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Pourquoi le nouveau calendrier électoral divise majorité et opposition

Agent de la CENI

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Un agent électoral devant un bureau de vote, le 28 novembre 2011 en RDC.
Un agent électoral devant un bureau de vote, le 28 novembre 2011 en RDC. © AFP

Depuis la publication fin mai du calendrier électoral pour les élections locales fixées en 2015, opposition et majorité au pouvoir sont de nouveau à couteaux tirés en RDC. En toile de fond, la possibilité pour Joseph Kabila de prolonger – ou non – son mandat au-delà de 2016. Décryptage en trois points.

Bien qu’illégitimes, gouverneurs de province et sénateurs – tous élus en 2006 pour un mandat de cinq ans – devront encore rester en place en RDC. Malgré les pressions de certains partis d’opposition, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a décidé de privilégier l’organisation des élections locales, municipales et urbaines. Le calendrier qu’elle a publié en effet le 26 mai fixe au 15 juin 2015 l’élection des conseillers des communes et des secteurs ou chefferies, au suffrage direct, et au 29 août 2015 le vote au suffrage indirect des conseillers urbains, des bourgmestres et des chefs de secteurs.

Pas une ligne sur les provinciales et les sénatoriales, encore moins sur les législatives ou la présidentielle. Un “calendrier partiel” et fixé unilatéralement par l’abbé Apollinaire Malumalu, président de la Ceni, accusent ses détracteurs. Mais la Majorité présidentielle (MP, au pouvoir) n’est pas de cet avis. Elle appelle “l’infime partie de l’opposition qui boude” à respecter “l’indépendance de l’organe électoral”.

1. Un calendrier adopté avec ou sans consensus ?

Pour Sébastien Luzanga Shamandefu, porte-parole de la MP, comme la Ceni est à la fois composée de membres de la société civile et de partis politiques (opposition et majorité), les décisions qui en résultent découlent bien du consensus. “Tout le monde est partie prenante au sein de la Ceni”, clame-t-il.

Du côté de l’opposition politique, surtout de la frange qui n’a pas participé aux “concertations nationales” avec le pouvoir, les boucliers sont levés. Pas question d’accepter un calendrier qui n’offre pas toutes les garanties concernant les autres échéances électorales, notamment la présidentielle.

Le calendrier électoral doit être bâti sur un consensus.

Jean Baudouin Mayo, député d’opposition et cadre de l’UNC

L’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe menace même de retirer son délégué qui siège au sein de la Ceni si un consensus n’est pas trouvé autour de la question. “Il faut que tout le monde maîtrise plus au moins les paramètres [du calendrier électoral]”, avance le député Jean Baudouin Mayo, cadre de l’UNC, qui regrette par ailleurs que le président Joseph Kabila soit monté sur “ses grands chevaux” pour s’opposer à l’initiative de Martin Kobler, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, qui tentait d’amener la classe politique congolaise à un consensus global sur les futurs scrutins.

2. Poursuivre avec le cycle de 2006 ou celui de 2011 ?

Un autre point de divergence se situe au niveau du cycle électoral. La Ceni a décidé de ne pas poursuivre celui entamé le 28 novembre 2011 par les législatives et la présidentielle, lequel devait normalement s’étendre aux provinciales et aux sénatoriales. À la place, l’institution électorale a préféré élaguer les arriérés électoraux de 2006 en prévoyant d’organiser les élections locales, municipales et urbaines en 2015. Une “exécution de la volonté de Joseph Kabila”, dénonce Jean Baudouin Mayo. Comme ce dernier, plusieurs opposants congolais souhaitent plutôt le parachèvement du cycle de 2011.

Les élections locales, ce n’est pas la priorité en RDC.

Thomas Luhaka, secrétaire général du MLC

“En 2006, le pays a organisé cinq élections (législatives, présidentielle, provinciales, élection des gouverneurs et les sénatoriales). Mais en 2011, nous n’avons eu que deux élections (législatives et présidentielle). Pourquoi ne pas parachever le cycle avec les trois [élections] qui restent ?”, s’interroge Thomas Luhaka. Pour le secrétaire général du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), “organiser dans les circonstances actuelles les élections locales – lesquelles ne sont pas la priorité à ses yeux -, c’est ouvrir une boîte de Pandore.” Allusion faite aux “frictions” qui pourraient surgir, selon lui, entre différents clans politiques lorsqu’il s’agira de délimiter les circonscriptions électorales pour ces scrutins locaux.

3. Risque-t-on de prolonger le mandat présidentiel au-delà de 2016 ?

Thomas Luhaka craint également un “glissement du calendrier électoral au-delà de 2016”, année de l’échéance du mandat présidentiel en l’état actuel de la Constitution de la RDC. “Si la Ceni commence à organiser des élections de manière partielle comme elle propose, à un moment donné, nous allons manquer de temps pour organiser la présidentielle dans les délais”, avertit-il, soulignant la nécessité d’avoir une “vision globale” du cycle électoral. Un appel qui fait écho à celui lancé par les envoyés spéciaux internationaux et par l’Union européenne (UE) qui demandent à la Ceni de publier un “calendrier complet” des élections.

>> Lire aussi : vers un troisième mandat pour Joseph Kabila en 2016 ?

“Nous sommes un pays souverain, rétorque Sébastien Luzanga Shamandefu. (…) Nous n’avons pas d’injonctions à recevoir de qui que se soit.” Le porte-parole de la MP demande à “ces envoyés spéciaux” de “laisser les Congolais organiser leurs élections”, réaffirmant la “confiance” de sa famille politique en “l’indépendance de la Ceni”. Mais il reste muet sur les risques de dépasser 2016 pour l’organisation de la présidentielle. Ce qui n’est pas de nature à rassurer l’opposition…

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Par Trésor Kibangula

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