Par Faustin Kuediasala
Entre le gouvernement et la Commission électorale indépendante – seule rescapée de la transition « 1+4 » – les violons ne semblent pas s’accorder sur l’organisation des élections générales de 2011. Aussi, lorsque le gouvernement déclare caduques les cartes d’électeurs encore en circulation, la CEI se félicite-t-elle, quelques jours après, de la poursuite des opérations d’enrôlement d’électeurs dans le Bas-Congo, affichant une indifférence totale au point de vue développé par le gouvernement via le vice-Premier ministre de l’Intérieur.
Jeudi 15 juillet 2010, Adolphe Lumanu reçoit dans son cabinet de travail les responsables des partis politiques agréés, autorisés à exercer leurs activités sur l’espace congolais. Un seul point à l’ordre du jour. Le vice-Premier en charge de l’Intérieur voulait juste se servir de l’occasion pour avoir l’adhésion des chefs de partis politiques dans la campagne de renouvellement des cartes d’électeurs, les anciennes, selon lui, étant déclarées caduques.
Selon Radio Okapi, qui rendait l’information sur son site Internet, le vice-Premier ministre déclarait ce qui suit : « Les anciennes cartes d’électeurs sont tombées caduques. Tous les citoyens sont appelés à acquérir de nouvelles cartes d’électeur par l’opération de révision du fichier électoral ». Et d’appeler, par la suite, les dirigeants de ces partis politiques à mobiliser leurs militants pour l’accompagner dans son nouveau chantier de renouvellement des cartes d’électeurs sur l’ensemble du territoire national.
Pour le vice-Premier ministre, il s’agit pour l’essentiel de faire part aux présidents des partis politiques, des observations et recommandations permettant aux partis politiques de jouer leur rôle dans l’organisation de prochaines élections. « Par le temps qui court, le grand travail que vous avez, c’est comment amener tous vos militants à se faire enrôler dans le cadre de l’opération de la révision du fichier électoral. Toutes les cartes d’électeur sont tombées caduques. Il vous faut une nouvelle carte d’électeur », s’est-il expliqué au micro de Radio Okapi.
COUP DE THEATRE DANS LE BAS-CONGO
L’on se rappellera qu’après l’opération à Kinshasa de l’actualisation du fichier électoral par l’enrôlement de nouveaux électeurs en âge de voter, les équipes de la Commission électorale indépendante se sont déportés vers le Bas-Congo pour poursuivre la même opération.
Cependant, comme si la CEI n’a pas eu écho de l’information rendue quelques jours auparavant par le vice-Premier ministre Adolphe Lumanu, la seule institution citoyenne rescapée du dialogue inter congolais, s’est félicitée hier mardi 20 juillet de la poursuite des opérations d’enrôlement de nouveaux électeurs dans le Bas-Congo.
A en croire radiookapi.net, à 28 jours de la clôture des opérations d’enregistrement des électeurs dans la province du Bas-Congo, la CEI se dit satisfaite d’avoir enrôlé dans cette province plus d’un million de personnes.
Un chiffre qui représente 75% des estimations, a indiqué son 3ème vice-président, qui conduisait le même jour à Kasangulu, à la frontière avec la ville de Kinshasa, une délégation de la communauté internationale composée des bailleurs de fonds du processus électoral congolais.
Toujours, selon radiookapi.net, la délégation des bailleurs a visité quelques centres d’inscription de Kasangulu. Selon Me Crispin Kankonde, la CEI s’est fixée pour objectif de doter les électeurs du Bas-Congo de leurs cartes avant le 19 août 2010, date de la clôture des opérations d’enregistrement dans cette province.
Alors, la question : A quel jeu joue finalement la CEI ? Lorsqu’au moment où elle se fixe de nouvelles échéances pour la clôture des opérations d’enrôlement de nouveaux électeurs, le gouvernement, par celui censé géré les affaires intérieures, déclara tout haut que les cartes d’électeurs, anciennes et nouvelles, sont réputées caduques jusqu’au lancement d’un nouveau format, celui supposé conduire le peuple congolais aux élections générales de 2011.
UN JEU MACABRE
Il y a bien une distraction dans les préparatifs liés aux élections de 2011. A qui devrait-on finalement se confier ? Est-ce au gouvernement ou la CEI ? Entre les deux, qui aurait finalement ordre de préséance pour toutes les questions se rapportant aux élections ?
La population, médusée, ne sait donc plus à quel saint se vouer. Car, lorsque le gouvernement déclarée caduques les cartes d’électeurs encore en vigueur, la CEI, quelques jours, se félicite de l’enrôlement dans le Bas-Congo et promet, sans vergogne, de respecter son calendrier pour boucler les opérations. De qui se moque-t-on ? Ne pourrait-on pas avoir du respect – le minimum qu’il faut – pour ce peuple qui s’est longtemps privé pour l’émergence d’un Etat réellement démocratique ?
La confusion entretenue par le gouvernement et la CEI n’honore nullement la République. En tout cas, le vice-Premier de l’Intérieur a le devoir d’intervenir pour lever toute forme d’équivoque sur la question. De quel droit la CEI continue-t-elle les opérations d’enrôlement dans le Bas Congo alors que les cartes qu’elle délivre sont d’ores et déjà déclarées caduques par le gouvernement ? Ne serait-elle, comme pensent certaines langues, animée par le seul souci de consommer le budget alloué pour cette opération ?
Décidément, entre le gouvernement et la CEI, les violons sont loin de s’accorder sur la gestion des élections générales de 2011. En attendant la mise en place de la CENI, l’organisation des électeurs est déjà entachée d’irrégularités sur fond d’imbroglio.
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