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Par Emmanuel Chaco
Le Programme élargi de vaccination (PEV) du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) craint de ne pas réunir les moyens nécessaires pour assurer la vaccination de quelque neuf millions d’enfants dans le pays.
«Sur plus ou moins 130 millions de dollars dont on a besoin pour couvrir les demandes en vaccination des bébés de zéro à 11 mois pour l’année 2010, le gouvernement congolais a affirmé ne pas être capable de contribuer à plus d’un pour cent», a déclaré à IPS, José Banzombwa, directeur financier du PEV. Pendant ce temps, a-t-il dit, «neuf millions de bébés sont exposés à des maladies graves comme la poliomyélite qui peut les rendre handicapés physiques à vie».
Le budget de l’année 2010 en RDC, déjà très modique, environ cinq milliards de dollars et financé à 50 pour cent par la communauté internationale, affecte seulement 5,5 pour cent de ses ressources pour tout le secteur de la santé.
Selon Banzombwa, «Le PEV espère que les partenaires, parmi lesquels quelques agences des Nations Unies en RDC, la Coopération technique belge (CTB) et l’Agence américaine pour le développement international (USAID), financeront les 99 pour cent restant de son budget, avec comme risque que ces partenaires n’ont aucune contrainte pour le faire».
«Dans la Province orientale, la plus grande du pays, plus de 70.000 bébés n’ont pu accéder aux vaccins depuis le début de l’année 2009 jusqu’à la fin du premier trimestre de l’année 2010; ce qui les expose à la fièvre jaune, à la tuberculose, à la rougeole, à la poliomyélite et autres maladies», a affirmé à IPS, Jean Paul Makala, un fonctionnaire du ministère de la Santé publique et responsable des statistiques au PEV.
Génie Bulenda, une infirmière à Sainte Rita, un centre de santé privé à Bunia, dans l’est du pays, et mère d’une fillette de six mois, a dit à IPS que «le PEV a affirmé pendant de longs mois ne pas disposer de stocks suffisants de vaccins et ne pas être capable d’en conserver une grande quantité faute d’électricité. Ma fille qui est née en mars 2010 n’a été vaccinée pour la première fois que lorsqu’elle a eu ses deux mois, au début du mois de mai».
De son côté, Toto Asitaki, une sage-femme habitant l’Ituri (est du pays), a indiqué à IPS : «C’est à la fin du mois de mars que ma fillette de quatre mois a été vaccinée, mais dans une clinique privée d’Ituri, mais nous avons d’abord payé environ 0,5 dollar, alors qu’en principe, le vaccin pour les bébés doit être administré gratuitement». Asitaki est souvent consultée pour apporter de l’aide aux femmes en détresse lors des accouchements dans son quartier où il n’existe aucune maternité.
Au début de cette année, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a averti qu’en RDC, «des maladies autrefois éradiquées comme la trypanosomiase, la lèpre et la peste ont resurgi et que les chiffres pourraient s’élever à entre 20 et 22 pour cent dans les provinces orientales où il y a encore quelques troubles et conflits armés si aucune mesure urgente n’est prise».
«Il y a urgence à organiser un programme continu de vaccination et l’élargir à toute les provinces pour protéger les enfants», estime Dr Claude Muhiga, un médecin épidémiologiste. «Au lendemain de l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative des pays pauvres très endettés (PPTE) qui a engendré l’allègement de 90 pour cent de sa dette extérieure, le pays doit s’engager dans le social et particulièrement en faveur des enfants, l’avenir de demain», commente-t-il.
Pour Dr Muhiga, «c’est depuis des années que le pays n’est pas parvenu à couvrir à 100 pour cent les demandes en vaccins pour les bébés. Les conséquences sont telles que dans plusieurs villages du pays, on trouve des dizaines de jeunes handicapés physiques et handicapés mentaux pour n’avoir pas été vaccinés pendant leur jeune âge».
Dr Muhiga a déclaré à IPS : «Les principales causes qui empêchent que les enfants soient vaccinés sont l’indisponibilité des vaccins, le manque de pétrole pour conserver les produits (au frais)». Il a cité également «l’inaccessibilité de certaines parties du pays qui n’ont pas d’infrastructures routières, le manque de personnel qualifié et de centres de santés fiables dans certaines parties du pays ainsi que l’insécurité dans les zones où subsistent des rebellions et des groupes armés», notamment dans l’est de la RDC.
Mais, «les difficultés d’atteindre tous les enfants ne sont pas seulement dues aux aspects financiers, logistiques et sécuritaires. Il y a des parents qui refusent d’amener leurs enfants aux vaccinations à cause d’interdits traditionnels ou pour des raisons religieuses», affirme Justin Molero, un des responsables de la zone urbaine de santé de Mangobo, dans la Province orientale.
Sophie Mokili, une ménagère et mère de cinq enfants, vivant à Mangobo a expliqué à IPS : «Je ne connais ni l’origine ni la composition de ces produits qu’on vient administrer à nos enfants et je n’ai pas besoin de les faire vacciner tout le temps. Voyez comment ils sont bien portants…» Pour cette dame illettrée, «c’est Dieu qui protège les enfants, pas les vaccins qu’on nous amène de l’Europe!»
Cette opinion n’est pas partagée par Adeline Mpasi, une habitante de Kitokimosi, un quartier rural de Kinshasa et dont la fillette de quatre ans ne peut marcher, paralysée par la poliomyélite. «Lorsque cette enfant est née, ma famille vivait à Kasongolunda, dans la province du Bandundu, où il n’y avait aucune campagne de vaccination organisée pour les enfants. C’est avec retard que son père et moi avons remarqué qu’il développait déjà une paralysie des membres inférieurs. Et les médecins n’ont pu rien faire…», a-t-elle dit à IPS.