Source: Afrikarabia
-Elections ou non, l’année 2011 sera cruciale en la République démocratique du Congo (RDC). Si les élections ont bien lieu, le scrutin se révèlera plus ouvert que prévu et plus personne ne sera en mesure d’assurer la réélection “programmée” de Joseph Kabila. Si les élections sont reportées, comme beaucoup le prédisent, la RD Congo entrera alors dans une zone de fortes turbulences et fera de 2011, l’année de tous les dangers. Etat des lieux.
Plusieurs difficultés attendent la RDC en 2011 et les 5 chantiers lancés par le président Kabila en 2006 sont encore loin d’avoir portés tous leurs fruits. Il faut dire que les attentes des congolais sont immenses : inflation, santé, électricité, eau, éducation, état des routes… tout reste à faire dans cet immense pays aussi grand que toute l’Europe occidentale et les marges de manoeuvres du pouvoir sont très étroites. Le budget de la République démocratique du Congo (RDC) reste microscopique : 6,7 milliards de dollars pour plus de 72 millions de Congolais.
Des conditions de vie difficiles
Ces derniers mois, les prix ont flambé dans tous le pays. Cette augmentation des prix va du simple au double en l’espace de trois mois : riz, manioc, grains de maïs, farine de froment et viande congelée, pour ne citer que ceux-là. Une dernière étude du PNUD, le niveau de développement en République Démocratique du Congo est en recul en 2010 par rapport à celui de 1970, selon le classement annuel du développement humain… on vivrait donc plus mal à Kinshasa en 2010 qu’en 1970 !
Une guerre sans fin à l’Est
Le chaos règne toujours à l’Est du pays. Les groupes rebelles font toujours la loi dans les Kivu et la frontières Nord de la RD Congo continue d’être la proie de la LRA (Armée de Résistance du Seigneur). Attaques sanglantes, massacres, viols, enlèvements, pillages… les civils sont les premières victimes de l’insécurité permanente qui prévôt à l’Est de la République démocratique du Congo. Milices huttes des FDLR, Maï-Maï, ex-CNDP… et soudards de l’armée régulière (FARDC) ont jeté plus de 1,4 millions de déplacés sur les routes congolaises. Pour l’heure, ni les 17 000 casques bleus de la MONUSCO, ni les FARDC ne parviennent à rétablir un semblant de sécurité dans la région.
Année électorale ?
2011 doit sonner comme l’heure de vérité pour le président Joseph Kabila. A la surprise générale, en plein été 2010, le président sortant annonce la date de la tenue des prochaines élections présidentielles en RD Congo : novembre 2011. Le recensement et l’enrôlement des électeurs ne sont pas terminés, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’est toujours pas en place et suscite déjà des controverses… mais les élections auront bien lieu ! A moins que… comme de nombreux observateurs le prédisent, Joseph Kabila ne décide de reporter le scrutin. La mise en place chaotique des élections, son manque financement et la nomination contestée du futur président de la CENI pourraient pousser le président Kabila remettre le scrutin aux calendes grecques. Car pour la président sortant, les élections ne s’annonce plus comme une simple promenade de santé.
Plusieurs candidats de poids viennent en effet de sortir du bois et la réélection de Joseph Kabila apparaît de moins en moins assurée. Des alliances semblent même voir le jour entre les principaux partis d’opposition : le MLC de Bemba et Muamba, l’UDPS de Tshisekedi ou l’UNC de Kamerhe… trois poids lourds de la politique congolaise qui pourraient troubler la tranquille réélection de Joseph Kabila. Elections avec ou sans report… 2011 sera donc une année décisive pour la stabilité de la République démocratique du Congo.
Christophe Rigaud