– Des combats entre la rébellion du M23 et l’armée se poursuivaient mardi près de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, à la veille de la visite du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, mercredi à Kinshasa, première étape d’une tournée dans la région des Grands lacs.Les combats à l’arme lourde se déroulent à une dizaine de kilomètres de Goma, capitale de la province riche et instable du Nord-Kivu où Ban est attendu jeudi avec sa délégation. Selon le gouvernement congolais, les affrontements, qui ont éclaté lundi, ont déjà fait 19 morts et 27 blessés.
“Le bilan des combats de ce lundi 20 mai fait état de 15 éléments tués et 21 blessés lors des combats (…) parmi les pseudo-mutins du M23 tandis que les forces gouvernementales ont enregistré 4 morts et 6 blessés”, a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, au cours d’une conférence de presse à Kinshasa.
Le M23 a démenti ce bilan. Lundi, “deux officiers” des Forces armées de la RDC ont été tués et “plusieurs” militaires blessés, tandis que le M23 a recensé dans ses rangs “deux blessés seulement”, a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23.
Lambert Mende a confirmé que les combats – qui avaient fait plusieurs centaines de déplacés lundi, selon l’ONU – se poursuivaient mardi dans la même zone. Comme lundi, l’armée et le M23 s’accusent mutuellement d’avoir lancé les hostilités.
Des experts de l’ONU accusent le Rwanda et l’Ouganda de soutenir le M23, ce que ces deux voisins de la RDC réfutent. En vertu d’un accord-cadre de l’ONU signé fin février à Addis-Abeba, 11 pays africains, dont le Rwanda et l’Ouganda, s’engager à ne soutenir aucun groupe armé dans l’est congolais.
Mais M. Mende a affirmé que le M23 est soutenu par des “supplétifs étrangers” venus d’un pays qu’il n’a pas nommé, et que “des armes lourdes et plusieurs caisses de munitions en provenance de l’extérieur ont été récupérées dans deux positions avancées de l’ennemi passées sous contrôle des forces régulières”.
Le M23 a aussi démenti ces accusations.
Dans sa tournée, le secrétaire-général de l’ONU sera accompagné par le président de la Banque Mondiale, Jim Yong Kim, par Mary Robinson, envoyée spéciale des Nations Unies dans les Grands lacs et par Hervé Ladsous, chargé des opérations de maintien de la paix à l’ONU.
Cette visite dans la région des responsables des Nations unies et de la Banque mondiale intervient en plein déploiement à Goma de la brigade d’intervention de l’ONU, ayant pour mission de combattre et désarmer les groupes armés de l’est congolais – M23 en tête.
Cette brigade doit renforcer la Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco), forte de 17.000 hommes et chargée de la protection des civils. Dotée d’un mandat offensif, elle sera composée de 3.000 soldats tanzaniens, malawites et sud-africains.
“Vu ce qui se passe, je pense que nous devons accélérer le déploiement pour qu’ils soient pleinement à pied d’oeuvre le plus tôt possible”, a déclaré mardi Ban Ki-Moon depuis le Mozambique.
Un test et un signal du M23
“C’est un test et un signal”, a dit mardi à l’AFP un diplomate occidental. Le M23 veut ainsi éprouver l’armée gouvernementale et rappeler, avant que la brigade soit en place, qu’il a des capacités de nuisance, précise cette source.
Après Goma, Ban Ki-moon poursuivra sa tournée au Rwanda et en Ouganda. Ultime étape de son voyage: Addis-Abeba, siège de l’Union Africaine.
Présents depuis 1999 en RDC, les soldats des Nations Unies n’ont jamais réussi à imposer la paix dans l’est du pays, déstabilisé par les différents groupes armés qui y prolifèrent depuis les troubles qui ont suivi le génocide rwandais de 1994 et la chute du régime Mobutu en 1997.
Fin novembre 2012, le M23 avait occupé Goma une dizaine de jours, infligeant une humiliante défaite à l’armée gouvernementale soutenue par la Monusco. En février, Ban s’est personnellement investi dans la signature, difficile, de l’accord-cadre d’Addis Abeba.
Pour la RDC, cet accord est particulièrement contraignant et Ban qui doit rencontrer mercredi le président Joseph Kabila, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo et les présidents des deux assemblées devrait le leur rappeler.
Il prévoit une refonte des services de sécurité, une réorganisation de l’armée ou encore la décentralisation politique – sujet délicat dans l’est du pays, plus proche économiquement et sociologiquement des capitales voisines Kigali et Kampala que de Kinshasa.
Le président de la Banque Mondiale devrait, selon une source diplomatique, annoncer à l’occasion de cette visite un plan d’intégration régional de 1,2 milliard de dollars pour favoriser l’éradication des groupes armés – motivés essentiellement par le profit d’extractions minières artisanales, de coupes illégales de bois et de trafics en tous genres.
Avec AFP |