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-Claude Nsabiyuma s’est battu dans les rangs des rebelles du M23 en République démocratique du Congo. Mais aujourd’hui, interné dans un camp du Rwanda, ce Congolais de 20 ans dit avoir abandonné la guerre.
“On voulait la paix au Congo. Mes parents sont réfugiés au Rwanda, c’est pour cette raison que je suis allé dans la forêt” rejoindre le M23 dans l’est de la RDC, explique-t-il au camp de Ngoma, dans l’est du Rwanda.
“Mais je ne veux plus y retourner, car on a échoué. Je veux être paysan”, affirme-t-il, allongé sur un matelas posé à même le sol dans ce camp où environ 700 autres personnes ont été regroupées, toutes présentées par Kigali comme d’ex-membres du M23 partis de RDC pour le Rwanda voisin après avoir été mis en déroute par une faction rivale.
Désarmés par l’armée rwandaise, tous ont été internés dans ce camp aménagé spécialement pour eux dans un complexe de la police situé à une centaine de km de la capitale, qu’une délégation de diplomates et journalistes a été invitée à visiter.
Objectif des autorités rwandaises: démentir sur pièces le retour allégué en RDC d’un demi-millier de ces combattants du M23 réfugiés au Rwanda. “Pure invention”, assure la ministre rwandaise des Réfugiées et des situations de crise, Séraphine Mukantabana.
Le M23 est un mouvement de mutins qui combat l’armée congolaise depuis un an dans la riche province minière du Nord-Kivu (est de la RDC). Les Nations unies et Kinshasa accusent le Rwanda de soutenir les rebelles, ce que Kigali dément.
Tous les pensionnaires du camp de Ngoma jurent, eux, avoir abandonné définitivement les armes. Redevenir “civil”, voila le leitmotiv, répété aux visiteurs par les anciens rebelles, comme un refrain semblant parfois bien appris.
“Nous avons rejeté toutes les activités relatives aux combats” d’une manière “volontaire”, assure ainsi Jedephonse Hakizimana, 24 ans, qui se veut désormais “civil”. La dizaine de ses compagnons présents à ses côtés acquiesce.
D’ex-rebelles du M23 sont présentés à la presse le 16 mars 2013 dans un camp au Rwanda, non loin de la RDC © AFP Stephanie Aglietti |
Difficile d’en savoir plus. Flous sur les motivations les ayant poussés à rejoindre les rebelles, peu ont une idée précise de leur reconversion et de leur avenir. “On ne sait déjà pas ce que l’on va faire demain”, lâche l’un d’eux.
En attendant, ces ex-rebelles ayant terrorisé les populations de l’est de la RDC s’ennuient.
Ils vont et viennent librement dans le camp, gardé par un petit nombre de policiers militaires rwandais, et peuvent communiquer avec l’extérieur grâce aux téléphones portables. Mais les occupations sont rares.
Ils passent leur journée assis dans l’herbe, adossés au fin grillage de la clôture ou discutant debout par petits groupes.
Bientôt réfugiés ?
Les conditions de vie sont “bonnes”, reconnaît Jedephonse Hakizimana, tee-shirt brun rapiécé et cicatrice au coin de l’oeil, mais les journées sont longues: “on se lave là et on dort là, voilà”, explique-t-il, montrant sanitaires et dortoirs, où une trentaine d’hommes est censée s’entasser la nuit.
“On aimerait bien faire du sport mais ce n’est pas possible”, déplore-t-il.
Séraphine Mukantabana l’assure elle aussi: tous ceux présents dans le camp ont renoncé par écrit à leur statut de combattant. Pour preuve, une pile de “fiches de renoncement” nominatives dans un classeur, que la délégation est invitée à feuilleter.
Après deux à cinq mois d’internement, “ils seront libres. C’est-à-dire qu’ils pourront sortir d’ici au cas par cas” et demander à bénéficier du statut de réfugié au Rwanda, explique la ministre.
Costume noir flambant neuf, cravate et chaussures vernies, Jean-Marie Runiga, ancien chef politique du M23 et chef de la faction défaite, détonne au milieu de ses hommes.
Jusqu’à il y a quatre jours, il vivait dans une villa de Gisenyi, ville rwandaise frontalière de l’est de la RDC, dit-il, admettant avoir rejoint le camp pour lever les questions que suscitait son absence.
Il répète que ses hommes et lui ont “abandonné la lutte armée” mais affirme vouloir continuer le combat politique: “en RDC, je ferai toujours de la politique”, explique-t-il, bien qu’un retour y soit peu envisageable dans l’immédiat.
Il vit désormais dans une petite maison de brique à l’intérieur du camp.
Devant la presse et les diplomates, il n’oublie pas d’appeler le Conseil de sécurité de l’ONU à lever les sanctions (interdiction de voyager et gels des avoirs) qui continuent de peser sur lui et d’autres chefs du M23 ayant déposé les armes.
Source; AFP