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Ombre d’une fraude électorale en 2011

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Source le Potentiel

La communauté internationale et le gouvernement n’émettent pas sur une même longueur d’ondes concernant les préalables aux scrutins qui vont marquer le nouveau quinquennat de l’apprentissage démocratique en RDC. D’ores et déjà, d’aucuns supputent que l’ombre d’une fraude électorale planerait sur l’aboutissement du processus électoral en cours si jamais le recensement de la population congolaise n’était retenu comme préalable prioritaire avant d’aller aux urnes.

S’achemine-t-on vers la réédition de l’exploit du processus électoral de 2006 ? C’est la question que d’aucuns se posent en ce moment, en rappelant que son caractère expéditif a laissé un arrière-goût d’inachevé. Au vu de la manière dont le processus électoral en cours est mené, beaucoup d’observateurs se montrent sceptiques quant à l’aboutissement sans heurts des élections générales de 2011.

Selon ces observateurs, tous les ingrédients semblent réunis pour susciter de nouvelles inquiétudes dans le chef de beaucoup de candidats aux différents niveaux de scrutins et fragiliser davantage les acquis démocratiques. Leur anxiété repose aussi sur le retour ou l’entretien d’un climat délétère au sein des populations et de la classe politique.

Ceux qui expriment ces appréhensions craignent que le pouvoir organisateur des élections ne leur impose à nouveau un système électoral non acclimaté. Ils redoutent une nouvelle répartition de sièges forfaitaire qui favoriserait certains acteurs politiques au détriment des autres. Ils soutiennent pince sans rire que les raisons qui ont milité en faveur d’un processus électoral spécial en 2006 ne pourraient plus tenir la route en cette veille des échéances électorales de 2011. Notamment la crise de légitimité et la question identitaire qui ont conduit à des affrontements armés entre ethnies et à des guerres successives, voire cycliques.

Les tenants de cette thèse soutiennent que le contexte a changé et que les dirigeants actuels ont bénéficié d’assez de temps pour corriger les erreurs du processus électoral de 2006.

C’est le cas, entre autres, du recensement, opération sur laquelle le gouvernement tergiverse sans l’avouer ouvertement. « Le manque de moyens financiers ne peut plus être évoqué pour justifier l’identification de la population congolaise », confie un acteur politique en rappelant l’une des recommandations de la réunion interinstitutionnel le tenue en novembre 2009 à Mbuji-Mayi. Celle-ci rassurait quant à l’opération du recensement de même que son mode de financement : « La carte d’électeur étant gratuite, le financement de l’opération de la révision du fichier électoral sera assurée au moyen des fonds résultant de la vente de la carte d’identité, désormais obligatoire pour tout citoyen ».

Que rien ne soit fait jusqu’à ce jour concernant la carte d’identité et le recensement dénote, selon certains observateurs, d’une volonté manifeste du gouvernement d’éluder la question de l’identification de la population laquelle serait déterminante dans la délimitation des circonscriptions électorales et la fixation du nombre des sièges y relatifs. Mais aussi permettrait de voir clair dans le flux et reflux aux frontières, surtout celles des provinces de l’Est. Le déplacement des populations peut conduire à l’obtention facile de la nationalité congolaise, et les conséquences qui sen suivent, si l’on s’en tient uniquement à l’enrôlement des électeurs. L’on dénombre plus d’un million de personnes déplacées dans l’Est du pays, à une année du terme de la présente législature. Ce qui n’est pas rassurant sur le plan sécuritaire.

Des sources fiables ont confié à notre rédaction que le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur avait reçu des propositions des partenaires étrangers intéressés par la fabrication des cartes d’identité. Tout ceci semble être jeté dans les oubliettes. Et par conséquent, cette situation donne des arguments aux grognards dont le cercle s’élargit sensiblement. Ils redoutent que la publication des résultats des scrutins de 2011 ne débouche sur des contestations et des manifestations sanglantes comme ce fut le cas en 2006. Bien plus, ils laissent entendre que les faiseurs de guerre pourraient profiter de l’occasion pour réveiller les seigneurs de guerre dont les velléités belliqueuses ne sont pas encore totalement éteintes.

Le même reproche est adressé à la communauté internationale, particulièrement à la Monusco (Mission de l’Onu pour la stabilisation du Congo). En prenant ses fonctions, le nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en RDC, M. Roger Meece, a déclaré que « La protection des civils, le renforcement des capacités des institutions, et le soutien à la RDC dans l’organisation des prochaines élections sont parmi les objectifs auxquels la Monusco va s’atteler ». Pour les hargneux, la Monusco non plus ne fait pas du recensement une priorité encore moins un préalable à l’organisation des élections de 2011. Du coup, des supputations surgissent sur l’existence d’une ombre de fraude électorale qui planerait sur le processus que mène la défunte CEI avant de passer le bâton à la naissante CENI. D’autant qu’un dicton dit que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Or, la prochaine législature, dont le déclic sera déclenché en 2011, devrait permettre à la RDC de montrer à la face du monde que l’ère des balbutiements est révolue et que son processus démocratique est en train de se consolider.