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-Le passage du Premier ministre Matata à l’Assemblée Nationale s’est
achevé dans la confusion, hier mercredi 28 novembre 2012. Pourtant, le
chef du gouvernement était venu pour éclairer le peuple congolais, à
travers sa Représentation nationale, sur l’évolution dramatique de la
situation sécuritaire à l’Est du pays. Pendant que les populations de
l’Est, premières victimes des affres de la nouvelle guerre, attendent
de ses élus des recommandations fermes pour mettre fin à leur tragédie
qui dure depuis plus d’une décennie, les députés ont préféré offrir un
spectacle désolant au public.
La séance plénière a du reste démarré sur une mauvaise note. En
effet, avant l’exposé du Premier ministre, le président de l’Assemblée
Nationale, Aubin Minaku, a prévenu les députés qu’il allait
interrompre les débats en cas de chahut ou de nature à toucher aux
secrets militaires qui ne doivent pas être dévoilés, au grand public
pour des raisons stratégiques. Les membres de l’opposition ont perçu,
dans cet avertissement, une manœuvre subtile de vouloir orienter ou
caporaliser les débats et occulter les « vérités » sur la guerre de
l’Est.
Emery Okundji a brandi une motion d’ordre pour dénoncer l’orientation
des débats. Il n’avait pas fini sa pensée que la parole lui était
retirée par le président de la chambre basse, qui a aussitôt demandé
au Premier ministre de faire le point de la situation sécuritaire de
l’Est. Dans son intervention, le coordonnateur de l’Exécutif national
a fustigé l’appui des forces spéciales du Rwanda au M23 pour occuper
la ville de Goma et les autres territoires du Nord- Kivu depuis le 20
novembre 2012.
Matata a justifié aussi la débâcle des FARDC au front Est par le
détournement des matériels et rations des militaires par les officiers
de l’armée nationale. Il a souligné que pour redorer le blason terni,
le chef de l’Etat a désigné un nouveau chef de l’armée de terre, le
général Olenga, qui a reçu la mission de réarmer moralement les hommes
de troupes pour reconquérir les territoires du Nord –Kivu occupés par
les rebelles du M23, appuyés par l’armée de Paul Kagame.
Le chef du gouvernement s’est dit convaincu que les causes profondes
de cette nouvelle guerre remontent à la mutinerie provoquée par le
général Bosco Ntanganda, avec le soutien du Rwanda, après le mandat
d’arrêt lancé contre lui par la Cour Pénale Internationale et la
condamnation de son ancien compagnon de lutte, Thomas Lubanga, par
cette même juridiction internationale.
Matata a réaffirmé la ferme volonté du gouvernement de pacifier l’Est
du pays par les trois axes donnés par le garant de la nation, à savoir
diplomatique, militaire et politique. Il a assuré que tout était mis
en œuvre au niveau de la CIRGL et de l’Union Africaine pour le
retrait, sans condition, du M23 de Goma, reconnu officiellement comme
« force négative ».
Après l’exposé du Premier ministre, alors que la plénière s’apprêtait
à engager les débats, un député de la Majorité Présidentielle, Vicky
Katumua, est intervenu par motion pour déclarer inopportuns les débats
après la communication de Matata qui, selon, ont suffisamment édifié
l’Assemblée Nationale et le peuple congolais.
Cette sortie a aussitôt créé des fissures au sein même de la famille
politique du chef de l’Etat, au point de pousser Henry Thomas LoKondo
à monter à la tribune de l’hémicycle pour s’opposer ouvertement à
cette tentative d’esquiver les débats sur la situation sécuritaire à
l’Est.
Contre toute attente, l’intervention de l’élu de Mbandaka a été
brutalement interrompue par une dispute entre le député Pius Mabuilu
et ses collègues de l’UNC de Vital Kamerhe, laquelle a failli
dégénérer en bagarre. Lokondo, qui n’était plus en mesure de
poursuivre sa réflexion, suite au climat de forte tension prévalant au
Palais du peuple, a dû regagner sa place. Dans les couloirs, Il a fait
remarquer que ses collègues de la majorité qui pensent aider le chef
de L’Etat en faisant de la guerre de l’Est un tabou lui rendent plutôt
un mauvais service.
Du côté de l’opposition, toujours dans les coulisses, Jean-Claude
Vuemba a dénoncé le comportement des députés de la majorité qui frise
la complicité avec le mouvement rebelle M 23.
Compte tenu de la persistance de la tension et de la confusion, le
président de l’Assemblée nationale, après une concertation improvisée
avec les présidents des groupes parlementaires, a tenté de calmer les
esprits en appelant tout le monde à la retenue. Constatant que les
débats ne pourraient être sereins dans cette atmosphère surchauffée,
Aubin minaku a décidé de suspendre la séance et la renvoyer à une date
ultérieure, qui sera communiquée par la voix des ondes.
Invité à quitter la salle par le président de la chambre basse,
Matata a été fortement chahuté par les députés de l’opposition, avec à
leur tête Jean-Claude Vuemba, aux cris comme « Eh Matata…akimi na ye
eee… akimi na ye » (NDLR : Matata a fui). Au fait, le chef du
gouvernement, qui était lui aussi victime de l’intolérance des
députés, n’avait pas d’autre alternative que de quitter le Palais du
peule, avec du reste le quitus de Minaku.
ERIC WEMBA