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Par Marie-France Cros
-L’annonce de l’annulation des passeports semi-biométriques congolais en circulation à partir du 16 octobre 2017 a provoqué un tel tollé que le gouvernement a dû apporter des précisions dimanche, tandis que le ministre des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, devra répondre aux questions des députés.
Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a dû réagir dimanche à l’annonce de l’annulation des passeports semi-biométriques faite par un communiqué du vice-ministre des Affaires étrangères, Agée Matembo Toto, publié vendredi. Selon M. Mende, l’annulation se justifie par le fait que ces passeports ne sont « pas fiables ». Un tel passeport, dit-il, peut s’obtenir rien qu’avec une simple photo scannée, « ce qui ne le met pas à l’abri de contrefaçons ou de falsifications ». Selon lui, des « puissances » étrangères refuseraient que circulent simultanément deux types de passeports congolais.
« Jusqu’à leur expiration », disait Tshibanda
Lors de la présentation du nouveau passeport biométrique, le 10 novembre 2015, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Raymond Tshibanda, avait assuré que ce document serait « utilisé concomitamment avec l’ancien passeport semi-biométrique jusqu’à l’expiration de ce dernier ». Il avait ajouté, selon la presse de l’époque, que le prix du nouveau passeport serait à la portée de toutes les bourses. L’écrasante majorité des Congolais vit avec 2 dollars par jour.
Le journal kinois « Le Potentiel » de lundi souligne que la décision d’annulation n’est pas passée par le Conseil des ministres et n’hésite pas à parler d’ »arnaque ».
Plusieurs motions ont été rédigées, à l’Assemblée nationale, pour demander des explications au vice-ministre. Son supérieur, le ministre des Affaires étrangères Léonard She Okitundu, est, quant à lui, visé par une question orale du député Juvénal Munobo, selon MediaCongo. Le journal « Le Phare » indique pour sa part que « même des acteurs de la famille politique du chef de l’Etat » sont mécontents et invitent She Okitundu « à revoir la copie de son collaborateur ». Le député de Majorité présidentielle Zacharie Bababaswe a ainsi annoncé une interpellation du ministre, qu’il prie, dans une lettre circulant sur les réseaux sociaux, de revenir sur la mesure – demande faite également par l’ONG de défense des droits de l’homme Justicia.
« Restreindre les mouvements » des opposants
« Le Phare » voit dans la mesure d’annulation des passeports semi-biométriques une manœuvre pour « restreindre les mouvements » de certains citoyens, « notamment les opposants politiques particulièrement actifs dans des actions de lobbying à l’étranger ces temps derniers ».
Il ajoute que la capacité de production des nouveaux passeports, « qui pourrait tourner autour de 24 000 voire 48 000 pièces » par mois va susciter une « bousculade ». Bref « une bombe sociale à retardement est en préparation à Kinshasa », prédit notre confrère.
Congo Nouveau note, pour sa part, que sur les réseaux sociaux, les Congolais crient à l’extorsion: « L’Etat moyibi! » (voleur) accusent des comptes Facebook.
Les « biométriques » devenus « semi-biométriques »
Une source kinoise de La Libre Afrique attire de son côté l’attention sur le fait que les passeports qualifiés aujourd’hui de « semi-biométriques » avaient été, jusqu’à 2015, présentés comme « biométriques ». C’est à ce titre qu’il avait acheté le sien en 2014. « Le prix officiel était 185 dollars mais j’ai payé près de 300 » avec les pots-de-vin aux fonctionnaires pour qu’ils acceptent de trouver les formulaires de demande de passeport et qu’ils veuillent bien, ensuite, le remettre au demandeur dans des délais raisonnables.
En cherchant sur internet, on s’aperçoit effectivement qu’en novembre 2008, un « nouveau passeport biométrique, comprenant l’empreinte digitale de son titulaire » avait été mis en circulation par les autorités congolaises.