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RDC-CHINE:Pas-de-porte chinois – Les « fonds vautours » réclament 100 millions USD à la RDC


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Source: Le Potentiel

Coup dur pour la République démocratique du Congo et la Chine. Les « fonds vautours » viennent de se manifester juste au moment où la RDC est en pleine phase de reconstruction nationale. Ils réclament plus de 100 millions de dollars à la RDC et ont été autorisés à se faire payer sur le pas-de-porte chinois qui devrait être versé à la Gecamines. Ce qui va handicaper sérieusement la relance de cette entreprise minière, refroidir les ardeurs des entreprises chinoises qui voient ainsi leur contrat avec la RDC attaqué. Et enfin, le Budget 2010 est amputé d’une partie importante de ressources extérieures.

Le ministre du Plan, Olivier Kamitatu, était-il loin de se douter qu’il se préparait quelque chose contre la RDC et la Chine lorsqu’il répondait aux questions de Jeune Afrique sur l’avenir de la Gecamines ? Il s’exprimait en ces termes : « Nous sommes engagés dans une réforme des entreprises publiques devenues des sociétés commerciales. A propos de la Gecamines, il convient de s’interroger sur la façon de valoriser au mieux les permis miniers et les participations de l’Etat ».

Comme si les journalistes n’étaient pas satisfaits, ils insistent : La Gecamines est-elle à vendre ? « Elle n’est pas à vendre et restera congolaise » – Une introduction en Bourse ? « C’est l’une des pistes de réflexion et ce serait logique » – Quant à la relance de la production, peut-on encore y croire ? « Il faudrait investir massivement, et l’Etat actionnaire n’en a pas les moyens. La Gecamines perd 20 millions d’euros par mois. Il faut d’abord résoudre ce problème avant de s’interroger sur une relance de la production ».

La Gecamines risque d’attendre longtemps ces moyens. En effet, presqu’au même moment que le ministre du Plan accordait cette interview, une décision de la justice de Hong Kong du 10 février 2010 tranchait en faveur du « fonds vautour » américain FG Hemisphère. Verdict rendu dans le cadre d’un litige de créance impayée qui l’oppose au gouvernement de la RDC. Ils demandent que les 100 millions de dollars dus (pénalités comprises) soient retenus sur les 9,25 milliards de dollars que la Chine a versé à Kinshasa pour exploiter 10 millions de tonnes de cuivre.

Or, dans un premier temps, la Chine, à travers la société China Railway en RDC, a garanti un pas-de-porte à hauteur de 350 millions de dollars à la Gecamines. Une première tranche, 50 millions de dollars, a été déjà versée. Il reste 300 millions de dollars. Si cette décision est appliquée, le « fonds vautour » devra automatiquement prélever 100 millions de dollars USD, En attendant ce fonds serait bloqué.

DANGEREUX CREANCIERS

Il est important de retenir que les « fonds vautours » sont des entreprises privées, en majorité anglo-saxonnes. Leur commerce consiste à racheter à bas prix des dettes d’entreprises en détresse ou des pays en développement en retard de paiement pour traîner les débiteurs en justice afin de réclamer la dette nominale doublée d’intérêts, de pénalités et de divers frais de justice. Elles sont très bien introduites dans les instances judiciaires internationales et savent comment s’y prendre. Donc des créanciers dangereux, sans état d’âme.

Avec leur flair, ce sont des pays où règne la mauvaise gouvernance qui sont le plus souvent des cibles faciles de ce type de manoeuvre pour autant qu’ils ont perdu, du moins les dirigeants, tout réflexe de dignité, d’intérêt collectif.

En ce qui concerne la République démocratique du Congo, FG Hemisphère, une entreprise américaine de l’Etat de Delaware, a racheté plusieurs dettes de la RDC. Aussi, avait-elle attaqué déjà la RDC en justice pour rentrer dans ses frais dans les conditions indiquées ci-dessus. C’est ainsi qu’en début 2009, ce « fonds vautour » avait obtenu d’un tribunal sud-africain la saisie des recettes escomptées par la SNEL durant 15 ans sur le courant vendu à l’Afrique du Sud. Soit 105 millions de dollars. C’était l’aboutissement d’une procédure judiciaire, entamée devant un tribunal américain du district de Columbia, mais que la partie congolaise avait perdu en 2007. Tout simplement parce que la RDC ne s’était jamais présentée devant la justice durant 13 mois.

Ce même « fonds vautour » avait racheté en 2004 la dette de 34 millions de dollars de la RDC envers la société yougoslave, aujourd’hui serbe, Energoinvest, pour la construction des installations d’électricité dans les années 1980. Selon Financial Times, souligne la Libre Belgique, FG Hemisphère réclame plus de 100 millions de dollars à la RDC. Le fonds attendait que la RDC, asphyxiée pendant un moment, retrouve une marge financière. Il est revenu à la chargée après l’annonce du contrat entre la Chine Railway et la RDC en avril 2008. Le 10 février, la Cour d’appel de la Région administrative spéciale de Hong Kong, par une majorité de deux juges, Franck Stock et Maria Yuen, sur trois, s’est estimée compétente pour traiter l’affaire et a donné au « fonds vautour » le droit de faire saisir cette somme sur le pas-de-porte de 350 millions de dollars dû par China Railway à la Gecamines.

Ce pas-de-porte devrait servir à la relance des activités de production de la Gecamines pour effectuer des investissements nécessaires, à la réhabilitation et construction des infrastructures de base. Mais également une bonne partie à affecter au Budget 2010. Une décision lourde de conséquences tant qu’elle pourrait tempérer les ardeurs des partenaires chinois.

GUERRE DES MINERAIS

Pas plus tard que dans sa dernière livraison, Le Potentiel ne croyait pas si bien faire en relayant les observations pertinentes de certains analystes. Ceux-ci soulignaient les réticences de l’Occident face à l’intrusion de la Chine en Afrique. Aussi, avaient-ils fait remarquer que l’on assiste à une « première guerre américano-chinoise » en Afrique.

Comme le soulignent les journalistes de Jeune Afrique et de Libre Belgique, ces « fonds vautours » sont composés essentiellement des entreprises anglo-saxonnes qui rachètent les dettes des entreprises d’Etat à bas prix avant de réclamer leurs créances, la dette normale augmentée d’intérêts, de pénalités. Dans l’hypothèse où l’on ne serait pas capable de payer, il n’est pas surprenant qu’ils infiltrent les pouvoirs en place pour « installer » leurs hommes et contrôler toute l’économie nationale.

Une fois de plus, à travers tous ces « fonds vautours » qui se constituent sur fond des guerres de minerais, l’interpellation du professeur Omar Aktouf de l’université HEC Montréal, au Canada, trouve tout son sens : « Il faut que l’Etat soit un intervenant économique. Ce qui manque aux pays du Tiers monde, c’est que l’Etat ne joue pas son rôle véritable, notamment en matière d’éducation »

L’on salue, dans cet ordre d’idées, le bon réflexe de la présidente du Liberia, selon Libre Belgique. Ellen Sirleaf Johnson est parvenue à couper l’herbe sous le pied des prédateurs en faisant racheter par l’Etat libérien une partie de sa dette commerciale extérieure correspondant à 3 % de leur valeur faciale. Ce qui avait empêché les « fonds vautours » de s’en emparer, faisant ainsi baisser la dette extérieure du Liberia de 4,9 à 1,7 milliard USD.

L’Etat libérien a donc été un « intervenant économique ». Mais dans une « économie de prédation », on prête bien sûr le flanc aux « fonds vautours ».