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RDC:50 années d’indépendance, où en sommes-nous ?


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Par Muissa-Camus © La Conscience

Flag_of_the_DRCongo2Depuis 1960, il y aura bientôt cinquante ans, que le Congo accédait à la souveraineté internationale, il est apparu que les dirigeants successifs de notre pays n’ont fait que participer avec enthousiasme à sa ruine, secondant des étrangers en leur prêtant main forte dans leur entreprise de prédation.

Au fil des années, la criminalisation de l’économie congolaise érigée en pratique institutionnelle, n’a fait qu’aggraver et précipiter notre descente aux enfers ! Au moment où nous nous apprêtons à vivre la commémoration de ce cinquantenaire avec l’installation du Commissariat Général du Cinquantenaire, nous avons jugé utile de dresser une rétrospective de ce demi-siècle de notre existence de pays indépendant, comparé aux quatre-vingts ans de l’époque coloniale.

Par des témoignages de faits vécus !

I. Hier, la Pax Belgica avec le bâton et la carotte coloniale… (Témoignage d’un « sujet » belge, appellation consacrée des indigènes du Congo-belge)

Léopoldville 26 décembre 1949

Dans la salle des fêtes du Collège St Joseph, à la Paroisse Ste Anne, le Père de la Kéthulle de Ryhove proclame les résultats des premiers collégiens d’Humanités commerciales du Congo-Belge et du Rwanda-Urundi. Nous sommes 13. La salle est comble. Aux premiers rangs, la brochette des dignitaires coloniaux (gouverneur de province de Léopoldville, vicaire apostolique de Léopoldville, le procureur du roi , le premier bourgmestre de la ville, les directeurs généraux d’entreprises…).

Je recevais ce soir-là mon diplôme de fin de cycle secondaire. Je terminais 5ème ex-aequo avec un ami, 72 % de points pour des cours portant sur l’histoire, la géographe, les sciences, les mathématiques, la littérature française, le néerlandais, la sténo-dactylographie.

Oui, la sténo-dactylographie, car à l’époque, c’était là le « laissez-passer d’élite » pour la vie d’auxiliaire de direction qui nous attendait. C’était la clef passe-partout dans la société des « évolués », les sages congolais « dressés » à l’école de la pax Belgica, Etat-Eglise, carotte-bâton, école-armée !

Nous étions parés pour l’aventure qui commençait avec la vie réglementée de la Pax Belgica

Parés pour la vie postscolaire, pour les contacts humains, avec les coloniaux avec les autres Congolais dans la vie professionnelle, la masse des analphabètes, les autorités, le chef de quartier, médaillé et casque colonial, le policier au fez rouge, le commissaire aux yeux verts de chat, l’administrateur de territoire, le « Monsieur Toujours Raison »…

La carotte coloniale

Avec mon brevet de « sténo-dactylo », 116 mots à la minute, un français parfait de Grévisse de 1941 à 1949, je découvrais cet « oasis de paix » au cœur de l’Afrique tant vantée par la Belgique. Je voulais la connaître à fond, la sillonner dans tous les sens et comparer si la « belle vie de Léo » chantée par Kallé Jeff, l’était aussi pour Stan (Stanleyville), E’ville (Elisabethville), Cost (Costermansville), Luluabourg, Coq, etc…

« La belle vie », parce que nous avions trois repas garantis. La chemise Arrow, le tissu fil à fil importé d’Angleterre, les chaussures d’Erembodegem qu’on achetait à crédit, toute une vie économique et harmonieuse.

Les salaires, l’approvisionnement en denrées alimentaires, les produits manufacturés, les crédits maisons « Fonds d’avance ou O.N.L. », des structures parfaitement huilées.

A l’école, des générations d’élèves trouvaient les mêmes manuels scolaires toute une décennie. A l’hôpital, on ne savait pas qu’il existait des ordonnances médicales, car chaque centre médical avait son armoire pleine de médicaments. Les femmes dites libres étaient recensées et devaient régulièrement passer au contrôle médical.

Une vie saine, dans des cités-jardins bien conçues, bien administrées, Léo, Stan, E’ville… Comme toutes les villes coloniales, la cité blanche d’une part, et la noire de l’autre côté, le bureau de l’administrateur territorial entre les deux, où il fallait étouffer les éclats de voix, en passant devant, sous peine d’arrestation, quatre coups de fouet, huit jours de prison…

Le 30 juin 1960, les deux discours qui ont tout déclenché ! La période coloniale belge devait se terminer le 30 juin 1960, sur une scène étonnante. Lors de la cérémonie de l’indépendance, on entendit successivement trois discours : celui du Roi des Belges, celui du chef de l’Etat congolais, M. Kasa-Vubu, et – surprenant tout le monde car, il n’était pas prévu au programme – un discours de Patrice Emery Lumumba. Rarement, au cours d’une cérémonie de ce genre, les notes furent aussi discordantes. Dans le discours du Roi s’exprimait une dernière fois, au moment où le drapeau belge allait cesser de flotter, la pure tradition coloniale de la Belgique, avec tout ce qu’elle comportait de satisfaction de soi. Le Premier ministre du nouvel Etat, quant à lui, courant délibérément à l’autre extrême, donnait libre cours, avec une outrance voulue, à toutes les inspirations de son nationalisme.

Les deux discours s’opposaient autant à propos de l’histoire qui venait de se faire qu’à propos du passé ancien. L’évocation du passé colonial se ramenait à un dialogue presque enfantin. Aux paroles du Roi, « Comme nous avons été bons ! Comme nous avons fait de belles choses ! », répondait la plainte, « Comme nous avons été opprimés » ! Comme nous avons souffert ! » C’était là le choc ! Le 30 juin 1960, le Congo devenait indépendant. Le 5 juillet, une mutinerie éclatait au sein de l’armée : c’était le début d’une décolonisation ratée !

Le Roi Baudouin, blessé dans son amour propre, rentrait humilié en Belgique.

Patrice Lumumba était assassiné le 17 janvier 1961. Le Congo basculait dans la tragédie : sécessions en cascade, guerres civiles, pillages des ressources naturelles.

Cinquante ans après cette décolonisation ratée, la République ne semble toujours pas sortie de l’ornière !

Les Congolais donnent toujours l’impression d’être incapables de se prendre en charge, incapables du moindre souffle mobilisateur, préférant privilégier la cueillette, manger aujourd’hui sans penser à demain. Très forts en palabre qui n’en finissent pas, ils laissent leur pays s’enfoncer chaque jour davantage dans le chaos, en espérant que, comme d’habitude, les partenaires de tous temps viennent à leur secours.

Dans tous les secteurs d’activités économico socioculturelles, le responsable congolais – sauf quelques rares exceptions près – donne toujours l’impression de quelqu’un de pressé pour amasser biens et fortune, comme si la fin du monde était pour le lendemain.

La RDC est potentiellement le pays le plus riche d’Afrique mais il n’a cessé de s’appauvrir, il dispose de fabuleuses ressources naturelles, cuivre, cobalt, or, diamant,… de sols fertiles, de l’énergie bon marché. Mais les infrastructures ne cessent de se dégrader. Aucun transport fluvial, ferroviaire, ou terrestre ne fonctionne vraiment. Au moment de l’indépendance, le Congo Belge se nourrissait et exportait des céréales . Aujourd’hui, le Congo tend la main pour survivre. La famine, la malnutrition et la mortalité infantiles atteignent des records…

Cette tragédie a un commun dénominateur, la corruption. Une corruption, moteur de fortune, d’une économie parallèle où les menus matabiches sont devenus les seuls moyens de doubler une économie officielle paralysée.

Et la conclusion de cette analyse qui vient du Président Kabila qui affirmait dans son discours d’investiture du 6 décembre 2006 :

« Il y a un fléau qui est à la base du ralentissement total de notre développement. Je veux parler de la corruption. La lutte contre la corruption sera également un des segments prioritaires de mon mandat. Car la corruption, qui est un profit illégal et individuel, porte atteinte à la crédibilité du Gouvernement et à la légitimité de la démocratie. Elle est aussi une autre forme de criminalité que je combattrai avec la dernière énergie.

L’Administration congolaise, jadis colonne vertébrale de l’Etat, n’existe maintenant que de nom. Sous mon impulsion, un travail rigoureux de réforme de cette Administration doit s’effectuer en même temps que le renforcement des capacités institutionnelles de l’Etat et des acteurs non étatiques pour, justement, s’attaquer aux causes profondes de la mauvaise gouvernance.

Ce travail gigantesque que les institutions de l’Etat doivent accomplir pour assainir les mœurs et changer les méthodes de travail, doit être appuyé par tous les Congolais de quelque bord qu’ils soient. C’est pourquoi, je réaffirme ici, le statut constitutionnel de l’opposition politique, qui doit jouer son rôle de contrepoids institutionnel, et j’ai foi en l’attitude responsable qu’elle affichera… »

Le cheminement chaotique du Congo-Zaïre depuis 1960

I. Le Congo-Zaïre de 1960 à 1996

La société congolaise de l’époque coloniale, c’était des Congolais « dressés à l’école de la Pax Belgica », la carotte avec des structures parfaitement huilées salaires indexés sur le coût de la vie, approvisionnements réguliers assurés, enseignement, habitat garanti, la dolce vita assurée ; le bâton, avec le Congo-belge ’empire du silence », pas de contacts avec l’extérieur, restriction de liberté de mouvement à l’intérieur du pays, répressions violentes du moindre mouvement de revendication sociale, couvre-feu perpétuel dans les villes…

L’éveil des consciences, à partir de 1956, à la suite de la conférence des non-alignés de Bandoeng, se manifestera par la publication du « Manifeste de Conscience Africaine » (dont un seul membre vit encore, M. Muissa-Camus, journaliste 78 ans). Ce document suggérait, pour la première fois, à l’autorité coloniale, de préparer l’élite congolaise à ses responsabilités futures pour prendre les rênes du pays en main !

Ce Manifeste qui répliquait au Plan de 30 ans proposé par le Pr. Van Bilsen pour la décolonisation du Congo-Belge, devait être le détonateur des velléités » d’indépendance manifestées par la suite par l’Abako et le Mouvement National Congolais.

Ce sera le déclenchement du processus en dents de scie qui aboutira à la table ronde de Bruxelles à l’indépendance (ratée) du 30 juin 1960 !

L’indépendance ratée et la tragédie congolaise

Le 30 juin 1960 la fête de la proclamation de l’indépendance du Congo se terminait sur un goût amer. Le discours paternaliste du roi Baudouin, et le discours extrémiste de Patrice Emery Lumumba s’opposaient autant à propos de l’histoire qui venait de se faire, qu’à propos du passé ancien. Le roi des Belges, blessé dans son amour propre, rentrait humilié en Belgique, et Lumumba signait ainsi son arrêt de mort.

L’avènement du Mobutisme

Dans le livre de Jean-Louis Remilleux, « Dignité pour l’Afrique », le jeune journaliste Joseph-Désiré Mobutu qui participa à la table ronde économique pour le compte du MNC-Lumumba, livre cette conclusion prémonitoire : … « Nous nous sommes fait rouler. Par une série d’astuces juridiques et techniques, nos interlocuteurs ont réussi à préserver entièrement la mainmise des multinationales et des capitalistes belges sur le porte-feuille congolais !…

On comprendra ainsi aisément, lorsqu’il devint chef de l’Etat congolais, que le président Mobutu finira par déclarer la « guerre » à la haute finance internationale. Une guerre d’usure de 32 ans, cadeau empoisonné hérité par Laurent Désiré Kabila par la suite !

Malgré les apparences d’un MPR rassembleur, pacificateur !

II. L’empreinte Kabiliste de 1997 à 2009

Le 27 mai 1997, Laurent Désiré Kabila prenait le pouvoir à Kinshasa. Et déjà, il annonçait ses couleurs avec le Message fondateur de ses Comités du Pouvoir Populaire qui « s’affranchissent du temps chronologique, pour s’installer dans le temps logique, pourvoyeur de certitudes anticipées ». Et pourtant depuis près de 40 ans, le Congo présente les traits d’un peuple tragiquement pauvre, vivant dans un pays aux richesses fabuleuses… !

L’Occident, à l’avènement de Laurent Désiré Kabila, conditionnait son aide à son régime (10 millions de dollars des USA, 26 millions de dollars de l’Union Européenne par an par le plan triennal), à condition qu’il arrête de flirter avec l’Iran, la Libye, la Corée du Nord, la Chine… !

Cela n’a pas été le cas avec l’intransigeant nationaliste LDK et on connaît la suite, bruits de coups d’Etat, rumeurs d’attaques possibles de la DSP, cour internationale pour les crimes contre l’humanité, la guerre d’agression de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, et enfin l’assassinat de LDK le 16 janvier 2001.

428 jours après que le Zaïre unifié de Mobutu ait été rayé de la carte d’Afrique, la RDC rebâtie par Laurent Désiré Kabila volait en éclats. Et un certain 26 janvier 2001, Joseph Kabila se retrouvait brusquement propulsé au-devant de l’actualité, en devenant le quatrième Président de la République Démocratique du Congo.

Il « montait sur ce trône », avec la détermination d’accepter tous les sacrifices, pour mettre fin à la guerre, et rétablir l’unité nationale, au prix d’un schéma insolite de 1+4, un schéma qui, sur le plan fonctionnel, diluait toute autorité. Sur le plan de l’éthique, ce système renforçait les anti-valeurs, du fait qu’il élevait à de hauts postes de responsabilité, des criminels qu’on récompensait de la sorte.

Aujourd’hui, la sécurité et la paix semblent revenir petit à petit, la reconstruction du pays se manifeste dans différents secteurs d’activités de la vie nationale, le pays se prépare lentement à de nouvelles joutes électorales qui se profilent à l’horizon… Mais, les zones d’ombres persistent dans le secteur minier ; toujours la gestion de l’administration, les forces de l’ordre, et surtout les pesanteurs qui entourent l’exécution des clauses de notre code d’investissement et qui font hésiter et retarder l’afflux de capitaux frais.

La RDC 2011, de quoi demain sera-t-il fait ?

A présent que les yeux sont tournés vers les prochaines échéances électorales, il convient que les ténors de la vie politique, économique, religieuse et socioculturelle de notre pays se démarquent de leurs vieux préjugés surannés, pour envisager un avenir responsable à tous points de vue, qui tende, enfin, à redonner à la RDC la place prépondérante qui corresponde, à son destin de grande nation et de grand peuple, au cœur du continent africain , sur l’échiquier mondial.

La RDC, à l’heure du cinquantenaire est à la croisée des chemins ! Les germes de la division et de la déliquescence socioculturelle sont encore nettement perceptibles dans notre société, toujours sur fond de contrôle de nos ressources minières et perceptibles dans notre société, toujours sur fond de contrôle de nos ressources minières et naturelles. Cela doit nous inciter à plus de discernement et de prudence dans le choix des options de base pour un développement harmonieux de la deuxième moitié de notre cheminement séculaire depuis 1960, lesquelles options doivent tourner autour des cinq fléaux récurrents de la société congolaise que sont :

1. Le Pouvoir et l’argent : Tant que les acteurs politiques estiment que la conquête du pouvoir, son exercice et sa conservation constituent l’essentiel des enjeux, le clientélisme politique, avec son lot d’intrigues, de débauchage, corruption, continuera à causer davantage des ravages.

2. Le Tribalisme : Considéré comme cheval de Troie pour l’accession au pouvoir, restera toujours un facteur de régression pour le peuple appelé à une participation effective dans la reconstruction nationale.

3. L’absence d’une Armée républicaine : En RDC, il y a des gens en tenue militaire, sans qu’ils soient militaires. C’est-à-dire des personnes sans formation militaire, sans éthique, sans discipline…Napoléon Bonaparte, le grand stratège militaire, disait que la plus grande immoralité dans la société, et surtout militaire, c’est de faire un métier qu’on ne connaît pas.

4. La corruption dans l’Administration publique : Il est hors de doute que le fonctionnaire congolais, face à la maigreur salariale, est devenu très perméable à la corruption. Plus que la preste hier, et le sida aujourd’hui, la corruption tue.

Pour parler clairement, en détournant à leur profit l’argent public, en méprisant au-delà de toute décence l’intérêt général, de nombreux fonctionnaires favorisent, parfois sans le vouloir, l’accroissement de la misère dans laquelle croupit la masse de leurs compatriotes.

5. La bonne gouvernance : En 49 ans d’indépendance, notre pays a connu 20 ans de transition politique, avec les 8 textes constitutionnels qui l’ont gouverné : la loi fondamentale du 19 mai 1960, la constitution de Luluabourg du 1er Août 1964, la constitution du MPR Parti-Etat du 24 juin 1967, les actes constitutionnels des 2 avril 1993 et 9 avril 1994 ; le décret-loi de Laurent Désiré Kabila du 27 mai 1997, la constitution du 4 avril 2003, et la constitution du 18 février 2006.

De cette politico-constitutionnelle abondante, médiocre et extravertie, on retiendra que, fondamentalement, c’est la volonté de s’assurer une sécurité au pouvoir qui a toujours prévalu dans l’élaboration des textes constitutionnels. Avec la mise en place des institutions démocratiques, croyez-vous que la RDC sera épargnée de ces tentatives de pérennisation inconstitutionnelle du pouvoir ?

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