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Par Le Potentiel
Le gouvernement annonce le deuxième recensement scientifique de la population à partir de 2010. Après celui de 1984. Coût de l’opération : 170 millions de dollars dont plus de 60%, espère-t-il, proviendraient de l’extérieur. Cette programmation coïncide avec l’approche des scrutins de 2011. La coïncidence ne passe pas inaperçu.
LE POTENTIEL
L’information revêt du sceau de l’authenticité. Le gouvernement de la République démocratique du Congo a décidé de procéder à un recensement de la population « à partir de 2010 ». La tribune choisie pour confirmer cette nouvelle a été, pour le ministre du Plan, Olivier Kamitatu, la radio onusienne Okapi émettant de Kinshasa.
Pour être plus précis, le ministre a révélé, hier vendredi, que ce deuxième recensement scientifique intervient après le premier, qui a été réalisé en 1984. Précision majeure d’Olivier Kamitatu quant à l’intérêt du recensement scientifique : « La RDC souhaite maintenant avoir des données statistiques fiables pour sa reconstruction ».
Cette opération, selon lui, va coûter « près de 170 millions de dollars US dont plus de 60% devront provenir des partenaires étrangers ». L’apport du gouvernement de la RDC, pendant les deux exercices budgétaires 2010 et 2011, devra « avoisiner les 30 millions de dollars US ». En attendant les millions de l’extérieur, que fait l’Exécutif ? Réponse du ministre du Plan : « Nous avons déjà initié une phase préparatoire qui aboutira en 2010 à un premier ‘recensement pilote’. Celui-ci donnera déjà des résultats très intéressants à partir de juin – juillet 2010 ». C’est donc après cette étape que « le recensement général interviendra en 2011. Il est confié à l’Institut national des statistiques, sous la supervision du ministère du Plan ».
MEFIANCE : LE COME BACK
Pour certains ténors de l’Opposition politique ayant exigé le recensement de la population avant les scrutins de 2006, la programmation de celui-ci et sa coïncidence avec la période d’effervescence préélectorale 20100 ne seraient pas un fait du hasard. « Le Pouvoir aurait une idée noire derrière la tête », soupire un opposant.
Poursuivant leur logique de contestation, ces observateurs ne croient pas en la capacité du gouvernement à lever des fonds – 30% internes et plus de 60% à l’international – pour mener l’opération à bon port.
Ou bien, l’Exécutif fait des déclarations anesthésiantes pour endormir le peuple et, ensuite, surprendre l’Opposition par des nouvelles du genre « On n’a pas pu réunir les fonds pour le recensement ; comptons alors sur les enrôlements 2006 réactualisés par le fichier électoral révisé ».
Méfiance et soupçons risquent de faire leur come back pour fragiliser la cohésion nationale chaque jour en chantier. Il faut craindre que le fossé ne s’élargisse davantage entre les différentes strates de la classe politique. Comme cela s’est observé avant, pendant et après l’épique campagne électorale de 2006.
En outre, cette curieuse coïncidence que ce recensement se déroule durant la période consacrée à l’organisation des prochaines élections. Pourrait-on croire que ce recensement conditionnerait le déroulement des prochaines élections générales ? Qu’en serait-il des élections locales et municipales ?
Dieu fasse que ces appréhensions restent au niveau de simples procès d’intention. Certes, le gouvernement a fort à faire pour prouver sa bonne foi aux partenaires. Notamment sur sa volonté, ou non, de constituer sur fonds propres, « en 2010 et en 2011 », une cagnotte avoisinant les « 30 millions de dollars US » au titre de participation aux coûts de l’opération du recensement scientifique.
AFFAIRE EXCLUSIVEMENT NATIONALE ?
En somme, c’est à une dure épreuve que le ministre du Plan soumet le gouvernement. A ce propos, les critiques auront tous yeux toutes oreilles braqués vers le Ministère, cherchant à savoir à quel moment les partenaires extérieurs de la RDC auront mis la main à la poche à hauteur de « plus de 60% » sollicités par Kinshasa.
Ainsi qu’on le voit, l’organisation du deuxième recensement scientifique de la population de la RDC n’est pas une sinécure. Elle n’est pas, de l’aveu du ministre du Plan, une affaire exclusivement nationale. Et pourtant, elle aurait dû l’être car n’étant pas au-dessus des capacités financières de la République. Tout est question de volonté politique.
A supposer que, pour des raisons objectives, l’extérieur ne délie pas les cordons de la bourse à hauteur des « plus de 60% » du budget prévu, Kinshasa va-t-il irrémédiablement différer l’opération sine die ? De quels arguments disposerait-il pour amadouer les populations congolaises ? En tout cas, ce risque est porteur de nuages.
De toutes les manières, si par bonheur le gouvernement réussissait son « coup », il ferait œuvre utile en renforçant son administration des frontières et son administration de l’état civil.
En vue d’accompagner le coûteux recensement scientifique, le gouvernement devrait rajeunir et motiver les agents et cadres compétents chargés de ces secteurs sensibles.
Ces préalables une fois satisfaits, la République garderait la haute main sur le dispositif pour contrôler les flux migratoires transfrontaliers ainsi que les mouvements des réfugiés, aussi bien congolais dans les pays limitrophes qu’étrangers ayant trouvé asile sur le territoire de la RDC.
D’accord, enfin, pour le deuxième recensement scientifique de la population congolaise, mais gare aux manigances politiciennes !