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Mise en circulation des billets de 1 000, 5 000 et 10 000 Fc

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Par  Le Potentiel
-Dès le 2 juillet 2012, la Banque centrale du Congo (BCC) va injecter sur le marché congolais de nouvelles coupures du Franc congolais. Il s’agit des coupures de 1 000, 5 000 et 10 000 Fc. Un challenge difficile à relever par l’autorité monétaire même si elle prétend préserver la stabilité du cadre macroéconomique. L’initiative est tellement hasardeuse que mardi, le gouverneur de la BCC Jean-Claude Masangu Mulongo a dû être convoqué par le chef de l’Etat qui voulait se faire une religion. De faux pas en ratés, les «surdoués» de la République viennent de se placer sur une mauvaise pente en donnant de manière précipitée leur quitus à la mise en circulation des coupures inflationnistes.
Longtemps gardé en secret, le lancement de nouvelles coupures de Franc congolais a été finalement confirmé en début de semaine au terme de la réunion de la troïka tenue autour du Premier ministre, Matata Ponyo Mapon. Autrement dit, la Banque centrale du Congo (BCC) a reçu le quitus du gouvernement aux fins de procéder au lancement de nouvelles coupures de Franc congolais, à savoir celles de 1 000, 5 000 et 10 000. Une date a été retenue : le 2 juillet 2012. Le public devrait garder son souffle avant de se familiariser avec les nouveaux billets.
En réalité, la BCC n’a fait que relancer un vieux projet, plusieurs fois gelé par crainte d’un retournement brusque de situation sur le plan économique. Coïncidence de calendrier ou planification, le FMI annonce l’arrivée à Kinshasa de sa mission ce mercredi 6 juin 2012, soit au lendemain de cette annonce qui ne fait pas l’unanimité dans l’opinion. Méfiant, le public congolais est anxieux sur ce que viendrait faire le FMI en ce moment précis ; d’autant que ce dernier a maintes fois soutenu l’idée d’élargir l’éventail fiduciaire de la RDC même s’il se réservait de donner tout de suite son feu vert à la BCC.
Aujourd’hui, l’on se demande si cette institution de Bretton Woods ne se serait pas hâtée de venir à Kinshasa avec pour mission de corser les mesures du gouvernement et renvoyer, comme toujours le social du Congolais à plus tard.
Une question en appelant une autre : y a-t-il vraiment franc jeu entre le gouvernement et le FMI ? En tout cas, le doute est permis. Surtout en ce qui concerne le social du Congolais, estiment des observateurs qui rappellent que les institutions de Bretton Woods sont toujours venues, parties puis revenues en RDC depuis des décennies sans que quelque chose de bon ne sorte de leur programme commun. Si bien que, aujourd’hui, la «maîtrise du cadre macroéconomique» sonnerait comme une ritournelle dont l’ouïe du Congolais est assez rabâchée. Car, il attend toujours l’apparition des effets bénéfiques tant vantées de cette fameuse maîtrise.
La vérité c’est que l’on se demande comment le gouvernement pourra concilier les exigences politiques internes avec les instructions du FMI dont le respect ou l’application conditionne l’octroi du satisfecit.
L’initiative de la BCC fait craindre la résurrection du vieux démon de l’inflation qui surgissait à chaque fois que l’Etat décidait d’injecter de nouvelles coupures à valeur faciale élevée. L’opération s’est toujours révélée inflationniste.
A la BCC, l’on se disait prêt à relever le défi du moment que le gouvernement avait déjà donné son aval. Il reste toutefois à s’interroger si le gouverneur Masangu a réussi mardi à convaincre le président Kabila sur les mesures d’encadrement prises à cet égard. A-t-il rassuré son interlocuteur que le projet n’embraserait pas tout l’édifice économique congolais ?
Il nous revient que, optimiste, le Premier ministre a, le lundi 4 juin, donné des instructions précises à l’Institut d’émission pour se prémunir de garde-fous nécessaires en vue de ne pas perturber la stabilité du cadre macroéconomique, chèrement acquis au prix de durs sacrifices.
Circonspect, l’on peut supposer que le président de la République tiendrait à ce que l’accalmie relative observée depuis quelques mois ne soit pas perturbée et que tout soit fait pour éviter que le front économique vienne en rajouter à la crise dans l’Est du pays.
SCENARIO POSSIBLE
Deux hypothèses sont posées pour prévenir un retournement brusque de situation. D’abord, la BCC pourrait atténuer l’impact négatif de ces nouvelles coupures par une émission de remplacement. Il s’agit, notamment d’injecter de nouvelles coupures en contrepartie du retrait de celles à faible valeur faciale jugées impropres à la consommation. Lesquelles seront incinérées sans plus.
Mais, là encore, le danger n’est pas totalement écarté du fait de la rareté sur le marché de petites coupures de Franc congolais. Avec pour conséquence, l’emballement des prix des produits de consommation courante.
Ensuite, la BCC pourrait s’appuyer sur le respect de la programmation monétaire. Ce qui éviterait tout dérapage. Cela en n’injectant sur le marché que la contrepartie des monnaies compatibles avec les besoins réels de l’économique.
La réussite de cette réforme reposerait sur un travail fait en amont, notamment en ne négligeant aucun détail et en veillant aux indicateurs conjoncturels tels que le taux d’inflation et le taux de change.
Toutefois, ce scenario n’est que théorique. Car, en matière de monnaie, tout repose sur la confiance de la part du public, lequel est par nature, répugnant à l’émission des coupures à valeur faciale élevée.
Ce spectre pourrait surgir le 2 juillet prochain à l’occasion de la mise en circulation des billets de 1 000, 5 000 et 10 000 Fc. Le public n’étant pas jusqu’à ce jour rassuré.
Par conséquent, nos «surdoués» se sont fourvoyés en entérinant une initiative, somme toute, suicidaire sur le plan politique, économique et social. Ils se sont mis sur une pente.