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Plus de 3000 participants pour la première édition du Monde Festival à Montréal

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Faire dialoguer Français et Québécois à propos de quelques-unes des thématiques qui animent le débat public des deux côtés de l’Atlantique ; confronter les points de vue : tel était l’objectif du premier Monde Festival Montréal organisé conjointement par Le Monde et Le Devoir. Pari réussi : vendredi 26 octobre, donc en une journée, plus de 3 000 personnes ont rempli deux salles du splendide Musée des beaux-arts, pour assister à une dizaine de tables rondes portant sur des sujets comme la laïcité, le féminisme, les musées, l’intelligence artificielle, le passé colonial, l’exception culturelle, le climat, l’éducation. Les discussions ont été denses et joyeuses. Parfois âpres.

Consensuels, les Québécois ? « Nous aussi on s’engueule ! », revendique une festivalière de 47 ans. Lors de la première table ronde de la journée, consacrée aux réformes sociétales, l’ex-ministre Christiane Taubira a d’ailleurs démontré qu’au niveau institutionnel, le « dissensus français » est aussi très québécois : la loi sur le mariage pour les couples de même sexe a été adoptée ici par 158 voix contre 133 en 2005, et en France par 331 voix contre 225 en 2013. Seule différence notable : les opposants au projet de loi ne sont pas descendus dans la rue. « On ne peut pas manifester au Québec, il fait trop froid pendant six mois de l’année ! Que pensez-vous de cet aspect météo du débat ? », se risque un homme dans le public, faisant éclater de rire l’ancienne garde des sceaux. Elle aussi assure le spectacle avec son sens de la formule : « Mon utérus n’a rien à voir avec mes choix politiques ! » Le public montréalais n’est pas en reste quand il s’agit d’applaudir ou de désapprouver les interventions.

Différences culturelles

A la sortie de la magnifique salle Bourgie du musée, les festivaliers échangent leurs impressions. Maxime, qui cherche un emploi après avoir terminé ses études de communication, a la double-nationalité franco-québécoise : « Je trouve ça fascinant de voir comment nos différences culturelles se traduisent dans la politique. » La longue file d’attente qui serpente avant le débat sur la laïcité démontre qu’il n’est pas le seul.

Maryse, la soixantaine, « fervente lectrice du Devoir », sort de la table ronde sur « le féminisme après #metoo. » « #moiaussi ! », nous reprend-elle. Ici, on ne rigole pas avec les anglicismes. « Les Français se battent moins que les Québécois pour leur langue », résume Claudine Lepage, la sénatrice représentant les Français établis hors de France, lors de la table ronde consacrée à l’exception culturelle francophone.

Autre différence apparue lors du débat « A quoi ça sert un musée ? » opposant l’hôte de ces lieux, Nathalie Bondil, la directrice du Musée des beaux-arts, au président du MuCEM de Marseille, Jean-François Chougnet. « Au départ, explique ce dernier, je regardais bizarrement le concept d’“art thérapie” créé par Nathalie. Mais si vous aviez vu la tête de nos collègues français du Louvre quand elle le leur a présenté ! Ça m’a donné envie de m’y intéresser. » Le grain de folie québécois allégerait ainsi la lourdeur des institutions.

Pas de critique publique du mouvement #metoo au Québec, pas de « tribune Deneuve », allusion à la tribune publiée dans Le Monde en janvier dernier et cosignée par cent femmes défendant « la liberté d’importuner ». Ici, une pétition intitulée « Et maintenant » exhortait au contraire les Québécois à aller plus loin. « Il ne faut pas s’arrêter à : est-ce qu’elle a dit oui ou non ?, expose la jeune Mélanie Lemay, qui a fondé, bien avant #metoo, le mouvement Québec contre les violences sexuelles. Il faut que les jeunes filles puissent se percevoir comme des puissances désirantes. » A quoi Diane Guilbault, la présidente de l’organisme Pour les droits des femmes du Québec, ajoutait : « La tribune Deneuve a beaucoup fait rigoler ici. On se disait ah ben ça, c’est bien la France. »

Ensemble

Certains sujets, comme le climat, n’ont pas fait débat. « L’accord de Paris, s’il était respecté, nous conduirait à une augmentation de la température de trois degrés. Même pas le minimum vital pour garantir la survie de l’humanité », alertait Delphine Batho, ancienne ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie et aujourd’hui présidente de Génération écologie. « Peut-on faire confiance au marché pour s’autoréguler ? » s’interrogeait François Delorme, professeur à l’université de Sherbrooke et expert du GIEC, avant de conclure : « On est sur un bateau en fin de croisière, avec des gens sur le pont qui boivent du champagne. Le capitaine du bateau voit le glacier dans lequel on se dirige. C’est lui, le garant du bien commun. Si le capitaine ne fait pas son travail, il faut changer de capitaine, faire pression sur lui, ou descendre dans les bateaux pneumatiques et prendre les choses en main. »

Marie-Françoise, une festivalière française retraitée, venue rendre visite à des amis québécois, fait la queue pour la conférence sur le passé colonial : « C’est agréable d’être débarrassée du climat sécuritaire qui règne en France. Regardez : il n’y a pas cinquante portiques pour entrer dans la salle ! » Elle est pressée d’entendre l’écrivaine Alice Zeniter et l’historien Benjamin Stora. Ses amis, au contraire, trépignent d’entendre les militants autochtones Michèle Audette et Stanley Vollant, que Marie-Françoise ne connaît pas même de nom. C’est bien là l’une des premières vertus de ce Monde Festival Montréal : faire découvrir, aux uns et aux autres, des grandes voix. Et tirer des fils, de part et d’autre de l’Atlantique, entre deux peuples qui ont, décidément, beaucoup à apprendre l’un de l’autre.

Sur le Web : www.lemonde.fr/festival/montreal.html

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