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Pour avoir publié l’ouvrage “Noir Canada” portant sur les relations diplomatiques et économiques d’exploitation du continent africain, nous sommes poursuivis en justice par deux des entreprises Canadiennes

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Par Delphine Abadie

Je me permets de vous envoyer ce message après avoir lu votre dernier communiqué sur la censure opérée par le refus de financement aux festivités de l’Indépendance de la RDC.

 Je suis co-auteure d’un ouvrage, Noir Canada, portant sur les relations diplomatiques et économiques d’exploitation du continent africain par le Canada, notamment par le biais de son industrie extractive : une très large part de notre travail a concerné la présence hautement problématique et selon toute apparence, parfois criminelle, de ces entreprises au Congo. 

 Pour avoir publié cet ouvrage, nous sommes poursuivis en justice par deux des entreprises mentionnées dans notre travail (11 millions $can).  Il y a quelques semaines, l’une d’entre elles nous a menacé d’entamer de nouvelles poursuites judiciaires pour un ouvrage qui n’est pas encore paru, ni même complété (Noir Canada est quant à lui disponible, y compris en Europe). 

 Il s’agit d’un cas de censure rendue possible au Canada par l’instrumentalisation du droit mais qui menace bien de se répandre en ce qui concerne des sujets sensibles comme celui de l’ “overclass” financière en RDC.

 Je me demandais donc si vous pouviez faire circuler l’information qui suit (des articles parus dans les journaux canadiens la semaine dernière) dans votre liste d’envois. Il existe par ailleurs un site synthétisant les procédures, avancées, recensions, etc. ainsi qu’une pétition de soutien à l’adresse suivante : http://slapp.ecosociete.org/

Je vous remercie d’avance

Delphine Abadie


Barrick Gold empêche la publication d’un livre

Après avoir poursuivi les auteurs de Noir Canada, la société menace de poursuivre un nouveau manuscrit

http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/285681/barrick-gold-empeche-la-publication-d-un-livre

 Imperial Canada Inc. – La censure d’un ouvrage jamais paru

http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/285649/imperial-canada-inc-la-censure-d-un-ouvrage-jamais-paru

 Liberté d’expression – Le silence est d’or ?

http://www.ledevoir.com/societe/justice/285710/liberte-d-expression-le-silence-est-d-or

 Barrick Gold empêche la publication d’un livre

Après avoir poursuivi les auteurs de Noir Canada, la société menace de poursuivre un nouveau manuscrit

Alexandre Shields   25 mars 2010  Actualités en société Le geste est pour le moins inusité. La société aurifère Barrick a fait parvenir en février une mise en demeure aux auteurs, à l’éditeur et aux traducteurs d’un livre à paraître plus tard cette année et qui devait mettre en lumière les pratiques douteuses dont se rendraient coupables des entreprises minières canadiennes. Le projet, qui n’en était pourtant qu’à l’étape de manuscrit à retravailler, ne verra finalement jamais le jour, l’éditeur ayant tout annulé.

Ce livre, qui devait être publié en anglais sous le titre Imperial Canada Inc.: Legal Haven of Choice for the World’s Mining Industries, était un ouvrage collectif. Il devait s’attarder, selon le résumé mis en ligne sur le site de l’éditeur Talon Books, à démontrer que le Canada est un véritable «paradis judiciaire» pour l’industrie extractive puisqu’il n’oblige pas ses sociétés à rendre des comptes. Celles-ci bénéficieraient notamment de largesses pour utiliser les paradis fiscaux, en plus de recevoir de généreuses subventions fédérales. Craignant les conséquences juridiques liées à la publication d’un tel ouvrage, l’éditeur en a annulé la publication.

Noir Canada

Cette histoire — dénoncée dans un texte publié aujourd’hui en page A 9 du Devoir — n’est pas sans rappeler la poursuite de six millions de dollars que Barrick a intentée contre la maison d’édition Écosociété et les auteurs du livre Noir Canada, qui fait état de nombreux abus qu’auraient commis des sociétés minières canadiennes en Afrique. La multinationale fait d’ailleurs largement référence à cette affaire actuellement devant les tribunaux dans sa mise en demeure, dont Le Devoir a obtenu copie. Fait à noter, ledit document a été expédié à Écosociété, qui ne collaborait pourtant pas au projet de livre.

«Republier, de quelque façon que ce soit, les affirmations fausses ou diffamatoires qui ont été publiées à l’origine dans Noir Canada sans faire le moindre effort pour contacter Barrick ou pour vérifier l’exactitude de ces accusations serait manifestement inéquitable et inapproprié, particulièrement dans les présentes circonstances, alors qu’il n’y a aucun besoin pour vous de répéter ces accusations fausses au sujet de Barrick et que vous avez déjà publiées dans un autre ouvrage», fait-on valoir dans le document envoyé à trois des auteurs, qui sont en outre les coauteurs de Noir Canada.

Demandes

Barrick y demande par ailleurs aux auteurs de «fournir une copie de toute portion du manuscrit ou du texte d’Imperial Canada Inc. qui ferait référence, directement ou indirectement, à Barrick, à Sutton Ressources Ltd., à l’une de leurs filiales ou sociétés affiliées, ou à l’un de leurs administrateurs ou dirigeants, qu’ils soient anciens ou actuels […]». On invite aussi les auteurs à s’assurer que le contenu est «rigoureusement exact avant que le livre ne soit lancé» et à ne pas reprendre «le contenu diffamatoire» publié dans Noir Canada.

En cas de refus de se conformer à cette demande, Barrick se réservait le droit d’intenter des «procédures judiciaires (incluant des procédures en injonction)» qui auraient pu viser les auteurs ou «toute autre personne qui aura joué un rôle dans la rédaction, la traduction, la publication, la diffusion ou la promotion» du livre.

«On en est à s’en prendre à des traducteurs qui travaillent à un manuscrit, qui lui-même est en cours de réalisation, pour un projet qui n’est pas complètement défini. Faut le faire», a commenté une des personnes visées par la mise en demeure.