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Par Robert Kongo (Le Potentiel)
Interview
A l’occasion de la visite de notre correspondant à son domicile en région parisienne, Tabu Ley Rochereau, convalescent, lui a accordé une interview au cours de laquelle il parle pour la première fois de l’évolution de son état de santé. Il témoigne de sa collaboration avec la chanteuse Faya Tess qui vient de fêter les 25 années de carrière, et parle de la musique congolaise en général. L’ air décontracté après une séance de kinésithérapie qu’il pratique plusieurs fois par semaine, le « seigneur Ley » était ravi de répondre aux questions de Robert Kongo, sous l’oeil attentif et perspicace de sa conjointe « Mama Mélanie ». Une interview exclusive d’ un artiste qui fait partie de notre mémoire.
Comment allez-vous ?
Comme vous le remarquez, je vais très bien. Tout évolue très bien comme l’attestent les médecins jour après jour. Je n’ai donc pas de soucis à me faire quant à l’amélioration de mon état de santé. Contrairement à ce que d’aucuns peuvent penser, j’accepte cette affection avec bonhomie. La maladie n’est pas un drame ; elle fait partie de la vie. Il n’y a pas de quoi s’étonner ou s’attrister. Je vis cela bien et avec philosophie. Il y a deux étapes dans la vie d’un être humain : la naissance et la mort. Si la naissance est le début de la vie extériorisée, la mort en est la fin. Je n’ai jamais eu peur de la mort. D’ailleurs, pourquoi en aurai-je peur parce que c’est notre destinée à tous ? Nul n’est éternel ici-bas. Pour moi, la mort est quelque chose de naturel.
Vous sentez-vous bien entouré?
Je suis bien entouré : il y a la famille, les amis et connaissances, des collègues artistes musiciens qui viennent souvent me rendre visite. Comme vous êtes venu me voir, vous faites partie de mon entourage. Cela me fait énormément du bien. Je suis encore très heureux de l’hommage que m’avait rendu Koffi Olomide à Kinshasa, le 1er mai 2010. C’est avec joie que j’avais suivi ce grand concert à la télévision. Beaucoup d’artistes musiciens -venus d’un peu partout- ont répondu à son invitation. Parmi eux, Pépé N’Dombe, Lutumba Simaro et Sam Manguana. Un régal pour le public qui était venu nombreux écouter les oeuvres de leur serviteur. Cela voudrait dire que je suis assez bien entouré. C’est une grâce. Je bénis le Seigneur, mon Berger.
Et les autorités congolaises, prennent-elles de vos nouvelles ?
Je ne lis pas dans une boule de cristal ou dans un marc de café. Je ne sais pas si elles cherchent à avoir de mes nouvelles. Les ont-elles ? Par quel canal ? Je n’en sais rien. Mais quand je prie Dieu pour moi-même, je le fais autant pour elles afin que Dieu les protège ; qu’elles puissent bien conduire les affaires du Congo ; qu’elles pensent à son développement et à l’épanouissement du peuple congolais. C’est notre mission première, car je suis moi-même responsable politique et culturel. Je dis que le Congo est notre pays, nous devons travailler sans relâche et avec amour pour assurer son avenir. Le travail garantit le progrès, et le progrès engendre le bonheur.
Faya Tess, votre élève en musique, a fêté le 4 avril dernier les 25 années de carrière musicale. Que diriez-vous de son parcours dont les médias ont largement fait écho ces derniers mois?
Le parcours de Faya Tess est tout à fait correct, sinon elle n’en serait pas là. 25 ans dans la musique, ce n’est pas peu. J’ai beaucoup travaillé avec elle, et j’atteste que cette fille a du talent. Son comportement aussi explique sa longévité dans ce métier : elle ne trahit jamais ses amitiés et ne déçoit pas ses relations. Elle a beaucoup d’humilité. Une qualité rare que l’on ne retrouve pas chez beaucoup de filles qui intègrent cette profession. La plupart d’entre elles ne viennent que pour exposer leur charme et faire le m’as-tu-vu au lieu d’oeuvrer pour asseoir leur carrière. A l’inverse, Faya Tess travaille beaucoup et a la tête sur les épaules. C’est ce comportement-là que Faya Tess a apporté à la musique congolaise. Je souhaite qu’elle serve d’exemple aux jeunes filles qui rentrent dans cette profession. Réfléchie, intelligente, mathématicienne de surcroit, Faya Tess m’a toujours impressionné !
Que signifie les surnoms de Faya Tess et la Sirène d’eau douce dont vous êtes l’auteur ?
Faya découle du mot anglais Fire qui signifie la flamme, le feu ; Tess vient de son prénom Thérèse. Pour que cela fasse beau, je l’ai appelé Faya Tess. Parce que c’est une fille qui n’est pas brute et ne cherche noise à personne, je l’ai encore appelé la Sirène d’eau douce : aucun membre de l’Afrisa ou de notre entourage, proche ou lointain, est déjà venu me voir pour se plaindre de son comportement. Jamais. Pour cela, je suis très heureux pour elle et lui en félicite.
Faya Tess, c’est « l’espoir rose du printemps » rajoutent les médias. Qu’en pensez-vous ?
Vous êtes journalistes, donc vous êtes également artistes. Vous êtes des peintres de l’écriture : vous avez cette dextérité de peindre les gens avec votre plume. C’est très beau comme appellation. Félicitations pour cette trouvaille.
Ne manquez-vous pas à son encadrement ?
Non, Faya Tess est toujours avec moi, soit au téléphone, soit elle vient me voir à mon domicile. Je l’ai toujours conseillé à chaque fois qu’elle en a eu besoin. Si je trouve quelque chose qui me déplait dans ce qu’elle fait, sur le plan artistique, je ne manque pas de lui faire la remarque. Ces derniers temps, et vous l’avez sans doute remarqué, son étoile ne fait que s’élever au firmament. Qui ne connaît pas Faya Tess ? C’est pour vous dire qu’elle a trouvé sa place dans la musique ; qu’elle fait désormais partie du paysage culturel congolais. Quand j’apprends, ici ou là, que Faya Tess n’a de cesse de me remercier pour ce que je fais pour elle, cela me touche beaucoup et me fait du bien. Tant que je serai vivant, elle bénéfiera toujours de mes conseils.
Faya Tess mène aujourd’hui une carrière solo. Si vous aviez un conseil à lui donner, ce serait lequel ?
C’est d’enlever de sa tête qu’elle mène une carrière solo. Cette expression a beaucoup abruti certains de nos artistes musiciens, femmes comme hommes. On ne peut pas faire ce métier tout seul. Ce n’est pas possible. On a toujours besoin d’un accompagnement. Comment un chanteur peut-il se passer d’un instrumentiste pour créer une oeuvre ? C’est vraiment aberrant. Je n’aime pas cette expression. D’ailleurs Faya Tess, elle-même, ne l’a jamais utilisé. Heureusement. Aussi, je lui conseille de rester elle-même, autant sur le plan artistique que sur le plan humain.
Tous les musiciens Congolais parlent de vous comme une référence de taille, un exemple de professionnalisme sans égal. Qu’est-ce que cela vous procure?
De son vivant, lorsque Wendo avait appris que j’ai chanté « Rochereau muana ya Congo, mokitani ya Wendo » (Rochereau fils du Congo, le dauphin de Wendo) , il parait qu’il était très fâché , et cela se serait passé en direct à la télévision. Il aurait dit : « Ngai nanu nakufi te, ye akende koloba a remplacer ngai » (Je suis encore en vie, comment peut-il prétendre être mon héritier ?). Faudrait-il attendre la disparition de quelqu’un pour lui trouver un successeur ? Pour honorer une autorité ou une célébrité, quelle qu’elle soit, il faut que celle-ci décède d’abord ? Je ne partage pas ce raisonnement. Les Français par exemple, ils n’ont pas attendu la mort de De Gaulle, Pompidou, Mitterrand voire certains artistes et écrivains pour les honorer ou leur rendre hommage. Des rues, places, avenues et monuments historiques étaient baptisés à leur nom, alors qu’ils étaient encore en vie. Pourquoi cela pose un problème chez nous ? Je préfère que l’on m’honore de mon vivant, que ma famille et moi-même puissions vivre cette reconnaissance-là. Que tous les jeunes artistes musiciens se proclament aujourd’hui héritiers de Tabu Ley Rochereau, ne me gène pas. Au contraire, cela me fait un très grand plaisir, et je les en remercie.
Lequel a hérité de votre professionnalisme, selon vous ?
Ils sont nombreux, et tout le monde se dispute être le dauphin de Rochereau. C’est tant mieux. Mais je n’ai pas de préférence particulière. Je félicite et encourage celui qui essaye de faire toujours mieux que l’autre. C’est cet esprit d’émulation qui prévalait entre Franco et moi. Je souhaite ardemment que nos jeunes musiciens s’en inspirent.
Quel regard portez-vous sur la musique congolaise d’aujourd’hui ?
J’ai toujours évité d’émettre un avis personnel sur la musique congolaise telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui. Cela risque d’être mal interprété. Simplement, je conseillerai aux jeunes de travailler à fond leurs oeuvres ; qu’ils mettent à profit leur talent et qu’ils aient l’amour de ce métier. Aussi, doivent-ils avoir présent à l’esprit qu’une oeuvre se réalise en équipe, de la création à la production. Ainsi, il faut qu’ils sachent entretenir des relations humaines. Un peu d’humilité dans le travail ne leur ferait pas du mal.
Que n’avez-vous pas pu faire au cours de votre longue carrière que vous aimeriez réaliser
J’ai vécu 9 ans aux Etats-Unis. J’y ai côtoyé la famille de Michaël Jackson, ses frères, soeurs et lui-même. Ils venaient chez moi, et ils m’invitaient chez eux. Mon seul regret est de n’avoir pas eu l’occasion de produire un concert avec Michaël Jackson. Aujourd’hui, ce rêve est irréalisable parce qu’il n’est plus de ce monde. De toutes mes compositions, c’est la chanson « Marie Clara » qu’il aimait le plus, et je l’ai su au cours d’une soirée que nous avons passé ensemble chez « Mama Patience » à Hollywood. (Avec le talent qu’on lui reconnaît, Rochereau fredonne le refrain de « Marie-Clara »).
Dans quelques mois, vous fêterez vos 70 ans d’âge. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est une très grande satisfaction personnelle. Encore une fois, je bénis le Seigneur, mon Berger. Dieu qui pourvoie à toute chose m’a accordé cette grâce magnifique. Qu’il soit loué à jamais.
Avez-vous des projets sur le plan musical ?
A 70 ans, je fais de moins en moins la musique pour préserver ma santé. Mais bientôt, je rentre en studio avec Faya Tess et d’autres musiciens de l’Afrisa. Avec la grâce de Dieu, je sortirai dans les prochains mois de nouvelles chansons. J’ai déjà écrit l’une des chansons dans laquelle je rends gloire à Dieu. Le rêve, même utopique, de tout être humain est d’aller un jour au Paradis, au Ciel. Alors, j’ai chanté le Ciel : cet havre de paix où règnerait l’amour, le partage, la
Au sujet de la manifestation du 28 mars 2004, les avocats des prévenus rétorquent que si Bobo et consorts avaient créé un mouvement insurrectionnel, ils seraient amnistiés par la loi de 2005. Ils soulignent aussi que cela a permis aux policiers de recouvrir la totalité de leur solde qui était toujours détournée, passant ainsi de 3.900 Fc à 5.150 Fc.
Sincérité ; ce lieu magique, féerique, où tout serait poésie ; Un royaume où tout serait lumière.
Un dernier mot ?
Que Dieu bénisse la République démocratique du Congo.