat de droit», insiste l’ONG de défense des droits de l’Homme Asadho.

Qu’à cela ne tienne, obligation est faite d’aller au-delà des textes au regard des circonstances du moment. Il se pourrait que des itinéraires se croisent à quelques endroits, l’autorité compétente peut régler la question par le dialogue entre acteurs en présence, évitant ainsi que d’éventuelles interdictions donnent lieu à des bras de fer. En se conformant à la loi et en se mettant en position de « coopérer » dans le maintien de l’ordre public, tous les acteurs impliqués gagneraient énormément en estime auprès de la population. En même temps, quiconque aurait un message à faire passer le ferait en toute quiétude.

D’autre part, la tendance admise généralement serait de faire porter plus de responsabilité aux pouvoirs publics. En fait, il rentre dans ses prérogatives régaliennes de sécuriser les manifestants. En même temps, les autorités ont également l’obligation constitutionnelle de préserver tout individu de toute atteinte de ses droits, tout comme d’assurer la protection des personnes et de leurs biens. Les provocations à l’égard des agents commis à la sécurité sont à proscrire absolument. Pousser les forces de l’ordre jusqu’à la légitime défense serait la ligne rouge à ne point franchir. Les éclaboussures dans ce cas atteindront beaucoup plus les organisateurs que ceux qui assurent le travail républicain du maintien de l’ordre public. Le Sommet de la Francophonie n’est pas une occasion d’étaler nos insuffisances. Mais plutôt de consolider l’Etat avec le concours des partenaires.