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Par COLETTE BRAECKMAN
Et si, tenant compte des critiques et du relevé argumenté de toutes les carences des autorités de Kinshasa, Albert II n’allait pas au Congo le 30 juin prochain, pour les cinquante ans de l’indépendance de l’ancienne colonie belge ? Fort bien. Ce désistement donnerait raison aux « réalistes » qui savent depuis longtemps que la Belgique, placée par hasard au cœur de l’Europe, n’a jamais été qu’un accident de l’Histoire. Rien de plus qu’un petit pays frileux dont les investisseurs redoutent des horizons africains dont ils ont naguère tiré tant de profits. Un pays qui a vendu ses banques, liquidé sa capacité industrielle et bradé ses ambitions. Un peuple égoïste qui tourne le dos aux illusions du passé et jouit encore des dividendes d’une réputation parfois surfaite…
Si le Roi ne se rend pas à Kinshasa, cela permettra aux Congolais d’enfin couper le lien qui les relie à l’ancienne métropole ; après avoir fait le « deuil du père », ils pourront, l’esprit tranquille, se tourner vers les nouveaux partenaires qui se bousculent et leur marquent les signes de respect dont la Belgique se montre si chiche…
Cette image-là correspond-elle à la réalité de notre pays, aux sentiments de notre population, aux vœux des Congolais ? Non, trois fois non. Pour beaucoup d’entre nous, le Congo c’est encore une Belgique qui sait déployer le meilleur de ses talents, ouvrir ses fenêtres vers de plus larges horizons. Une Belgique, qui, sur la scène internationale, s’est opposée au dépeçage de son ancienne colonie, a dénoncé une guerre atroce et parrainé les élections démocratiques qui ont refondé l’Etat. Une Belgique dépourvue de visées impérialistes mais dont l’autorité morale et la compétence sont reconnues lorsqu’il s’agit du Congo. Ne pas aller à Kinshasa, le 30 juin, c’est nier les dizaines de milliers de solidarités individuelles – parrainages, jumelages, envois de fonds, réunions d’information… – et congédier les missionnaires, volontaires, militants, anciens coloniaux… Y aller, c’est rendre un tribut à l’Histoire, l’écrire à l’endroit, reconnaître que les destins de deux peuples se sont croisés au XIXe siècle et demeurent liés au XXIe… Et, au-delà des contingences politiques, c’est prendre date pour l’avenir