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-Une opération commando antiraciste vient de s’en prendre, dans une librairie parisienne, aux exemplaires de “Tintin au Congo”. Énième tentative de museler d’anciennes caricatures d’Africains parlant le “petit nègre”…
“Le XXIe siècle sera raciste ou ne sera pas”, aurait pu dire André Malraux, tant les pulsions policières américaines où les penchants hooligans européens laissent penser que l’acceptation du teint d’autrui n’est pas au programme de ce début de millénaire. Pourtant, la légitime crispation des “officiels” de l’antiracisme ne pourrait-elle pas trouver meilleure cible qu’un personnage de bande dessinée anachronique ?
Il est vrai qu’en ce mois de Noël, les BD se vendent comme des petits pains ; tout particulièrement les vieux albums, tant il est démontré que les parents achètent, pour leurs enfants, les cadeaux qu’ils auraient aimé recevoir, quelques décennies auparavant. La vieille école graphique de la ligne claire belge remonte donc en tête de gondoles, ce qui ne pouvait échapper au “Groupe d’intervention contre le racisme”.
Lundi 8 décembre, un “commando” d’une cinquantaine de ses membres s’en est pris à l’album “Tintin au Congo” et son ramassis de phylactères en “petit nègre”. Il a pris une enseigne parisienne à l’abordage – la FNAC des Halles -, déposant, sur chaque exemplaire des aventures africaines du petit reporter, des autocollants “Produit toxique, relents racistes, peut nuire à la santé mentale”.
Ce n’est pas la première fois que le héros du dessinateur Hergé subit les assauts des antiracistes. Depuis 2012, le Conseil représentatif des associations noires de France réclame, au mieux, l’interdiction de la vente de l’ouvrage, ou, au moins, l’ajout d’une préface avertissant les lecteurs du caractère “colonialiste” de l’album. Mauvais point pour le CRAN : l’étudiant congolais Bienvenu Mbutu Mondondo fut débouté devant la cour de justice de Bruxelles dans une affaire similaire. Bon point : une telle préface existe dans certaines versions américaines, comme celle de l’éditeur Last Gasp qui explique que “Dans son portrait du Congo Belge, le jeune Hergé est le reflet des comportements coloniaux de l’époque. Il a lui-même admis qu’il a dépeint les Africains selon des stéréotypes bourgeois et paternalistes”.
Dans les années 40, le dessinateur aurait donc été davantage la victime d’un bourrage de crâne que le coupable d’une incitation à la haine raciale. L’actuel éditeur européen, Casterman, quand il ne fuit pas les débats, indique déceler, dans l’œuvre contestée, moins de “racisme” que de “paternalisme gentil”.
>> Lire notre dossier : “Oublier Tintin”
Au moment où il dessinait la première version de “Tintin au Congo”, Hergé n’avait jamais mis les pieds en Afrique. Dédouanement supplémentaire d’un artiste qui n’a pas vocation à être historien ? Ou circonstance aggravante qui lui interdisait de placer dans la bouche d’Africains des phrases comme “Li missié blanc très malin”. Lesquels personnages africains parlaient moins bien le français que Milou, le chien de Tintin qui lançait à ces “indigènes” fictifs : “Allons, tas de paresseux, à l’ouvrage !”. Un chien qui houspille des Noirs, c’est peut-être le comble du mépris. Un chien qui parle, c’est peut-être la preuve que l’album ne se voulait pas conforme à la vérité…
Aujourd’hui, le présumé afrophobe Tintin parle le wolof dans “Kumpag Wangalang Wi”, la version du “Secret de la Licorne”…
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Par Damien Glez
Jeuneafrique